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EDC de Callian~48825

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Puisse cette lame vous purifier

Secondes... Minutes... Cycles... Heptades... Le temps ici n'est rien que la répétition monotone des murs gris, du sol crasseux, de la lumière blême des néons.

Assise. Je suis assise en train de me tenir les côtes. Putain, que ça fait mal. Rien à voir avec la fièvre du combat, cette adrénaline qui vous porte jusqu'à oublier chaque extrémité nerveuse vous constituant. Vous frappez, à en perdre toute matérialité. Mais recevoir un direct en plein estomac, parce qu'on a eu l'intelligence de surnommer le Geôlier "Du con", après avoir été mise K.O par la frappe massive d'un orc, ouais... c'est pas pareil je vous assure.
C'était pas ma meilleure idée, je l'admets volontiers. Mais que je me désape pour enfiler de mon gré cette hideuse combinaison orange ? Sur l'instant, ça m'a paru la seule chose à dire :

Maintenant déshabillez-vous et enfilez la combinaison.
C'est ça du con. Là tu peux aller te faire voir.
Pardon, vous m'avez appelé comment Hostis ?
Je t'ai appelé 'du con' ça manque certes d'élégance mais bizarrement, me faire mettre les menottes aux poignets, ça me met de mauvais poil.

Ok, oui vous avez raison, j'ai été plus brillante que ça. Maintenant, je suis au mitard. C'est moche et ça pue, je me retrouve moitié à poil, sans mes frusques, sans mes flingues, sans mon deck. Sans rien. C'est ce qu'ils veulent me signifier. Ici, je ne suis rien. Ou plutôt je suis l'étranger en ces lieux, l'ennemi, l'Hostis. Qu'ils aillent tous se faire foutre !

***

Secondes... Minutes... Cycles... Heptades... Le temps ici n'est rien que la répétition de l'ennui, de la peur et de la déraison.

Je fais les cent pas depuis mon réveil. Parce qu'il faut bien réagir, ne pas laisser la peur s'engouffrer. Jamais. Le Geôlier entre, je l'entends et ne me retourne pas. Je ne veux pas qu'il ait la satisfaction de voir mon visage se contracter. Laisser le temps à mon coeur de battre moins vite. De me calmer. De recouvrer ce que je sais le mieux faire. Celui qui a oublié ce que c'était, je lui rappelle que c'est causer. Je blablate ou jacasse comme dit Tharios, oui c'est le nom du Geôlier, bien mieux que je ne me bats au final. Et surtout ici, j'ai de quoi cracher mes pensées, vomir ma haine de ce sol et de ses gens.
Il aurait pu juste me balancer ma combinaison et refermer la porte. Mais il me laisse discourir. Peut-être que cela l'amuse. Peut-être que mes motivations l'intriguent. Peut-être qu'il passe juste le temps et après tout, qu'importe. On m'a peut-être ôté mes fringues mais ma langue est suffisamment acérée pour assurer ma survie. Ne pas tourner la carte et juste frapper ou m'effondrer :

Elle est calmée l'elfette ?
Crois-tu donc qu'une petite cellule étriquée puisse étrangler la rage ?
Ce n'est que la conséquence de vos actes.
Ce n'est que la conséquence de votre système déviant.

La joute débute aussitôt tandis que nous nous jaugeons longuement. Celui que j'ai pris pour une simple brute épaisse semble vouloir jouer avec moi, contredire les arguments, parer les habiletés du langage, opposer froide logique contre idéal enflammé.
Secondes... Minutes... Cycles... Heptades... Le temps ici est maintenant la succession étonnante d'idées, de mots, de pensées et de contradictions.

Je ne veux pas lui laisser une seule chance de me briser. Il ne m'aura pas avec son jugement hautain du SR. Il dit que nous ne faisons que tuer notre prochain, il nous réduit à la bestialité inhérente à la nature humaine, oubliant la contrition, oubliant le combat, oubliant la liberté qui nous meut. Il croit que nous ne sommes que la dérive d'une dissidence anti-système, que si l'empire tombait, nous disparaîtrions ou nous opposerions alors au système suivant, par besoin maladif de sans cesse contredire. Il dit et croit beaucoup de choses, il juge et tranche, comme il tranchera ma tête, comme il jugera mes actes, mais il se trompe. Et c'est mon rôle d'éclairer son égarement :

La rébellion est une force, une voie, un Idéal comprenez-vous ? Elle est vouée à vivre au delà de tous les empires.
À recouvrer ce que humanité veut dire. À donner les clefs à ceux qui veulent savoir.

Un idéal éphémère...

