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EDC de 16725

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Nous y sommes.

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Nuit du 1/229.3.
Les rencontres, ça se fait n'importe où. Sur un lieu de travail, dans une boutique, dans la rue. A l'Académie. Tout ce qu'il y a de plus banal, en somme. Mais qui l'aurait cru.
Personne. Tout le monde.
Il fallait que je donne de mon temps. Cela devenait une obsession. Faire quelque chose, n'importe quoi. Vaincre l'immobilisme qui ronge, qui tiraille. Entraîner des jeunes qui étaient là pour ça. Donner du temps.
Pourquoi elle, là, maintenant, comme ça ?
« Arrête de te poser des questions... »
Entraînement bénéfique, probablement. Ce que nous ignorions, c'est qu'il ne le serait que temporairement. Si peu, si éphémère...
Et le temps a voulu que. Devant un verre, l'on dit des choses que l’on ne dirait peut-être pas en temps normal. Ou bien était-ce toi. Il y a peut-être plus de chances que ce soit ça, au fond.
De légers sourires, tu as même réussi à m'arracher un ou deux rires. Des couleurs qui défilent devant les yeux. Miroir. Des points communs, un peu.
Tu m'as demandé pourquoi j'étais venue ici, je ne t'ai répondu qu'à moitié. Ce qui faisait le moins mal sur l'instant. Pourtant, quelque chose me dit que tu aurais compris. Mais le temps nous le dira. Le temps...
Tu forces ma mémoire à se souvenir de choses sur lesquelles je pensais avoir tiré un trait. Elles étaient si peu nombreuses. Tu m'as montré que je n'avais jamais véritablement réussi. Tu m'as montré des choses que je ne voulais pas m'avouer. Et tu l'ignores... Un jour peut-être, mais pas tout de suite.
- Tu as déjà vu la ville sous un autre angle ?
Avais-je seulement déjà réellement vu la ville ?
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Nous y sommes.

Confiance. Je t'ai suivi. L'adresse m'échappe déjà, mais mes yeux se souviennent. L'ascenseur, et puis le toit. La ville sous deux corps minuscules à côté de l'immensité. Des étincelles dans le regard qui valaient bien toutes les lumières du secteur qui s'étalaient face à nous. Un pas, deux pas, près du bord, nos jambes pendant dans le vide, ayant perdu son caractère effrayant.
- Tout est toujours question de point de vue.
A quel point tu avais raison, nom d'un écureuil. Et le temps filait, l'on avait l'impression que la nuit était à nous, au-dessus de tout.
- Et le vent, c'est les autres..
Paroles, échange. Non, c’était plus que des paroles, au fond. Il y avait autre chose. Sans savoir réellement quoi, là encore. Mais parfois, ne pas savoir n’est plus si horrible que ça.
- Ca dépend. Mais oui, ils sont un peu comme le vent, au fond. Ils soulèvent quelque chose, te font frissonner parfois, froids. Mais éphémères pourtant. Le vent est toujours de passage.
Etait-il seulement possible que l’on soit à ce point sur la même longueur d’onde sur tant de choses ? Sur le coup, je ne me suis pas posée la question. Pour quoi faire ? Il y a des instants que l’on apprécie avant qu’ils ne filent.
Et celui-ci a filé.
Un message de Jurachi d’abord, nous intimant de nous bouger gentiment les fesses pour venir aider au Militarium. Puis Rei, de façon un peu moins brusque peut-être.
Tu n’y étais jamais allée, je m’étais refusée cela en me pensant incapable de faire ça à ceux qui vivaient d’où je venais. Nous y sommes allées cependant, comme de concert. Comme si c’était écrit, comme si, ce soir-là en particulier, il fallait le faire. Et nous l’avons fait.
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Nous y sommes.

