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EDC de Callian~48825

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Confiance et obéissance

Ce Dojo devait être ma tourmente, c'est ce qu'ils ont sous-entendu. Ce devait être un lieu où jamais je ne serai en sécurité, où la confiance ne pouvait se lier. Un lieu froid, si froid. C'est ainsi que je l'ai pris au départ. Je n'étais pas à l'aise, laissant une distance respectueuse entre nous, alimentant le vide, parlant peu et partant vite. Puis quelque chose a changé, ou plutôt j'ai changé. J'ai coupé mes attaches qui me semblaient trop lourdes, j'ai couru vers l'inconnu, le néant social qui avait pourtant été mon compagnon lorsque je me suis réveillée pour la première fois. Je l'ai retrouvé comme un vieil ami, un ami dont on connaît les travers mais qu'on ne peut s'empêcher d'apprécier, car il vous pousse à la réflexion. Le Dojo était le seul endroit qui pouvait accueillir ces pensées et le silence dont j'avais besoin, j'ai donc abandonné ma retenue.
- Je peux dormir au Dojo cette nuit ? À moins que ça ne te dérange ?
Aucun problème a-t-il répondu. Pourquoi y-en-aurait-il eu un n'est-ce pas ? Tout simplement parce que j'ai cru ma présence importune, babillage de mouvements inutiles au milieu du froid et du dépouillement. Il m'a parlé ce soir-là, j'en ai été surprise car jusqu'alors, nous n'avions presqu'échangé que des instructions. Je n'allais pas bien, car même si dans l'histoire, j'ai le rôle de la méchante largueuse, je me sens perdue. Je lui ai résumé la situation, aussi chirurgicalement que lui, avec beaucoup moins de panache. Justifier ma présence importune, c'est ce que je voulais.
C'est une bonne chose.
Voilà comment il a qualifié la rupture, calme, concis et clair. J'avais besoin de cette confirmation, même si l'origine du changement même était source des paroles qui rassérènent et réconfortent. Je me suis endormie sans problème ce soir-là, dans un lieu moins froid mais toujours aussi calme, à une distance respectueuse. Mais y dormir était synonyme de désarmement. Synonyme de confiance. J'ai prétendu jusqu'alors lui accorder mais c'est cette nuit-là qu'il décrocha les dernières bribes qui tenaient cette confiance encore voilée. Ou plutôt le lendemain, via com' :
- J'ai toujours peur de t'importuner.
Ce ne sera jamais le cas.
La parole s'est faite plus déliée et détendue après ça. J'ai plaisanté, il l'a fait lui aussi, avec parcimonie bien entendu. J'ai décidé de reprendre du poil de la bête, même si nous les elfes, ne sommes pas les plus dignes représentants de la fourrure. Je me suis entraînée, l'esprit enfin libre, ce qui me semblait ne pas être arrivé depuis longtemps. Il m'a convoquée, je suis venue. Je me suis aperçue que ses convocations ne me pèsent pas, jamais. Je ne veux pas qu'il regrette son choix tout comme je me suis promis de ne pas regretter le mien. Je suis venue.
La promiscuité est nouvelle, étrange aussi. J'ai été près de lui déjà, mais en combat, debout, jamais dans une posture qui se devait être détendue. La conversation débute, normalement. Il veut savoir ce que j'ai fait de ma journée et je découvre que mon côté un brin bavard revient au galop. Je raconte, je commente. Il ponctue, avec lui un mot n'est jamais gâché. Mais la prose n'est plus glaciale, ou alors je me suis habituée. Ou alors la confiance fait tout.
- Et toi ? Journée animée ?
Tu es ma seule conversation.

