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EDC de 16725

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La petite feuille dorée.

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Nuit du 6/232.3.
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Le lieu est froid lorsqu'elle y entre pour la énième fois. Compter les années, mais ne plus compter ceux qui partent. Un peu différent cependant, pour une fois. Elle s'approche, la démarche lente, le visage caché par ses boucles et le regard traître camouflé derrière sa casquette. Elle glisse au sol, contre une nouvelle cuve. Jamais la sienne, toujours celle des autres, qui rendent petit à petit son cœur presque aussi froid que la glace. Presque.
Elle sort un livre, l'ouvre, et relit la première page, recouverte d'une écriture qui n'est pas la sienne. Ses doigts effleurent les mots, comme si, par une magie soudaine, ils allaient s'animer, ou mieux, la faire revivre. Mais rien de tout cela, le Centre est silencieux comme la mort. Elle tourne sans un bruit la page, et commence à écrire à son tour des mots, comme ils viennent.
Peur, tourment, besoin. Elle cherche encore..
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« Tu as souris. Ton dernier sourire avant la glace qui t'emprisonne à présent face à moi. Et malgré ton immobilisme on ne peut plus froid, j'ai l'impression que tu souris encore, comme si tu étais entrée dans ce bac à glaçon sereine, ce que tu n'étais probablement plus depuis un bon petit moment.
Je me suis dit que si je venais t'annoncer que j'étais de nouveau avec ton père, tu serais heureuse, toi qui attendais ça depuis longtemps, toi qui savais. Et j'ai vu ce bonheur dans tes yeux, dans tes gestes, lorsque tu as sauté de ce tabouret de bar pour afficher ta joie, oubliant le lieu, les clients autour, jusqu'à te rendre compte. Je t'ai vu l'espace d'un instant retrouver cette innocence de ceux qui débarquent à peine, qui ne savent pas alors ce qui les attend ici. L'espace de quelques secondes, le déco a changé, et j'ai eu l'impression de voir une autre Hemilly, plus lointaine, mais plus vivante aussi. Tes sourires ne cachaient pas encore les souffrances du cœur et de l'esprit.
Le pire dans tout ça, c'est que dans une naïveté absolue, j'ai cru que tout rentrerait dans l'ordre, comme avant, comme si je n'avais pas fait cette erreur qui t'avait blessée. Mais au fond, en te voyant ici, je ne peux m'empêcher de me dire qu'il y a quelque chose que j'ai raté pour que tu en arrives là à présent. Et le pire, c'est de ne pas trouver ce qu'il manquait pour que tu restes avec nous.. »

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Les yeux devenus blancs de la Mauve se tourne vers son communicateur, resté allumé sur un message d'au revoir, et non d'adieu, comme la gynoïde y tenait tant. Son écriture reprend alors.
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« Je ne t'en veux pas, Hemilly. Tu me connais, je ne peux pas. Par contre, pour ce qui est de ne pas en vouloir à moi-même, tu sais parfaitement que je ne peux pas te le promettre, c'est plus fort que moi. Je sais très bien que tu ne m'as prévenue qu'au dernier moment, pour que je ne puisse pas te raisonner, pas t'en empêcher. Pour que j'arrive trop tard, quoi que je fasse. Tu avais absolument tout prévu.. Mais depuis combien de temps Hemilly ?
Je suis allée cherché ce que tu m'avais demandé, et j'ai regardé ton enregistrement. Merci, pour tout ça, toutes ces images, toute ta franchise. Les souvenirs me font mal, mais je ne les oublie pas. Il restera ces moments passés avec toi dans ma mémoire, les bons comme les mauvais, les sérieux, comme ceux que l'on prenait un peu plus à la légère. La moindre de nos discussions, de nos sourires, francs ou imposteurs, et ces moments de moi que tu n'aurais jamais du voir. J'ai regardé tes souvenirs, nos souvenirs, en boucle, toute la nuit à côté de toi. Ils sont ancrés..
Abraham s'est endormi là, près de ta cuve. Il était déjà sur place quand je suis arrivée. J'ai essayé de le consoler autant que je pouvais, mais on était quasiment dans le même état. Je te promets, j'ai essayé, faire taire les cris intérieurs, mais on a vu mieux je crois. Il s'en veut d'avoir passé si peu de temps avec toi, depuis son propre retour de cryo. On dirait que l'on s'en veut tous, pour des raisons différentes, même si tu nous as demandé le contraire, c'est probablement la seule de tes paroles que l'on ne pourra pas honorer.
Et, je te l'ai dit, j'ai tout avouer à ton père pour.. tu sais. On en a reparlé aujourd'hui. Rassure-toi, il ne t'en veut pas. Mais il s'en veut, maintenant. Je me dis que, si je dois mentir une nouvelle fois, il va falloir m'effacer la mémoire ensuite, que je n'aille pas tout fracasser après quelques années. Tu aurais été là, quelque chose me dit que tu aurais pu m'en empêcher. Mais ton immobilisme de glace me tue à petit feu. »

