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EDC de øctavie~64245

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Biscotte à l’eau de vie

Biscotte à l’eau de vie

Ambiance


Le bouleversement d’un univers clos et singulier peut faire des ravages à celui qui n’y prend pas garde et ne s’en prémunit pas. Mais cet émoi ne s’attache qu’à l’accessoire, qu’à l’insupportable dénouement aux yeux de ce cénacle, d’un drame noué, à travers une destinée où un homme amoureux sacrifia toute son énergie à une femme capricieuse et secrète. Pour ceux qui n’appartiennent pas à ce vase clos et qui ont eu vent de cette affaire, il ne s’agit que d’une anecdote, une excentricité à ajouter à la panoplie de ces 2 protagonistes.


Cette histoire est, en apparence et en vérité, d’une confondante banalité, tout dépend du regard que l’on pose sur les gens, sur les choses, sur les destinées. Le fruit défendu où un goût délicieux, savouré en silence... Que tout ait été vécu n’atténuera jamais ni la joie ni la souffrance d’un être. Nous sommes tous des faits divers…


D’abord, elle lui avait murmuré, un soir : « Je t’aime ». Il l’avait serrée contre lui, pour faire croire qu’il était heureux ; mais il était inquiet et avait peur. Il devinait l’enchainement logique de cette déclaration qui, tôt ou tard, tournerait en sommation : « Je t’aimerai tant que tu pourras m’étonner. Mon amour est entre tes mains ». Il aura fallu pas loin de 4 années… pendant lesquelles il s’était ingénié à demeurer le plus attentionné des hommes, là où le jetait la passion exigeante de sa femme. Jamais il n’avait songé à lui renvoyer l’argument, il devinait que c’eût été idiot. Chacun de ses mots, de ses gestes lui faisait comprendre, depuis leur rencontre, que le plus étonnant qu’il pouvait attendre d’elle était qu’elle restât avec lui. C’était ainsi.



Il savait que des couples s’aimaient de concert, en partage, sans condition, sans marché, que certains y trouvaient du bonheur, certains de l’ennui ; il savait que d’autres, hommes et femmes, étaient dans son cas, qui tous ne se plaignaient pas de cette infériorité et de cette menace constante qui, sans doute, donnaient à leurs yeux tout son sel à leur passion. Il ne discutait pas et ne pouvait dire s’il souffrait vraiment. Il aimait sa femme parce que, se disait il quand il essayait de se trouver une raison d’apaiser une blessure nouvelle, elle était splendide, à la fois glacée et brûlante, imprévisible, parce que les gens se retournaient sur eux, parce que, peut être, durant ces quelques années où, chaque jour, il avait dû accomplir des exploits pour la conserver, elle avait respecté son rôle et ses répliques : elle l’avait aimé, à sa manière certes, mais exclusivement. Cette fidélité, qui ne laissait pas de surprendre les incrédules, moquant chez lui une soumission qui ne pouvait qu’être synonyme d’infortunes conjugales, cette fidélité seule, finalement, changeait son abaissement en victoire. Même si tous les matins, il lui fallait se souvenir que ce triomphe ne tenait qu’à un fil sur lequel, inlassablement, il devait accomplir des prouesses pour maintenir son bonheur en équilibre.


Øctavie était la témoin impuissante du drame qui se déroulait sous ses yeux tout comme elle l’avait été pour celui de son père. Elle préféra ne pas y prendre part jugeant que la faute était partagée.


Durant des jours, et sans doute pour concentrer son esprit ailleurs pour ne pas sombrer dans la folie plus encore, il se consacra à la création, une autre passion qu’il partageait avec sa soeur. Il conservait là, le contrôle et s’évertuait à concevoir un modèle unique, riche en technologie et utile au secteur. De son coté, øctavie travaillait fébrilement pour l’aider, sans relâche, du soir au matin, hurlant de joie ou de rage au gré des étapes.


Pour la première fois depuis son mariage, il se sentit devenir jaloux. Il se demandait, dès qu’il interrompait sa tâche, ce que sa femme faisait à cet instant, avec qui elle pouvait se trouver. Il la soupçonnait, mais refusait de la faire surveiller, ce qui ne pouvait qu’accroître sa suspicion. Il dormait mal. Øctavie s’inquiétait : lui qui, jusque là, s’était toujours amusé en travaillant, s’énervait, tempêtait. Fréquemment, le matin, on le retrouvait endormi dans l’atelier, sur des plans. Mais le prototype, lentement, prenait forme.


Il mit tout son génie dans la conception du moteur, qu’il voulait imbattable, et dans celle de la carrosserie. Il parvint à mettre au point un moteur d’une puissance jusqu’alors inégalée. Placé à l’avant du véhicule, ce moteur laissait échapper de la tôle huit tubes chromés de chaque côté. La ligne était elle aussi complètement originale : large à la hauteur de l’habitacle, resserrée vers l’avant et l’arrière. Les courbes se mariaient aux angles avec une audace exceptionnelle.


Enfin, après tant de souffrances et de joies, d’échecs et de réussites, il estima que le prototype était prêt pour être fabriqué. Les tâches furent réparties entre les techniciens et tout le monde s’activa.


C’est à ce moment là que l’épouse choisit de rompre l’union, anéantissant des jours d’efforts et d’incompréhensions.


Le temps passe, et nous sommes blessés, nous saignons, nous guérissons, nous cicatrisons, mais cela ne s'efface jamais.
Nous le portons avec nous, et nul clonage ne saurait l'effacer, pour le meilleur et pour le pire.
Mais que le temps passe et fasse son office, tant que nous sommes là, veut dire que nous vivons, nous évoluons, et que de ce qui meurt... Naîtra peut-être à nouveau.



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Carnet de bord
08 Mai 2017
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