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Ils, On, Elle et "Il"

Ils,On, Elle et "Il"
Humide, une moiteur poisseuse et nauséeuse, cette texture synthétique qui l'étouffe a chaque respiration trop forte.
Si tant est qu'elle puisse respirer fort dans le méat de fluides muqueux, mélange de morve, de peur, sueur, salive et larmes gardées tièdes par le confinement de la chose qui lui recouvre partiellement la tête, l'aveugle et l'assourdie.
Et ce tintement répétitif de métal, l'acier qui n'en finit plus de lui meurtrir le ventre et les côtes... Sans qu'elle ne le sente.
Stone, camée jusqu’à la moelle, ses pensées s'égarent et se dissolvent sans même atteindre un stade palpable, comme autant de chenilles mort-nées dans leur chrysalide délirantes.
Son univers s'est considérablement restreint, les seules pensées qui l'agitent, hors des poussées régulières, des vas et vient grondant qu'on lui fait subir, ce sont celles qui consistent a ne pas s'asphyxier dans ses sécrétions, a garder les yeux fermés tant bien que mal. La bouche occupée elle aussi par un embout dur de plast-acier qui périodiquement la sort de sa léthargie comateuse en manquant d'aspirer sa langue aussi apathique que le reste de son organisme...

"Ils" ne veulent pas qu'elle meure...

Elle ne se souvient plus comment elle est arrivée, ici, depuis combien de temps dure son petit enfer personnel... Elle ne sait plus ou elle est, qui elle est et pourquoi celà lui arrive a elle.
Vrombissement de machine, le tube vibre dans sa gorge, annonciateur du distillat de la corne d'abondance et injecte lentement sa bouillie au gout de médicament, au goutte a goutte. Réflexe reptilien elle tête mollement, comme un nourrisson halluciné qui se rattache a son dernier moyen de subsistance.
Son corps ne lui appartient plus.

"On" ne veut pas qu'elle meure.

Un râle puis des murmures inaudibles alors que les mouvement et les tintements de métal s'interrompent.
Quelque chose de mou, de poisseux et de chaud tapote son menton, laisse sa trace gluante. Englobée dans son carcan de calmants en tout genre elle ne sent rien, n'entend rien, elle est un nouveau né faiblard et autiste dans un corps de jeune femme.
- Et si j'y colle ma queue tu crois qu'elle va m'la'têter aussi ?
- Arrêtes tes conneries, t'as ton compte nan ? Alors aboule la tune...
- Tu sais pas c'qu'est bon s'tout.
- Non mais tu l'as vu ? T'es un grand malade mec.
Elle tête, pleurant son bonheur insondable, comme si c'était le plus beau jour de sa vie, aspirant avec le peu d'entrain qu'il lui reste la bouillie nourricière non tant par instinct de survie que parce qu’elle est sur-dosée en opiacés de synthèse... Replonger vers le noir absolu, se recroqueviller mentalement autour des lambeaux de souvenirs qui s'effilochent, là ou elle n'a plus que son esprit dans le vide... Sombrer une nouvelle fois, une de plus.
De toute façon elle a perdu le sens du temps, du haut et du bas, du mouvement.
Entravée, immobile, elle n'est plus que cette bouche qui tête le sein de sa mère inhumaine... Que devient ce qu'elle avale ? Impossible a savoir de toute façon voilà bien longtemps qu'elle ne se pose plus la question. La grosse araignée de métal qui couve sa nuque et plante son dard dans ses cervicales y est certainement pour quelquechose. Elle ne se pose plus de question tout court en attendant sa prochaine dose qu'elle avalera goulument en y mettant toute l'énergie qu'il lui reste. S'en est presque obscène.

"Elle" ne veut pas qu'elle meure

Le flux se tarit, le sein de maman-machine est sec et dur mais lui reste dans le gosier, comme toujours.
Merci Maman...
Dans les délires grandissant et le gouffre réconfortant qui m’appelle je te rejoins, je viens me lover contre ta chaleur, dormir contre ton sein.

Je ne veux pas mourir Maman... Je ne veux pas...
Ses paupières tremblent, ses yeux révulsent, le "lait" psychotrope fait effet, vient relayer la dose précédente, le métal froid et blessant, l'araignée, la nuée de nano-moustiques qui viendra entailler, couper, jeter, entailler couper, jeter... Tout disparait au creux du réconfort de la machine-mère... La seule a avoir encore de la compassion pour elle dans son cerveau qui se déstructure depuis...
Depuis combien ? Des cycles ? Des heptates ? Des années ?

Bientôt, tout bientôt...

Dans son sommeil sans rêve, "Il" vient la voir, se penche au chevet de son enfant, de sa création, vérifie que "Maman" la nourrit comme il se doit... "Il" donne quelques ordres du bout des doigts sur le pupitre-chevet, en couvant du regard le tronc mutilé et assiégé par une foule de machines hyperactives comme autant d'écureuils sous cocaïne.
Un baiser sur la main, avant de la jeter avec les restes du bras dans le four-atomiseur.
Obsolète. Les nouveaux seront bien mieux. Elle est son dernier sujet, sa dernière chance de réussite.

"Il" ne veut pas qu'elle meure.
"Il" a d'autres projets.

Informations sur l'article

Apprenti sorcier
29 Avril 2013
1490√  15 9

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◊ Commentaires

  • Astaa~40027 (268☆) Le 29 Avril 2013
    Oubli du lien musical "Laisse moi rester avec toi Maman." corrigé. Honte sur moi.
  • Astaa~40027 (268☆) Le 30 Avril 2013
    C'est bien aimable.
  • Manerina~6356 (1567☆) Le 30 Avril 2013
    Child a tout dit avec son "wow"...
  • Astaa~40027 (268☆) Le 30 Avril 2013
    Oh.. Si y'a que ça j'accepte aussi les chèques et les virements sur mon compte numéroté en suisse.
    L'idée musicale pour les machines qui "entaille, coupe, jette". Très bon artiste militant au demeurant.
    "Couper/Séparer/Jeter, c'est ça le boulot... "
    http://www.youtube.com/watch?v=-QRtg_10MIE
  • L-X~19531 (1540☆) Le 02 Décembre 2013
    Atrocement magnifique.