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Quoti'd'naine : les puces de l'AITL

Son estomac n'était que la caricature d'une centrifugeuse chaotique.
Le caisson cryogénique s'était ouvert sur le monde toxique qu'elle avait quitté une vingtaine d'années plus tôt. Pourquoi? Son esprit embrumé ne chercha pas à se torturer avec cette question. Elle attendra bien la première décharge de saccharine, le gras saturé de la tourte à l’écureuil et l’éthanol de la pixelienne à l’Impasse. D’après un couple de flics qui l'ont prise en pitié à la sortie du centre par ses jambes à peine capables de la porter, cet endroit existait toujours.
Abritée sous son parapactum, elle entama une longue marche vers l’est. L’halo blanc dégagé par le manche du dispositif mettait en valeur les déchets qui traînaient ça et là dans la rue. La propreté de la ville relevait toujours de l’affaire de tous, surtout des fouilleurs en quête d’un kit à recycler pour laisser derrière eux cette vie de charognard. Mara considéra alors la tête de pelle qui dépassait de son sac znonix, insigne de fonction d’une vie dévouée à l'extérieur. De l'autre côté des filtres à air des habitations individuelles de luxe.
Elle s’engouffra dans le T-cast comme si elle y avait été appelée dès lors que les vérins du caisson cryogénique avaient couiné. Marcher à tout vent ou se téléporter quelques minutes à peine après ce réveil brutal, c’était choisir entre le verre de magnésium et celui de sodium.
Une fois de l’autre côté, le voile cryogénique qui l’obligeait à déambuler comme si elle était soumise à un protocole de routine commença à se dissiper. La vue d’un être artificiel derrière le comptoir de l’Impasse provoqua une stimulation sans précédent depuis des années. Les saveurs d’autrefois et les textures d’une nourriture bon marché dans sa bouche permirent un retour lent à la réalité.
Le pétillant d’une pixelienne acheva de lui donner suffisamment de ressources pour télécharger de quoi définitivement s’ancrer dans la réalité : réaliser une transaction qui valait le coup. N’importe laquelle. Le flic qu’elle avait croisé tantôt se séparait de quelques babioles pour un prix cassé. Elle avait trouvé sa forme éthérée grande et elfique. Elle ne pouvait pas passer à côté d’une occasion pareille. Toutes les conditions étaient réunies.
Elle trouva la transaction gênante : l’homme lui avait passé une main dans les cheveux – un truc qu’font toujours les grands cons aux gens plus p’tits qu’eux – comme si elle était son jouet. Elle voulut alors savoir si le pistaclou, fournit en rabais, était capable de lui clouer la bite sur le sol lissé d’Armacham Financial. Le percuteur frappa finalement à vide, l’opportun lui avait fait un prix sur un outil qui ne fut jamais approvisionné en clou. Elle le laissa là, à sa stupéfaction et regagna l’unique appartement qu’elle s’était gardé en basse-ville avant de se cryogéniser.
L’objet de son déplacement, une boîte à outils dont les kits ne fonctionnaient qu’en contact du génome gobelin, reposait sur la table basse de salon. Elle la considéra longuement avant qu’un message ne surgisse du deck silmerion sanglé à son avant-bras. Apparemment il y avait encore des nains en ville, compagnons génétiques solidaires, toujours prêts à rendre service à leur semblable. Il lui offrit un nom et une recommandation, après quoi elle coupa le signal.
Soixante dans ma poche si je retire le kit gobelin. elle vérifia le prix qu’elle avait négocié avec le flic Ça m’fait la boîte avec un kit d’concepteur pour trente.
Pas mal, pensa-t’elle.
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Merci – par ordre d’apparition – à Yuh, Slytia et Grimdur pour ce réveil.

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