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EDC de Callian~48825

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La promesse des lendemains

À qui parlais-tu ?
Le regard perdu dans les flammes, je scrute et bavasse. Les ombres dans lesquelles j'aimerais tellement me brûler m'appellent tandis que je raconte ma journée et mes projets. La grande salle est si vide et je ne compte plus le temps qui s'égraine lentement jusqu'à ce que la haute silhouette apparaisse, me forçant à sortir de mon monologue qui aujourd'hui n'était pas intérieur. Il est là, parce que je lui ai demandé de venir. Maintenant que j'y pense, jamais il ne m'abandonne. À peine sortie des glaces qui ont essayé de m'étouffer, je l'avais lui, tandis que je vociférais, titubante et moitié folle.
Pourtant, j'essaye d'esquiver la question. Je ne sais pas trop pourquoi. Il m'a déjà vu tenir des propos encore plus incohérents que ceux-là. Mais lorsque je parle à mon mentor, j'ai la certitude intime de ne pas délirer. La question est réitérée, son esprit rationnel demande réponse tandis que le mien se terre dans une confortable langueur depuis bien longtemps. Mais face à lui, je ne sais pas mentir, alors je lui raconte ce que je fais là, ce que je ressens, je lui brosse le portrait d'un être qui n'est plus que fantasmé, chimérique, avec toute la ferveur que je peux mettre dans cet exercice.
Il devait être doué en tout cas.
Surtout pour avoir séduit quelqu'un comme toi.
Je manque de m'étouffer dans mes élans lyriques sur Sod. C'est, comme toujours, formulé avec soin, si étonnant comme il arrive à me faire dire ce que je serais tentée de dissimuler. En sa présence, tout est simple et limpide. Lorsque je errais sans but, il a su me trouver et me lier en quelque sorte, alors que j'ai souhaité ne pas l'être. Ne plus jamais l'être peut-être.
Contact. Sur ma peau. Je ferme les yeux un instant. Je trouve ça délicieux. Apaisant.
Parce que je me suis dit... que toi aussi tu partirais.
Dans ton histoire, c'est le mentor qui part.
Sourire. Un poids se lève. Il ne m'abandonnera pas. Moi non plus je ne l'abandonnerai pas. Jamais.
Au contact doux, j'envoie une légère bourrade dans son épaule, par plaisanterie et par la matrice, je n'avais pas prévu de me recevoir un coup d'épée en échange. Fzzzzzziaaaaap. Les chairs, tranchées, le sang perle et tandis que je cours mon coeur s'emballe. Le marbre se tache sur mon passage. Plic. Ploc. Je suis vivante. Dégelée. Je suis là.
Je dégaine mes azmats parce que j'ai paraît-il la gâchette facile. Automatismes huilés. Je tire. Nous combattons longuement. Par jeu, par besoin, par envie, qu'importe au final. Je m'amuse comme une folle, dans le décor qui n'a jamais connu autant d'activité. Lui aussi prend vie autour de nous, les fauteuils renversés, les courses effrénées jusqu'à la victoire. Je suis repue de cette adrénaline qui ne veut plus tomber. Lui par contre, est à terre et si jusqu'alors je n'ai eu que des gestes assez froids, je prends soin de lui.
Ma main sur son front. Non pas sur son front. Sur le front qu'il arbore.
Cela dure une petite éternité. Le temps que les souffles s'apaisent, que l'on reprenne pied. Des pas qui nous mènent jusqu'à une antre qui n'a connue aucune présence depuis longtemps.
Le canapé rouge. Le velours synthétique. Chaque fibre connue par coeur. Mais ce soir, mon visage appelle une matière plus vivante, plus vibrante. Je me blottis contre lui.
Sereine, je m'endors. D'un sommeil que je ne connaissais plus, dont je ne rêvais même plus les prémices. Un sommeil rempli de la promesse des lendemains innombrables.
Je suis là Callian.
Et je suis là moi aussi, sache-le.

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Ombre
13 Septembre 2014
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