EDC de Kiruko

Le clone cogite, une Gitane pincée entre le majeur et l'index. Les semelles de ses baskets auréolent la table basse, repoussant avec peine la pénombre de la salle commune. La veilleuse s'est éteinte depuis un moment déjà, sans qu'il ne s'en rende compte. Le CH est assez calme ces derniers jours. Autant que l’androïde figée en face de lui. Ça fait quoi... quatre, cinq jours qu'elle est là ? On lui a parlé de la sélection. On n'y croit pas vraiment au début, on hoche la tête pour bien faire. Mais la réalité nous rattrape toujours trop vite. Thallys ne lésine pas, ça c'est clair. Elle dégueule les NAs à la chaine, en espérant sans doute que quelques-uns subsistent plus de quelques heures, plus de quelques jours ? Ou est-ce autre chose... L'humain porte la clope à ses lèvres, tête basculée en arrière, avachi sur son assise. Kiru lève le nez vers le Smog, pensées frivoles. Les dernières paroles du banquier reviennent à l’assaut, bien décidées à perturber son errance. La dernière moustache d’Orion n’est plus… L’humain se pose sur le perron, abattu, Gitane éjectée d’un écrin froissé. Serait-il devenu le responsable d’un drame sectoriel ? Serait-il devenu le bourreau d’un plaisir coupable ? Le jeune rebelle n’arrivait pas à se souvenir de l’expression de son interlocuteur à l’évocation de cette fameuse moustache. La pierre roule plusieurs fois avant que le combustible daigne s’embraser, éclairant brièvement son visage. Puis, peut-on vraiment qualifier ce qui surplombe ses lèvres de moustache ? Un duvet, tout au plus ? Une pulpe vient caresser sa lippe supérieure, poils malingres ployant sous le doigt. Mais à quoi bon culpabiliser ? N’était-ce pas, après tout, qu’un trait d’humour de Thallys. Une volonté de relancer une mode ? L’homme déplie sa carcasse, mégot jeté dans le caniveau avant remonter la rue vers le T-Cast.