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EDC de 23910

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Cacher

9/3) Révélation: Chevauchée sauvage sur le dos griffu de la réalité.

Les deux amies arrivèrent enfin à l'hopital, après s'être un peu égarées.
Esmeralda tenait toujours Krix_Thuil par la main, ne la lâchant pas d'une semelle.
Elle était nerveuse.
Elles entrèrent dans l'édifice désert, arpentant les couloirs du vaste bâtiment.
Enfin Krix s'immobilisa dans une pièce assez grande, encombrée de matériel médical.
Elle lâcha la main de La_cubaine, et se dirigea vers une table d'opération équipée de tout un matériel très sophistiqué.
Il y avait plusieurs tables identiques dans le laboratoire, munies de terminaux.
Krix alluma les terminaux, mit en route les installations.
"Le matériel est fonctionnel. c'est parfait. Installe toi sur cette table."
Elle désigna une table d'opération à la cubaine. Le plan de table était en verre épais, et contenait tout un système compliqué, prévu pour permettre l'analyse complète des patients. Elle était suffisamment grande pour être utilisée avec n'importe quel individu, quelle que soit sa race.
Ce n'était pas seulement une table d'opération, mais un outil d'analyses très complexe.
Esmeralda se déshabilla, et s'allongea dessus, confiante en son amie.
"Je vais juste procéder à des tests, ne n'inquiète pas."
Krix Thuil, qui décidément avait plus d'une corde à son arc, commença à s'affairer derrière les terminaux.
La cubaine était suffisamment expérimentée en médecine, pour se rendre compte que son amie était plus que compétente.
Elle œuvrait en véritable professionnelle.
Décidément, cette simple serveuse du Requiem for a drink était bien surprenante.
La cubaine se demanda comment ça se faisait qu'elle n'était que serveuse dans un bar.
Mais elle se disait aussi que serveuse dans un bar comme le requiem, c'était un poste qui était aussi important qu'un poste de chirurgien.
La cubaine appréciait ce coté chez Krix, sa modestie, sa simplicité.
Elle était finalement un mystère, cette kobolde.
Oui. Un mystère...
De plus en plus, elle se rendait compte d'une chose: comme elle la connaissait mal...
Au bout de longues minutes, qui semblèrent interminables à la cubaine, Krix lança l'édition des résultats d'analyse.
Elle prit les résultats de scanners, les radios, regarda les graphiques, les chiffres imprimés.
"Et bien, ma belle, c'est parfait.Tout est normal, c'est vraiment excellent!"
La cubaine sourit.
"Ah oui?"
Krix Thuil, regardant toujours les résultats qu'elle avait sous les yeux, confirma.
"Oui oui, les radios et scann sont impeccables, les courbes sont parfaites, tu possèdes un corps vraiment remarquable. Il est parfait."
Krix fronça les sourcils. Quelque chose semblait la tracasser.
"En fait, c'est presque trop parfait. Oui... Trop parfait."
Le sourire de la cubaine se figea, et fit place à l'inquiétude.
Krix continuait de regarder les résultats, légèrement soucieuse.
"Laisse moi refaire une série d'analyses."
Krix Thuil continua donc de s'affairer, appuyant sur des boutons, appliquant des électrodes sur les tempes de la cubaine, ainsi que sur ses bras, son torse...
Elle passa derrière un terminal, lançant une autre série d'analyses. La cubaine était passée au crible par les appareils sophistiqués, de la tête aux pieds.
La pièce baignait dans la lueur des écrans de contrôle. Elle était aussi balayée régulièrement par les lumières vertes provenant de la table.
Un faible éclairage, mais suffisant, éclairait aussi la pièce.
Le temps n'en finissait pas de s'écouler.
La cubaine ne bougeait pas, et attendait dans l'angoisse que tout ça se termine.
Enfin, son amie lui dit que c'était fini. Elle retira les électrodes, et lui dit de se rhabiller, ce qu'elle fit.
