EDC de 39094

Ion tombe presque de la table basse sur lequel il repose, comateux. Le message de l’androïde est des plus alarmants. Tout son projet risque de partir en poussière… Pas maintenant. Pas après en avoir parlé au boss. L’humain quitte son appart’, enfilant sa seconde botte à l’arrache. Le manque de sommeil se fait réellement sentir, accentué par la prise trop (?) prolongée de pilz’. Le blouson au vent, Ion se glisse de ruelles en ruelles, chemin tant emprunté ces derniers jours. Son AITL hurle encore mais pas le temps d’y répondre. Le boost d’adrénaline comment déjà à se dissiper, le corps contestant la volonté, bouscule maladroitement deux trois camés. Regards haineux. Insultes. Ion crache un poumon (ou trois)…

La porte du labo est entrouverte. L’androïde n’a pas menti. Ion s’apprête à hurler son prénom (tant pis pour la discrétion) mais se rend vite à l’évidence qu’il l’ignore. La situation est presque risible. Comment avoir pu passer autant de temps sans connaitre ne serait-ce que son ID. L’humain franchit l’embrasure du taudis, maxillaires serrées.

Ion se stoppe net. Les poumons qui le brulaient la seconde d’avant semblent s’être vidés de toute trace d’air. Cette silhouette. Elle se meut, se retourne vers la sortie. Vers lui. Regards croisés. Face à face. Les mots s’enchevêtrent, c’est à peine si un « Cat’… » écorche ses lèvres. Il balaye le labo des yeux, cherche une autre présence des yeux. Les pensées s’entrechoquent, confuses.

- Sors d’ici Ion (voix calme)

L’humain ne bronche pas, poitrine essoufflée. Il recroise les yeux de Cataleya, déterminée.

- P’tin mais bouge de là Ion !

L’atmosphère se fige alors que les minutes s’égrainent, impassibles. Une petite voix dans sa tête, alarme faiblarde, tente de se frayer un chemin entre ses neurones asthmatiques. La lourdeur électrique qui pèse sur le secteur ce soir-là, paraît s’être concentré sur un unique corps, sur une simple succession de chiffres. Le fil d’une épée se plaque contre sa gorge.

- Je ne le répéterai pas une autre fois…

Ion ricane doucement, nervosité à fleur de peau. Il lève sa main vers la pointe de l’épée.

- Sinon quoi ? Je vais en cuve ?
- Je n’hésiterai pas… (voix cinglante qui s’essouffle) s’il le faut…

Ses doigts glissent sur la lame, aussi aiguisée que les sarcasmes de Six. Morsures silencieuses. Larmes lymphatiques. Ion porte ses doigts striés à ses lèvres, enivré par le gout cuivré qui caresse son palais. Un mouvement attire son regard. L’androïde change de cachette. Fantome. Ion doit gagner du temps.

- Comment tu m’as trouvé ? C’est Six ?

Cinq. Cataleya le tire du taudis, visage résigné de l’androïde imprimé sur les rétines. Quatre. L’adrénaline consume brutalement ses veines, freine les secondes qui suffoquent, déjà si rares. Trois. Ion se retourne vers sa sœur d’arrivée, se heurte à ce visage, empreint de tant de souvenirs, s’accroche à son regard douloureux, contradictoire. Deux. Ion frappe sa poitrine du plat de la main, lui donne l’impulsion nécessaire pour l’éloigner du futur brasier. Ion se suspend au sentiment de surprise qui masque son visage, lui sourit. Sensation singulière d’une quiétude macabre. Un. Ou peut-être était-ce zéro finalement. Ion sent une vague de chaleur l’envelopper, son cuir se plaquer contre son dos, boucanant sa chair. L’écho de l’explosion résonne dans le Sud alors qu’il est balayé par le souffle sulfureux, vulgaire écrou de 13.