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Des mots
Te lire. Voilà qui m'a manqué. Aujourd'hui, j'ai décidé de t'écrire. Pas seulement quelques mots comme à l'habitude, mais une véritable lettre. Je ne sais pas encore si je te l'enverrai. C'est ce qui est bien dans les lettres n'est-ce pas ? Ce qui relève du caractère doucereux de l'intime. Chaque jour, tes mots m'ouvrent des infinis et je sais qu'aujourd'hui mes yeux les reflètent. Une myriade d'étoiles qui parcourent tes iris sombres, portes sur l'âme mais aussi sur les entrailles du secteur.
Il y en a des mots/maux par ici. Souffrances, colères, conjugaison des deux. Les objets se déchirent, les individus se démembrent. L'unité rêvée dis-moi, est-elle encore possible ? Je le crois pourtant, car parfois elle semble si proche. Est-ce parce qu'elle est chimérique que nous nous y accrochons jusqu'à nous écorcher les mains de trop fouiller, gratter. Et sentir l'air, enfin, absorbé goulument comme une goulée nécessaire. Repartir ensuite, avec de nouveaux mots en poche, de nouvelles idées, une ferveur aussi violente que les déceptions passées.
J'ai décidé de ne plus m'entraver. Parler, penser, laisser les plumes férir ou caresser peaux décharnées. Ce secteur est malade mais la plume est l'antidote. Entassons donc encore les mo(r)ts et sur cet amoncellement de cadavres, sachons toujours recouvrer notre héritage. Celui que tu dévoiles est comme nous, virulent, désespéré mais aussi plein d'espoirs murmurés. Les mots excaveront bientôt les vérités oubliées, et j'espère, oui j'espère vraiment qu'ils inspireront les esprits, aspireront les doutes, feront lien quand tout oppose.
Et si ce n'est pas pour cette fois dis-moi ? Eh bien nous repartirons, abîmées mais entières, pour tracer lettres de sang sur les avenirs possibles.
Conjuguons ma belle, conjuguons, vite ou lentement. Et s'il ne nous reste que nos silences, rendues aphones d'avoir trop parlé, trop espéré, savourons les aussi. Car parfois, quand les mots s'éparpillent, l'apaisement choit au coeur de celui qui se tait.
Silençons donc à quatre mains et à deux bouches. Mais jamais, jamais, la censure n'abattra son masque mortifère sur nos visages.
Informations sur l'article
Ombre
03 Septembre 2014
1004√
7☆
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EveR~4918 (1732☆) Le 04 Septembre 2014
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