Krix regarda longtemps les écrans, lut et analysa les nouveaux résultats, et se tourna enfin vers la cubaine, silencieuse.
Une armoire électrique ronronnait sourdement, dans la pièce, mais rien d'autre. Ce silence était pesant. Oppressant.
Krix regarda la cubaine, hésitante.
Elle hésitait. Oui.
Devait-elle lui dire la vérité, ou lui mentir?
La cubaine la regardait dans les yeux.
Des secondes passèrent, le temps semblait s'être arrêté.
A cet instant, il lui avait suffi de croiser le regard de la kobolde pour connaitre la vérité.
La vérité, au fond, elle la savait déjà.
Mais elle ne voulait toujours pas la regarder en face.
"Et bien, Esmeralda, tu es vraiment un être parfait.
Est-ce si important pour toi de savoir ce que tu es? ça compte vraiment? ça changera quelque chose?"
La cubaine la regarda. Une ombre se profilait. Elle refusait encore de voir les choses en face.
Elle savait déjà, mais répondit:
"Oui. La cubaine veut savoir."
"Tu es la cubaine. Une fille superbe. Un être unique, apprécié et aimée de tous. Le reste n'a pas d'importance."
Krix Thuil n'arrivait pas à se résoudre à lâcher la vérité. Elle avait un très mauvais pressentiment.
La cubaine continuait de scruter son amie, elle était de plus en plus angoissée.
"toua gentil, Krix. toua tré gentil... Dir la vérité la cubaine. La cubaine veut savoir."
Un ange passe. Les secondes s'égrainent. L’atmosphère devient pesante. Krix Hésite longtemps, puis elle se jette à l'eau.
La cubaine n'est pas une idiote.
Elle est déterminée, cette fille. Quand elle a une idée en tête, elle va jusqu'au bout.
Elle le saura, de toutes façons.
"Tu n'es pas exactement une androïde. Tu est une androïde, mais très sophistiquée, perfectionnée. Tu es presque comme une humaine. Mais tu n'est pas humaine. Tu as été... créée. fabriquée en laboratoire."
La vérité tombait.
Comme une bombe.
Spoiler (Afficher)
petite musique d'ambiance pour la suite du texte:
"Mais tu es toi, la cubaine, une fille extra! Tes amis t'aiment, c'est ce qui compte!..."
La cubaine n'écoutait plus la fin de la phrase. Elle n'écoutait plus rien.
Soudain, elle comprenait pourquoi elle avait toujours communiqué si facilement avec les terminaux, avec les machines, avec son deck.
La réponse était si simple.
Elle était elle même.... Une machine.
Le temps s'arrête. Il n'existe plus.
Une vague noire submerge tout son être.
"tout le monde t'aime, Esmeralda, on t'aime comme tu es, ça ne change rien, ce que tu es vraiment. ça n'a pas d'importance."
Krix Thuil regarde la cubaine, qui se met à pleurer.
Se larmes coulent dans un flot continu. Elles coulent, et coulent encore.
Krix la regarde dans les yeux, et ce qu'elle y voit n'est que terreur et désolation.
La cubaine est partie, loin.
Elle semble subir un terrible choc.
Un choc titanesque.
Elle s'est penchée au dessus de l' abyme, pour voir ce qu'il y avait au fond.
Et elle y est projetée.
La chute est vertigineuse. Le sol se dérobe sous ses pieds. Elle tombe, tombe, sans fin.
Elle sombre dans le néant.
Krix Thuil serre la cubaine dans ses bras, pour tenter de la réconforter. Mais on ne peut secourir ce qui n'est plus là.
La cubaine glisse entre ses doigts impuissants, et s'effondre sur le sol.
Krix se met à genoux, la prend encore dans ses bras, essaye encore de la consoler.
La cubaine est en proie à une crise terrible. Elle se met à trembler, prise de convulsions.
Elle pleure, hoquette. Elle regarde encore Krix,
qu'elle ne voit plus.
Un voile noir a recouvert ses yeux.
La terreur absolue s'est emparé d'elle. Elle... n'existe pas. Elle sombre dans le néant.
Krix est impuissante. Bon sang...Qu'a-t-elle fait.
Mais comment pouvait-elle prévoir ça... la réaction de la cubaine, la réaction de...
la réplicante.
La cubaine n'arrive plus à respirer, le souffle coupé, par un uppercut mental.
Elle souffre.