- C'est pour ça que tu ne me demandes pas de me taire. Tu n'en as pas encore eu assez.
C'est aussi parce que tu me fais penser à quelqu'un. Et cette présence me réconforte.
Cette confidence m'étonne et me désarçonne. Je comprends par là que la confiance devient réciproque. L'étonnement est ridicule mais je l'ai toujours pris pour quelqu'un de détaché au point de ne rien lier du tout. Avec personne. Je comprends que j'ai fait de lui une image du mentor glacé, comme sur holovision, sans âme. Mes résistances cèdent tout à fait, et lorsque je les sens s'en aller, je me demande pourquoi elles étaient encore là. Il m'offre une arme, son arme et c'est un tel honneur que je ne sais pas quoi dire. À part que c'est un honneur, et merci, car j'ai des principes sociaux quand même.
Je pense que tu le mérites.
Je repense à mes sacrifices, à mes bleus, à mon entraînement. À mes choix, irraisonnés pour l'entourage, si clairvoyants pour moi. Peut-être que je le mérite, je n'en sais rien. Le moment semble s'éterniser car la joie et la reconnaissance se peignent sur mon visage. Je dois avoir un sourire idiot. Je m'en fous. Il me regarde, assez longtemps jusqu'à détourner ses yeux dans un soupir. Je suis soudain mal à l'aise, je ne sais pas trop pourquoi. Ou plutôt, parce que j'ai une impression de déjà vécu. Lorsque la glace se brise, les échardes vous mordent la peau, toujours. La première fois qu'il a plaisanté avec moi, je me suis pris dans la tronche un retour cinglant, me rappelant la réalité. J'aurais donc dû pressentir que le ton changerait aussitôt.
Il va falloir que tu arrêtes de bosser dans le bar.
Ma joie se glace, voire même elle s'étrangle, rate une marche, tombe dans l'escalier, raide morte. Je pense à Pix, aux moments passés là-bas. Je suis surprise mais pas tant que cela : mon entraînement m'absorbe bien plus que mon service, je savais qu'il faudrait sacrifier cela aussi, à un moment ou un autre. J'avais cru avoir un peu de répit.
Nous sommes toujours proches mais le froid est revenu. Lui dire non n'est pas une alternative car la voie qu'il trace est cohérente, je le sais, je le sens. Quand je l'ai pris comme mentor, il m'a dit que je devrais lui obéir et je m'y plie volontiers. Jusqu'à te briser me dit une petite voix dans ma tête mais je choisis de ne pas l'écouter. La tension est palpable, il parle moins, moi aussi. Je décide d'aller prendre l'air, marcher, dans la nuit. Chaque pas qui m'éloigne me semble une injure. Je ne lui tournerai pas le dos. Thalion m'a demandé de promettre un jour que je ne ressentais rien pour lui. J'ai dit qu'il n'y avait rien et comme souvent, j'ai menti. Il y a tout le mélange opaque et étrange de ce qui peut se lier entre un mentor et sa disciple : l'envie de plaire proche de la fascination, le dépassement de soi pour arriver au niveau, le rapport de séduction entre le donneur d'ordres et l'exécutant, la prise de risques lorsqu'on se laisse guider, aveuglée, la fierté partagée, la sérénité aussi lorsque chacun y trouve son compte.
Je sais que j'y trouve le mien. Lorsque je reviens, je ne suis plus en colère, j'ai digéré mon choix, assez rapidement comme toujours. Pas seulement pour lui mais aussi pour moi. Je m'assois de nouveau à côté de lui, le dialogue et la joute reprennent. Et comme toujours, ce qu'il enlève d'une main, il me l'octroie de l'autre :
Tu me rendras fier. Je sais que tu fourniras tout ce que je te demanderai. J'ai confiance en tes efforts.
Confiance mutuelle donc. Obéissance pour moi. Et pour lui ?
- Bonne nuit.
Je sombre dans le sommeil, comme toujours depuis des heptades, mais cette fois-ci, je m'endors juste à côté de lui. Sa voix résonne dans l'immense pièce, ou est-ce un songe qui me happe ?
Dors bien Callian, je veille sur toi.
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Inutilisable IG.
Sodom : 14972

◊ Commentaires

  • Callian~48825 (366☆) Le 17 Mars 2014
    Merci smiley C'est aussi parce que le RP était vraiment bien.
  • Electron~41435 (156☆) Le 17 Mars 2014
    *a une fascination totale vis-à-vis de la relation de ces deux perso, même si ce n'est que qu'au travers de tes -trop rares !- EDC.*
  • Callian~48825 (366☆) Le 17 Mars 2014
    Contente que cela te plaise. Promis, je ne demeurerai pas muette sur la suite des événements smiley