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EDC de Callian~48825

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Patience

Patientia : souffrance, endurance, résistance, courage, fermeté, résignation, obéissance.
La vapeur d'eau se condense sur la faïence synthétique grise et je joue un instant avec la buée, traçant des formes géométriques tandis que mon corps se délasse dans l'eau chaude. Autour de moi, le vide est assourdissant, presque dérangeant. Peut-être est-ce parce que je suis dans un endroit que je ne connais pas, peut-être est-ce simplement parce que tu n'y es pas. Pourtant, mon regard se pose et un objet me rappelle que c'est chez toi. Décalage étrange que celui d'être l'étrangère dans un environnement familier sans l'être tout à fait. Tout crie ta présence, la hurle, la crache. Et le vide, le silence, le son seul de mes mouvements dans l'eau qui se répercutent jusqu'au plafond signifient ton absence. Mon com' n'est pas loin, mais je sais qu'il ne retentira pas. Hormis les bruits de l'eau déplacée, cocon de chaleur humide, rien ne viendra troubler la quiétude angoissante des lieux.
Je ne me suis aperçue du manque qu'hier soir. Jamais je n'ai eu à côtoyer l'absence. Celui qui reste derrière et attend, patient, n'a pas le beau rôle. Les cycles s'égrainent avec une lenteur calculée, s'étirant comme s'ils se dilataient à l'infini, vous laissant seul avec vos pensées, dans le vide de votre tête. L'absence, drôle de compagne en creux, en négatif. C'est comme un petit morceau de néant invité par hasard, dans la courbe de l'existence. Elle continue et demeure, mais elle vacille légèrement, se demandant soudain pourquoi elle n'arrive plus aussi bien à croître qu'avant. L'absence, on ne se rend compte de son écueil que lorsqu'on y est confronté.
Je t'ai quitté avec une légère peur de ce qui t'attendait, là-bas, dehors, mais avec une inconscience confortable. Tu partais, j'allais m'entraîner, les journées ne seraient pas si différentes n'est-ce pas ?
Le petit morceau de néant est arrivé dans la soirée, quand la solitude m'a recouverte de son pesant carcan, sur le canapé rouge où je me suis recroquevillée. J'ai pris un coussin et l'ai porté à mon nez, afin d'y chercher ton odeur. C'est là que j'ai réalisé ce qu'était l'absence et sa cruauté.
J'imagine que c'est parce que c'est la première fois. On doit ensuite s'y faire n'est-ce pas ? L'éloignement ne doit plus vous prendre aux tripes et vous laisser dans un état second, comme si vous perdiez de votre matérialité rien que par l'absence de l'autre.
J'ai résolu l'équation par la patience. Il n'y a que cette solution là. Patience de l'esprit, patience du corps. Focalisation et entraînement. Je m'occupe, je lis, je marche, je parle de n'importe quoi, je brasse de l'air, je frappe. Tout pour que le néant ne me rattrape pas, ne me saisisse pas dans sa gueule avide pour me projeter de nouveau, hébétée, sur le canapé rouge. Je te parle, à haute voix, comme si tu étais là. Heureusement que personne ne m'entend, on pourrait me croire folle. Mais qui n'a jamais vécu l'éloignement ne peut comprendre à quel point il est cruel de porter son regard et d'y voir partout la symbolique du manque.
Est-ce une illusion perverse de l'esprit qui nous pousse irrémédiablement à souffrir d'un besoin quelconque, jamais rassasié ? N'est-ce pas irraisonné que de se plonger dans les affres du néant alors qu'il suffirait juste de ne pas penser à cet autre qui vous fait défaut ? Juste ne pas y penser, car la marche lente du temps ne s'en retrouvera pas modifiée pour autant.
Patience donc. Il me faudra t'apprivoiser, pour tenir compagnie à Absence la froide. Tu n'es pas mon trait favori, mais je te chéris car je sais que tu finiras, doucement, par colmater le néant. Et que me prenant par la main, tu me guideras lentement, tout au long du chemin, jusqu'à ce qu'Absence s'en soit allée. Et que Retrouvailles me prenne dans ses bras, me faisant soudain songer à tout ce vide comme à un mauvais rêve.
-- Intercom entrant > Sodom --
Mine de rien, quand je vois cet environnement sombre, toxique et monstrueux, je me dis que j'étais bien avec toi.
-- Intercom sortant > Callian --
Et il t'a fallu te confronter à l'horreur pour t'en apercevoir ?
Quand je sens le vide tout autour de moi, je m'aperçois que tu me manques.
Patience. Il reviendra.
Spoiler (Afficher)
Inutilisable IG.
Petite pensée à tous ceux qui ont vécu l'absence et l'éloignement d'un être qui leur était cher, et au désoeuvrement que l'on peut alors ressentir.
Sodom : 14972

◊ Commentaires

  • Saphyra (28☆) Le 26 Mars 2014
    Excellent comme toujours. Callian est un perso que Saphyra aimerait bien côtoyer un peu plus. *
  • Gimlïn~49223 (13☆) Le 26 Mars 2014
    "Je sais que le com' sonnera pas..." J'aurais trop aimé qu'il sonne pour le sas moi ! Sa aurais fais une pointe d'humours qui casse tout !
  • Callian~48825 (366☆) Le 26 Mars 2014
    @Joaw : Oui, je crois que beaucoup de persos sont dans ce cas en ce moment ^^
    @Saphyra : moi aussi, j'aimerais beaucoup. Qui sait, si l'occasion se présente smiley
    @Gimlïn : Le pire, c'est que Callian est allée traîner jusqu'au sas histoire de se changer les idées. Mais même pas une petite attaque xD
  • Jude~21543 (76☆) Le 27 Mars 2014
    Absence et Silence se font Abysses, on ne s'y habitue jamais et il ne faut surtout pas !
  • Callian~48825 (366☆) Le 27 Mars 2014
    @Natanaelle et Jude : je sens l'écho de votre vécu. Je ne peux contredire vos paroles. Je n'ai jamais pu me faire à l'absence...