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Quoti'd'naine : l'écho de la pluie

Ambiance de pluie
La pluie n'était désormais réduite qu'à l'état de gouttelettes acides, l'aspersion que les habitants du secteur Marran connaissaient depuis toujours. « La crise pluviale », « Viridi Luminaria », « La tempête radioactive », « L'attaque des skwizés », « Les jours de la Faim », autant de mots qui ne suffisaient finalement pas à qualifier les événements cryptiques que DreadCast venait de surmonter.
Mara rédigeait la chronique historique de ces événements à la lueur des concentrés de farin qui jonchaient son petit bureau. L’appartement était spacieux pour les nains, pour la plèbe grande comme une courge il s'agissait surtout d'un piège à coin de table dans le genou. L'antique ordinateur posé sur le bureau fut bidouillé pour l'occasion, la naine l'avait connecté à ses lunettes cyber 2.0 pour consulter in situ l'enregistrement du cyberoeil d'un témoin.
Son témoignage de la horde luminescente était limpide, elle voulait faire un rapide montage pour l'intégrer à la chronique holographique.
***
L'Ambassade, la pluie acide. Le point de vue met mal à l'aise Mara : le type est un grand vautour. Sensation de vertiges.
Il regarde en hauteur, le sommet du bâtiment ou peut-être les nuages.
Son regard descend ensuite sur une masse luminescente habillée de guenilles sales, de cosmos troués, de semelles arrachées, blessée par les brûlures des cellules laser, les doigts arrachés par des cracheurs, les côtes transpercées par des carreaux d'arbalète et la peau rongée par la pluie.
Rien ne pouvait arrêter la horde.
Elle fonça droit sur Mara, la masse de gueules se déformant, vociférante d'une faim insatiable.
Ses yeux tournèrent à l'opposé de l'Ambassade, vers un horizon plus dégagé, un point de fuite, l'ultime salut de la survie.
Les tremblements qui trahissaient le regard témoignaient d'une course rapide, mais le regard bascula finalement dans une sorte de tonneau quelques secondes après : le témoin venait de tomber.
Les ombres de ses poursuivants finiront par la rattraper, elle le savait.
Le témoin le lui avait dit.
***
Mara arracha les lunettes de son nez et les jeta sur le tas de capsules farin. L'écho de la pluie, lointain, se fit de plus en plus fort. Retour à la réalité. L'ordinateur informa dans un bip sonore que la retransmission holographique était terminée. Les cyberlunettes se mirent alors automatiquement en veille.
J'ai b'soin d'une putain d'pause.
Ses doigts saisirent une à une les capsules farin pour les ranger précieusement à l'intérieur de sa valise HD, elle vérifia une dernière fois les protocoles de verrouillage en terminant son cafey froid, puis la déposa proche de l'entrée de son appartement.
Elle alluma ensuite un encens-champi sur la table basse en verre qui jouxtait la baie vitrée et glissa une caducée saturée sous sa langue. Le produit, de la taille d'un ongle d'Outrilien, ne tarda pas à faire effet : Mara était à nouveau transportée dans cet autre univers, cet univers chimique où la drogue tisse doucement des connexions neurales et chatouille les synapses, jouant les mentors de la médecine.
À tout à l'heure réalité, là on va faire de la SCIENCE.
Tu pourrais sniffer du tétroxyde d'osmium pour t'éclater un peu, c'est juste mortel.
Une odeur épouvantable assaillit la naine qui n'en avait cure, lovée contre le coussin de son fauteuil, les yeux dans l'horizon brumeux par delà la baie vitrée. Elle s'était habituée à ces irruptions sensorielles, elles étaient là pour lui apprendre. Bon, en l’occurrence il ne fallait pas respirer cette merde.

Ses pensées s'organisaient autour des personnes qu'elle aimerait bien tenir entre ses bras comme son coussin, mais parfois cela dérivait et elle étouffait quelqu'un avec ce coussin.

Sniffer du tétroxyde d'osmium, c'est juste mortel.
Elle frotta sa tête contre le coussin, ses tempes bourdonnèrent doucement et sa peau s'hérissa.

L'odeur disparut au bout de quelques minutes.
Le tétroxyde d'osmium c'est juste mortel.
Elle réarrangea ses cheveux en se relevant, ses pensées avec. Elle était prête à sortir. Combien de temps était-elle restée dans cet état là ? Tout juste une heure, ça va.

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