Le Militarium. Un digicode, et on file vers la salle Ouest, déjà bien remplie. Perdues, nos regards cherchent. Et s’accrochent à Rei, qui est là. Qui vivra avec nous cette soirée comme nous n’en avions probablement jamais vécu encore. Pas de cette façon.
Savions-nous ? Pas exactement non, l’issue n’est connue qu’une fois qu’elle existe. Mais l’on s’en doutait, au fond. Pourtant, l’on avait pianoté, comme les autres, pour défendre. Nous défendre, défendre le secteur. N’importe quoi, mais défendre quelque chose.
Le temps filait. Long, s’étirant comme si le bout du fil était de l’autre côté du SAS. Et il l’était, justement. La fatigue me rongeait, mais la peur nous maintenait toutes éveillées. Une première fois, adrénaline inhabituelle. J’ai vu ton visage se décomposer face à ce petit appareil maudit. Mauvaise nouvelle, forcément, et la soirée allait en être remplie, à ce rythme-là. Un nom, inconnu pour moi, était apparu là où il ne fallait pas, et j’avais l’impression que tu mourais déjà lentement avant même que l’on ait porté une arme sur toi. L’on avait porté un coup, quasi-mortel, sur celle que tu es. Je crois que j’ai souffert pour toi sans même comprendre ce qu’il se passait.
Le temps filait peut-être, mais nous en manquions, atrocement. Calculer son coefficient, compter, estimer, savoir, comprendre. Tout se basculait. La peur grignotait des parts de nous que l’on ne soupçonnait peut-être même pas. L’on apprend des autres lorsqu’ils sont eux-mêmes, et quoi de mieux qu’une peur qui tiraille, pour ça ?
Et le stress monte.
- Huit.
Pourquoi avoir peur de mourir si l’on est éternel ? Où réside la logique dans un tel fait ? Une réminiscence lointaine du corps et de l’esprit ? Cela semble tellement impossible, et pourtant, la peur est là, grande, monstrueuse.
« Ils passeront, mais les soldats tiendront le digicode. »
Même pas.
- Trois. On est foutus.
Et malgré ça, tu m’as arraché un sourire, à entendre tes idées de meurtre dans un moment pareil. Comme si tuer quelqu’un d’autre que nous, ne serait-ce que par la pensée, nous permettait de ne pas prendre les jambes à notre cou.
« Nevaeh. Calmez-vous deux secondes. »
- Deux…
On tremble. Je sers mon trench contre ma peau gelée depuis quelques jours. Gelée de l’intérieur. La peur n’arrange rien. Cette frayeur nous lie pourtant, à cet instant. Oui, on va mourir, c’est certain. L’espoir nous a quitté, mais on est toujours là. Pourquoi ?
« Tu poses trop de questions… »
Comme toujours. Et j’ai parié des bottes sur notre survie. Pari noir. Et j’y ai cru, quand l’on m’a dit que l’on tiendrait des heures. Mais qui aurait pu prévoir que ce serait si facile pour eux.
Etat de crise.
Alors, les visages sont apparus. C’était notre fin, et leur intrusion. Skara, Jack, pas de parfaits inconnus, mais pas de parfaits connus non plus.
Et toi, au milieu.
Pourquoi ? Maintenant, j’y pense. Sur l’instant, ça a été autre chose.
Je t’ai vue te lever, te poster face à lui. Un premier coup. Adrénaline. Le froid avait disparu miraculeusement, ma peau était chaude, alors qu’on fracassait ton corps.
« J’ai essayé, je te promets… »
Mais peut-être y avais-tu réfléchis pendant tout ce temps. Peut-être que tu ne t’étais pas installée au sol par hasard. Pourquoi…
Et j’ai échoué. Je n’ai pas réussi à t’éviter la cuve. Alors qu’on m’a épargné. Stupide, cela n’a aucun sens. Genoux au sol, sonnée.
- J’ai pas envie de te tuer petite.
Se relever, et filer. Le Centre de Clonage. Avec un peu de chance, malchance, tu ne seras pas encore sortie. J’attends un moment, avant de me rendre à l’évidence.
Ce soir, les choses ont changés.
Et j’ai alors l’impression que les murs de ce Centre lugubre, qui recrache l’immortalité par des cuves, me renvoient l’écho de ta voix.
- Je ne me suis pas présentée. Emy Tyr. Enchantée.
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Inutilisable IG, sauf pour les concernés, savent qui savent, tout ça tout ça.

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