EDC de 3165

Un appartement... Ce trou sordide. J'aurais pas du écouter ce type à l'agence immobilière, je me souviens encore ;

"... Vous verrez, le quartier paie pas de mine mais les voisins sont charmants. Il est meublé et il y a un digicode à la porte, comme ça vous pourrez y laisser vos petites affaires en sécurité ! Vraiment, faites moi confiance, pour 100 crédits par jour, vous faites une excellente affaire ! » Sur ce, il me raccompagne à la porte et me laisse un papier crasseux dans la main avec six chiffres inscrits ; un sésame pour une nouvelle vie ?

Les voisins... Des petits dealers de carbons, les murs suintent l'humidité et pour tout mobilier, une plante verte ! Les rues sont désertes... Même mes voisins n'osent pas y mettre les pieds !

Je rasais les murs pour aller bosser à deux rues de là, au technopôle de l'Opus Caelum. Un job de stagiaire, des journées à assembler des pièces, sans trop savoir à quoi elles allaient servir. Des locaux déserts, des collègues qui vous adressent à peine la parole, les yeux rivés sur l'écran de leur console. Un décor chic et des fauteuils confortables pour une clientèle « haut de gamme », mais tout y faisait toc ; des ficus synthétiques au vendeur avec sa tocante en or plaqué et son sourire commercial à deux crédits.

Le trou, j'avais finalement décidé de ne plus y mettre les pieds ; une plante en pot à l'abri d'une porte gardée par un digicode à six chiffres. Comme mes collègues, je restais dormir au boulot, prétextant avoir un travail urgent à finir pour le lendemain. Une pile de feuilles format A4 comme matelas et le ronronnement familier du photocopieur pour berceuse.

Et puis, les réunions au CIPE... Je n'y allais même pas pour trouver un travail ; finalement, j'aurais pu me contenter de mon job de stagiaire. Mais, les chercheurs d'emploi, les yeux hagards devant les panneaux d'affichage et les écrans des terminaux, les rixes autour d'un annonce sous le regard sévère des vigiles, les types affalés sur les chaises, parce qu'on y est mieux que dans la rue... Le CIPE, il me semblait que c'était le seul endroit vivant de Dreadcast !