Son âme souffre. Son âme?
Elle n'a pas d'âme.
Pourtant elle reçoit comme une décharge de 20 000 volts.
Krix est capturée par ce regard torturé, le regard d'une damnée jetée dans les flammes de l'enfer.
Krix ne se rend plus compte de ce qui l'entoure. Elle n'arrive plus à se détacher de ces yeux hallucinés, ces yeux qui voient un autre monde, qui voient l'outre tombe.
La cubaine expulse hors de son corps, pris de violents spasmes, des ondes magnétiques, des décharges électromagnétiques totalement désordonnées.
C'est comme si le choc venait de créer en elle une sorte de pouvoir psychique.
Quelque chose est en train de se déchainer dans son être. Et cette chose est hors de contrôle.
L'armoire électrique se met à bourdonner plus fort.
Il y a des chutes de tension, les moniteurs scintillent, comme s'ils allaient griller d'un moment à l'autre.
L'atmosphère se charge d'électricité.
La cubaine est au sol.
Ses doigts se crispent, grattent le carrelage blanc.
Elle voudrait s'enfoncer sous terre, disparaitre. Mais il n'y a d'échappatoire. Ses ongles se cassent.
Elle subit le viol psychique de son âme inexistante.
C'est indescriptible.
Comme projetée dans un gouffre sans fond, elle est sauvagement profanée par des entités ignobles et abjectes, qui lui hurlent des insanités.
Ils sont assoiffés de sang et de chair fraiche.
Pendant qu'ils la violent, ils plantent leurs crocs dans ses bras, ses jambes.
La cubaine est dévorée, déchiquetée, écartelée vive.
Mais elle ne meurt pas. Comment le pourrait-elle. Elle n'est pas vivante.
Elle hurle. Tout son être révolté vomit un hurlement contre la réalité insoutenable.
Krix Thuil la tient dans ses bras, la regarde hurler. Mais elle ne l'entend pas.
C'est un cri silencieux. Un cri inaudible.
Un cri venu du tréfonds de l'âme.
La cubaine vit une atrocité, un cauchemar dont elle ne parvient pas à s'éveiller.
Elle hurle, hurle, et hurle encore sans fin, en proie à une souffrance indicible.
Le cri ne peut sortir. Elle ne respire plus.
Krix pleure, la serre dans ses bras. Elle ne sait que faire.
"Nooon ! Ne meurs pas! Ne pars pas! Reste avec nous! Esmeralda! Accroche toi à la vie!"
La kobolde est terrorisée par ce qu'elle voit, elle est ... abasourdie.
Esmeralda se remet alors à respirer faiblement, bruyamment . L'a-t-elle entendue?
De nouveau, l'air s'engouffre dans ses poumons, douloureusement, produisant un atroce sifflement.
Elle respire comme une asthmatique, comme si elle venait de naître.
Elle parvient enfin à extraire un son de sa gorge nouée.
Une plainte.
Elle tousse, manque encore de s'étouffer, rampe sur le sol dur et froid, se traine jusqu'à un angle de sa cellule.
Elle est rattrapée par la gardienne, qui la poursuit.
Non.
Ce n'est pas une gardienne. c'est Krix.
C'est l'hôpital. Elle est à l'hôpital avec Krix.
Krix Thuil. Son amie / bourreau.
Krix la prend dans ses bras.
La cubaine la regarde, d'un regard vide, et incompréhensif.
Qui est-elle? Que fait-elle ici? Peu à peu, elle reprend son souffle.
Son rythme cardiaque repasse à la normale, peu à peu.
Elle se calme.
Elle entend comme une petite mélodie, dans sa tête, qui la berce.
Comme une mélodie, sortie d'une boite à musique d'enfant.
Elle se balance d'avant en arrière, pendant que son amie la berce doucement dans ses bras, et lui parle doucement.
Esmeralda reste silencieuse, le regard vide, perdu dans le lointain.
Quelque chose s'est brisé en elle.

A jamais?
Citation:
La plupart des gens ne veulent pas connaitre la réalité.
On dit souvent, dans notre vie, qu'on voudrait savoir, connaitre la vérité absolue, répondre à toutes les questions.
C'est faux.
La réalité est souvent bien plus simple qu'on ne voudrait le croire.
Et on refuse de la voir, car elle est peut-être bien... terrifiante.
Anonyme

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