EDC de 39094

Quelques débris incandescents retombent autour de moi. Sans bruit. Juste ce bourdonnement lancinant. Un gout métallique emplit mon palais quand mes poumons se gorgent de nouveau d’un air sulfureux. Juste une odeur de brulé. J’expectore une gerbe de sang, retombe lourdement sur les épaules.
Je mets quelques minutes à émerger de cet enfer feutré. Toujours ce sifflement, la tête lourde. Quelques bribes s’ancrent partiellement, s’effilochent aussitôt. L’alerte. Cataleya. Cat ! J’ouvre la bouche mais aucun son ne sort, mots englués dans une gorge trop sèche. J’essaye de me redresser mais le corps ne répond pas. Nouvelle quinte de toux.
Je me redresse difficilement, repère un aitl noircit à deux pas. Je me penche pour l’attraper, fébrile. La main qui aurait dû s’être posée sur l’appareil n’apparait pas dans mon champ de vision. Sueur froide.
Ronronnement d’un over’. Une silhouette rougeâtre se profile, floue, au-dessus de moi. Une autre pas très loin. J’ai l’impression qu’on me parle, devine la question sur les lèvres qui se répètent. Claquement de doigts. Mes pupilles contractées suivent le doigt.

- Alors cuve ou pas cuve ?
- … l’a pas l’air d’être en état d’choisir apparemment

Ma gorge se noue mais quelques phonèmes s’en arrachent…

- P… Pa…
- Papa ? Pas cuve ? Pas beau ? Pas… pas cool ?

Je n’ai même pas la force de sourire à l’ironie du doc’. Je sombre sous la douleur qui irradie de chaque parcelle de mon corps brûlé, bras arraché de l’androïde serré contre moi, alors qu’un souffle chaud effleure ma nuque.
- Vous m’comprenez ou ‘faut que j’vous en recolle une ?

Je plane complètement. Je l’entends encore raconter sa vie au com’. Occupée… T’m’étonne…
J’abaisse lentement mes paupières, lourdes, incapable d’ouvrir les lèvres. Je repose mon regard sur le doc’ mais ce dernier quitte mon champ de vision
- M’bon bon bon… ca va être funky…

Une lampe braquée sur le coude nettoyé. Une perceuse qui rugit. Rugissement qui s’échappe du bloc.

- Lala, tata, tita, lala, lala… Il était une jolie Mantis, Qui ne c’était jamais autant amusée, A démembrer, cette équipe de bras cassé… M’ah oui tient !

Le Doc’ commence à relier le bras de l’androïde recalibré et stérilisé, sifflotant toujours derrière son masque de chirurgien.

- Quelle belle bande d’empotés, a peine organisés, tous éviscérés. Ah ! Si au moins elle avait eu l’temps, Tata, lala, lila…

La kobold termine la pose avec une dose de résine entre l’interface et l’os.

- Elle aurait été contente, Cette gentille monstruosité, De déjeuner un peu, avant d’exploser… Lala, lala, la, lala, lala, lali, lala…

Le Doc’ s’arrête brusquement et se dirige vers son bureau, retire son masque et crache le baton de sucette, en attrape un autre avant de reprendre l’opération. Légère grimace.

- Tsss, synthé-pomme, merde...

Le Doc’ retire ses gants, zieute les constantes, observe le bras remuer avant de lever les bras au plafond.
- IL VIT ! IL VIIIIIT ! ahem… M’ouis, oui… Bon… Continuons…

Un souffle chaud. J'ouvre des yeux humide sur un visage qu'il l'est tout autant...

Je suis là... elle est là. Respiration lente. Je ne sais pas combien de temps elle est resté à me veiller. Maintenant c'est mon tour. Je glisse mon regarde sur la frange, léger pincement...