Il voudrait bien croire que nous serons soufflés par les années... Secondes... Minutes... Cycles... Heptades... Le temps chez moi renforce chaque jour ma détermination, à rêver et à être, à continuer de combattre les ennemis de la liberté que nous avons mis tant de sang à fantasmer.
Alors rêve à ton tour impérial, de notre fin, de notre chute. Le réveil ne pourra être que brutal.
Je sais que je ne peux espérer le convaincre mais combattre ses idées c'est tout ce que j'ai. Entre ces quatre murs, je ne me suis jamais sentie aussi libre qu'aujourd'hui, car ils sont tous auprès de moi. Celui à la détermination sans faille et aux écailles si douces. Celle aux mots enivrants, aux yeux captivants. Celui à la balafre, celui qui éduqua. Celui qui donna tout pour créer ce que nous sommes, père... Jamais je n'oublierai de chercher dans les endroits les plus sombres le visage de mon père. Il peut bien le dénigrer, il peut bien l'attaquer. Rien ne peut entraver la révolte d'un homme qui rêve un ailleurs pour ses frères :

Les idées seules comptent. Pas l'homme qui les porte.
Si surtout s'il en est l'instigateur.
Condamnez-vous donc des idéaux dès lors que celui qui les a, revêt des faiblesses ?
Ses idéaux, non, sauf s'il a tout inventé, qu'il a jamais cru à ses propres créations.
Et s'il ne se trompe pas, pourrez-vous continuer à servir cet Empire ? Ce qu'il est alors devenu ?

Le goût de la joute nous rattrape. Secondes... Minutes... Cycles... Heptades... Le temps se fait verbe, noue conversation qui s'égraine. Des mots avoués, des mots gravés.
Quoique je fasse, je ne sortirai pas indemne de ces lieux. Déjà parce que j'y perdrai la tête, au sens propre, mais aussi parce que pour la première fois, je peux mettre un visage sur ce que nous combattons. Et ce visage est semblable au mien. Il n'a rien de monstrueux. Il n'a rien d'imbécile. L'esprit semble droit, seulement floué par de trop belles paroles. Mais c'est ce qu'il pense du mien... Alors nous sommes dans une impasse, qui se termine sur des demis sourires.

***

Hostis, il est l'heure.

Voix désincarnée pour oeuvre de boucher. Je ne lutte pas, j'irai dignement, sans en moins penser. Il m'accorde dernières paroles sur fond de dernière écoute. Notre soif n'est pas repue, nous avons échoué l'un et l'autre à nous convaincre. Et nous ne sommes guère certains en cette minute de vouloir nous vaincre.

Nous sommes faits de la même force de convictions, des convictions opposées certes.
Bien dommage.
Il ne tient qu'à vous de revenir en SR.
Ou a vous de rejoindre l'Empire. Vous savez, l'Empire pardonne si on fait acte de rédemption. N'oubliez jamais cela , si un jour vous doutez de votre cause.
Nous savons tous les deux que nous ne pouvons justement nous permettre le doute. Il n'y a pas d'entre deux dans nos combats respectifs.

Est-ce un échec, est-ce une victoire ? Ce qui est sûr c'est que voilà bien un sentiment insatisfaisant. Il tient la lame, je suis à genoux, la mort me servira de guide jusqu'à la cuve. Jusqu'à chez moi. Et pourtant, je ne peux m'empêcher de penser que j'aurais dû réussir. Mais il semblerait que ce ne sera guère pour cette fois. Mon corps se tend, soumission désagréable d'un seul instant. Je demeure droite tandis qu'il débite sa sentence, avant de débiter ma tête :

Pour la Rebellion. Pour la Lame Sanglante.
En accord avec la chambre des lois et la prison impériale, vous êtes condamnée à la peine capitale. Puisse cette lame vous purifier.

Secondes... Minutes... Cycles... Heptades... Le temps sonne et résonne en harmoniques stridentes. Implacable.

La peur de l'instant m'étrangle jusqu'à ce que je retourne à ce rien qu'on rêve tant, ici, que j'incarne. Et dans le sifflement de la lame, je crois entendre : "À la prochaine, Hostis Callian."
La mort m'étreint mais je crois que je souris. Au milieu des muscles et des os tranchés, c'est la liberté qui m'appelle. Car même entre ces murs, elle n'a pu m'être ôtée. Jamais.

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Encore merci pour ce RP, que j'ai joué avec plaisir.
Inutilisable IG, vous connaissez la musique.

Informations sur l'article

Ombre
20 Septembre 2014
1308√  15 2

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◊ Commentaires

  • Tharios (11☆) Le 23 Septembre 2014
    Quand tu veux, tu reviens.
    Un plaisir d'avoir pu rôler avec toi