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Bienvenue en Marran !

Comment se passe votre insertion ? Pas trop difficile ?


L'elfe cligna des yeux, perplexe. Par où commencer ? Cette question foutait encore plus le bordel dans sa tête où c'était déjà le merdier, de base. Inspirer profondément, commencer par le commencement.

Si c’était difficile ? Non. La liste des choses étaient simples : être sage, répondre à des questions, visiter la Prison du Secteur Un, répondre à d’autres questions, rencontrer des gens…
Tiens d’ailleurs. Normal qu’il ai croisé plus de monde en Prison en deux jours qu’en tout Orion en trois ans ? Pas sûr, inhabituel, franchement déroutant. Pour le rebz sauvage et associable qu’il était, tant de monde, ça avait de quoi rendre fou. Heureusement qu’il n’était pas venu tout seul. Il y avait une constante dans tout cette merde, c’était déjà ça.

Donc après rencontrer des gens… Ah oui. Encore des questions. Puis ensuite, t’as le droit de sortir. Pour aller recto dans une planque d’où tu reste à te morfondre tant que t’as pas changé ta puce et ouvert ton compte en banque.
Parlons en de ça. Ouvrir un compte en banque il voulait bien mais comment tu fais quand tous les DG de banque roupillent comme des Beaux au Smog Dormant ? Bin tu poireaute. Tu regrettes pas nan, parce qu’au moins ici t’as des trucs à faire, même si c’est poireauter après des ronfleurs. C’est déjà mieux qu’avant.

Bref ensuite… Ensuite tu peux sortir. Youpi. Et là… Tu commence le processus pour devenir Civis. Et là… C’est l’apocalypse.

Il faut… Répondre à des questions - ils aiment bien ça en Marran, cherche pas à comprendre -, passer des diplômes - au moins deux qu’ils disent -, glaner trente concentrés farins -la vache - et faire deux stages en organisations ou annexes impériales - ça c’est cool, surtout quand t’es accepté où tu voulais -. Et répondre encore à des questions.

Et puis là, ça t’explose à la gueule, les cursus d’apprentissage, les propositions d’activité sur l’AITL, les gens dans les bars… Yen a de partout. Pas moyen de coller tes deux neurones dans la même direction. Faut penser à tout. Un vrai agenda de Legatus, à la limite, il te faudrait un Notarius rien qu’à toi.
Par contre, interdit de bosser. Stages non rémunérés. Ton seul revenu, ce sont les concentrés que tu mets cinquante ans à trouver vu que le secteur est en rade vingt-quatre cycles sur vingt-quatre. Donc t’apprends à te nourrir de smog et de vodcast fraîche. C’est moins cher que l’eau.

Ah et puis on en parle aussi du prix des choses ? Tu dois hypothéquer un bras pour te payer un steak dans ce secteur, la logique. T’as intérêt d’apprendre à recoudre tes fringues parce que tu vas les porter un moment, vu que le moindre slip te coûte deux jours de glane intensive ou presque.
Faudra pas lésiner sur le déo pour cacher l’odeur de pas neuf qui émane de tes frusques - que tu laves pourtant, t’es pas si mal élevé que ça -.

Mais est-ce que c’est dur ? Est-ce que tu regrettes ? La réponse est limpide et clignotes en rouge dans ton cerveau bordélique, qui a pas l’habitude de tourner à mille à l’heure.

Non ç'va. J’suis content d’être ici.


Et c'est marrant parce que la réponse change pas, même après trois cuves.

Ah oui parce qu'en trois ans en Orion, pas un seul pépin. Le jour de son départ le type se paie une cuve parce qu'il a joué à cache-cache de trop près avec un rat des ST. Forcément il a perdu. Bref, dernier souvenir du Secteur Trois ? L'odeur du centre de clonage : un mélange d'huile siliconée et d'urine, la classe.

Après une heptade tranquilou en Marran, à vivre ta vie sans faire chier personne, on vient te trouer le clone en plein sommeil pour "Le Culte du Grand Rat" en t'intimidant au passage par com pour tenter de te piquer du pognon que t'as pas.

Et le clou du spectacle, le tout beau tout frais Résident sort pour faire son boulot et glaner, donc, et voilà que deux types viennent l'accoster.
Le premier il le connait, il a échangé deux trois mots - polis, commencez pas à imaginer une baston - en Prison avec. Puis la veille l'elfe balance fièrement qu'il est toujours aussi pauvre qu'une heptade plus tôt, au passage du prêtre du Rat de son cul, et qu'il pourrait se faire racketter qu'il aurait toujours rien à donner.
Bin c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Et ah que coucou, voilà Balèze Numéro Un et Balèze Numéro Deux qui déboulent. Donc petite discussion, l'elfe qui dit que non il donnera pas son fut' et sa veste, qu'il a pas une thune sur lui et qu'il préfère la cuve à ce qu'on voit son slip en pleine rue.

La conclusion ? Bienvenue en Marran, pour fêter votre fin de Transfuge, deux cuves offertes, la troisième sera aussi gratuite ! Que de générosité !

Si seulement. Non en plus tu rajoutes à ça que la mort de l'elfe fragile a servit de point de départ à une guerre de rue organisée entre flics et gangsters et c'est le pompon.
Heureusement, après sa déposition, ça en restera là. Qu'est-ce qu'il y a d'intéressant à détailler la vie d'un Résident en carton ? Rien, même les gangsters s'en sont rendu compte.
A noter : le centre de clonage sur Secteur Un pue pas l'urine, lui. Ou moins, du coup.

J'ai appris ce qui s'était passé. Ça va aller ?

V'z'en faites pas. L'cuves ça m'fait pas peur.

Me voilà rassurée.


Mouais. Bienvenue en Marran quoi. De l'action, de l'activité, du fun pour tous !

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