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Nouvelle inspiration, elle commence à manquer d'air. La main tremble, le cœur aussi, l'esprit suivra, lentement. L'antidote est glacé, il faut attendre, et trouver un substitut, pour le moment. Surtout, ne pas regarder les mots qui viennent d'être écrit, au risque de trop dériver cette fois.
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« Pourtant, je ne suis pas seule. On n'est jamais seul, de toute façon, dans cette Cité. Jamais vraiment. Ton père ne dit pas grand chose, pour ne pas flancher. Il a raison, tu reviendras, tu nous l'as dit, il ne sert à rien de se morfondre, juste attendre, patiemment, ton retour.
Certains s'inquiètent, je crois. Ils ont peut-être raison. Je n'ai jamais parlé fixement à un buste aussi immobile que toi dans sa version de métal, dans un bâtiment vide de bruit et de présence, avec uniquement ma voix suppliant, espérant, comme s'il était humain, comme si j'avais essayé vainement de prier sans savoir ce que c'était. Je n'ai jamais crié de désespoir pour personne, jusqu'à présent, non plus. L'impression qu'il y a un écho, dans ce Centre lugubre, qui se répercute sur les cuves pour persister inlassablement, me rappelant ma détresse de cette nuit-là. J'espère qu'Abraham ne dira rien et qu'il oubliera ça.
Mais ils sont là. Ella essaie de me faire voir le bon côté des choses, les bons souvenirs qui me sont douloureux malgré tout parce que tu n'es plus là. Mais je m'efforce de sourire. Le Pitre a essayé aussi, il a accouru. Lui avait les mots, tu te souviens ? Il les as toujours, un peu trop même, et j'ai chuté lentement, un instant pour déborder. Mais il aura été là, comme toujours. Puis Child, ton père, m'aide aussi, en me faisant penser à autre chose. Nous en avons besoin, tous les deux, parce qu'on ne sait que trop bien le vide que tu laisses, le silence qui plane. Mais il sait me faire oublier, comme avant. Tu peux être heureuse, là où tu es, Hemilly.. Emy, enfin, aussi. La première à être venue vers moi, la dernière que j'aurais vue cependant. Le toit, plusieurs cycles, comme d'habitude. On a vu le jour se lever, du moins comme on peut le voir à Dreadcast. Elle m'a rendu ma bague, un jour, je t'expliquerais peut-être son histoire. On a un peu parlé de toi aussi, mais pas trop, comme si c'était le sujet à éviter alors que j'ai l'impression d'avoir besoin de parler de toi à tout le monde et n'importe qui. C'est fou, il a fallu que tu disparaisses pour qu'on se revoit.. »

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L'Outrilienne s'arrête d'écrire sur le livre laissé par sa fille, renfermant un enregistrement qui lui aura chamboulé le cœur. Le bouquin encore ouvert sur les genoux, le dos contre une cuve aussi froide que sa peau.
Dans sa main droite, un petit objet de couleur dorée, métallique, fabriqué quelques jours plus tôt dans l'optique de lui offrir. Si l'on regarde de plus près, on distingue alors la forme de l'objet, qui représente, assez grossièrement certes, une feuille. Un sourire rempli de mélancolie apparaît sur son visage, sa voix résonnant un peu dans le silence du Centre.
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- Elle était pour toi, cette feuille. La seule de toutes celles que j'ai fait faire, qui est dorée. Et tu sais pourquoi ? Parce que tu détiens le cœur encore plus qu'un amant.
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Un nouveau regard vers la gynoïde glacée, une façade de sourire, c'est ainsi qu'elle dresse le masque. « Qu'est-ce qui se cache derrière votre masque ? » avait-il demandé. Elle, le savait.
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Elle regarda les feuilles sur lesquelles elle avait balancé ses mots, et, avec un sourire plus franc, mais moins large, elle arracha les pages qu'elle avait recouverte de son écriture, avant de se tourner vers Hemilly.
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- Tu n'as pas à connaître certains détails d'aujourd'hui, Hemilly..
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Elle fourra les feuilles dans sa poche, trop d'elle dans l'encre pour les déchirer, et sorti du Centre, le cœur serré, pour retrouver le monde des masques auquel elle appartenait encore, non sans attendre le retour de celle qui savait ôté le sien avant qu'elle s'en rende compte.
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Spoiler (Afficher)
Je radote, mais, évidemment, texte subjectif inutilisable IG.
Sauf, éventuellement, pour ceux qui pourraient trouver ces feuilles, ce qui est difficile.

◊ Commentaires

  • Hemilly~37023 (37☆) Le 25 Juin 2013
    C'est pas cool je pleure comme une madeleine maintenant T-T... Vous me manquez tous c'est juste affreux...