Recherche

EDC de 35279

Bienvenue sur les EDCs de Dreadcast
Vous trouverez ici tous les articles rédigés par 35279

Cacher

Embrassez-moi





Le feu danse sous son regard vide, lui vrille les paupières closes. Il brûle et elle hurle, bien que baignant dans le liquide visqueux d'une vie à venir.


Une mort atroce qui se solde par un réveil plein d'effroi. L'atmosphère du CdC est pesante, pour quiconque n'y vient pas en visiteur.
Un septième clone porteur d'espoirs qui s'est envolé avec eux, en fumée. Le huitième est là, prison affaiblie à l'intérieur de laquelle ils emprisonnent à nouveau son âme empoisonnée, de force plus que de gré. Quand bien même elle aurait pu faire comme d'autres : rester en flottement dans l'air purement imaginaire d'un système matriciel gouverné par autant d'entités qui la terrifient et l'attirent comme le feu.



L'humaine quitte l'enclos de sa cuve sans manquer de cracher sa haine envers les techniciens qui ne la connaissent que trop bien. Une bête furieuse lâchée dans la nature, voilà tout ce qu'elle est.
Ses effets personnels noircis de suies imprègnent sa peau: elle emporte loin de ces lieux les souvenirs calcinés d'une mort peu glorieuse, l'odeur asphyxiante de brûlé la suivant à la trace, ombre devenue palpable, matérielle.
Il est bientôt minuit.


Trop de cycles passés à remâcher des idées noires, sans daigner vouloir sortir de sa cuve. Pour aller où, pour faire quoi. Tout cela perd peu à peu de son importance. Tout cela n'a plus de sens pour l'humaine qui déambule silencieusement dans les rues.
La vie est comme le cafey qu'ils servent dans les bouiboui de la Haute Ville: insipide, boueuse. Si elle avait un goût, il s'est dissipé. Même l'amertume ne lui arrache plus le moindre frisson.
Le vide avale tout, sans concessions : rêve, désir, haine, colère. Le vide imprègne, s'empare et ne laisse sur son passage qu'un néant de sentiments. Bien peu de choses.



Elle se laisse tomber au pied du mur, un gobelet d'où s'élève un filet cotonneux de vapeur à ses côtés comme unique allié contre le froid nocturne qui engourdit sa respiration.


Et si c'était tout simplement la fin ? Si elle était de ceux que le Destin élimine parce qu'ils sont trop faibles ? Si elle avait donné sans compter au point de ne plus rien avoir à apporter au monde ? Ni amour, ni haine. Le dernier client s'en est allé avec les deux.
Trop d'heptades passées à errer, se chercher, se rechercher. Trop de temps perdu à contrôler sa tristesse, laissant celle-ci pourrir au creux de ses entrailles pour se transformer en une rancœur irréversible. Trop d'amis devenus ennemis, d'ennemis devenus bourreaux. De mentors devenus amants, d'amants abandonnés ou l'abandonnant.
Et toujours dans son lit cette même compagne d'infortune, cette fille facile nommée Solitude qui lui murmure de sinistres berceuses.



Bien vite, il n'y a plus qu'une faible fumée qui s'élève du gobelet. La pluie s'est mise à tomber entre temps, lente comme ses réflexions. Mais comme elles, les gouttes remplissent peu à peu le verre en carton, le faisant déborder, suinter d'une liquide odorant, froid et brunâtre.
Un Civis, passant nocturne, jette un misérable crédit à celle qui semble s'endormir à jamais, comme un NI tombé au milieu de la route et qui ne se relèvera pas.
Face à elle, la façade terne du centre de cryogénisation reflète ses sombres pensées. Et si...? Se serait bien trop simple et facile. Mais la simplicité et la facilité n'ont-elles pas toujours été ses ultimes choix ?


Si comme d'autres elle se décidait enfin d'écrire le mot "Fin" à sa vie pitoyable et tout bonnement inutile ? Imperator lui-même viendrait écrire un mot de remerciement sur la paroi givrée de son caisson de cryogénie.


L'idée la fait sourire piteusement. La suie coule sur son visage comme le maquillage sur celui d'une prostituée, dessinant des sillons macabres, marquant ses traits fatigués.


Le point final d'une existence qui n'aura que trop duré, voilà ce que représente le bâtiment qui l'attire inexorablement, depuis son premier éveil.
Le Skiwi n'aura jamais été qu'un placebo de chaleur, brûlure parmi d'autres. Mais à présent, elle sait que même les flammes ne peuvent la tenir éloignée plus longtemps de cette mort pré-programmée.



Vous aviez raison, Lord. La ville engloutit les plus faibles, et je suis une proie facile.


En se levant, elle heurte le gobelet dont le contenu se répand, coule des caniveaux vers les égouts, méandres de la ville.


Métaphore de cette cité qui s'abreuve de son âme, essence vitale bue jusqu'à plus soif par l'assassin le plus perfide et silencieux de ce monde: DreadCast elle-même.
Le dernier signe outrageux du Destin qui l'accompagne dans sa marche funèbre.



Un caisson.
Pas d'adieux.
Une fin simple, sans bruit, pâle copie de ses débuts.






Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire.
Étienne de La Boétie



Les flammes dansent sous son regard, lui vrillent les yeux grands ouverts. Elles consument et elle souffre en silence, fixant le reflet d'une vie qu'elle a brûlé par les deux bouts.

  • Amnésie partielle due à un choc psychologique important, annonce une voix monotone. Emy Mar...
  • Emily, le coupe-t-elle.
L'humain en blouse blanche relève le nez du dossier estampillé "Centre de Clonage : Emy Marie Tyr". L'enveloppe est épaisse, mais bien peu par rapport à ces nombreux autres dossiers qui attendent sur le bureau du technicien.
Face à lui, l'humaine tout juste sortie de cuve croise les mains entre ses cuisses et les pieds sous la table d'autopsie où ils ont soigneusement installé un drap blanc emprunté au Centre d'Arrivée, pour l'occasion.
Derrière une vitre sans tain, une tripotée de techniciens froussards observent celle qui en aura torturé bon nombre, à plusieurs reprises, pour un tas d'informations dont elle ne semble pas se souvenir.
Le regard froid qu'elle leur portait à l'époque, le voila qui se fixe lui-même, se contemple : une inconnue silencieuse face à un reflet étranger symboliquement muet.
  • Vous avez eu une mort que l'on peut qualifier de douloureuse. Loin d'être la pire que l'on ait vu, mais suffisamment pour causer ce trouble.
Le dossier dit : AK-44, immolation et balle d'Eagle fichée dans la poitrine. Un suicide pour ne pas mourir de douleur.
Le technicien et docteur inspecte l'inventaire de l'humaine, comme pour confirmer les dire du légiste : une veste en cuir noir recouverte de suie et de sang, un jean dans un état lamentable, deux holsters ayant été protégés et des bottes en caoutchouc qui n'en ont plus que le nom. Pas un seul bout de chair sanguinolente collée au plastique, rien qui puisse définir que quelqu'un les portait quand elle se sont mises à fondre.
Délaissant les effets personnels de la frange, il lui tend un dossier qu'elle peine à saisir dans ce nouveau clone trop vif, trop musclé, si différent de celui dont elle se souvient. Ce nouveau "moi" qu'elle ne connaît pas encore la fixe toujours dans le miroir, la sonde.
Plus tôt, le technicien a noté l'anomalie d'un simple regard, lorsque, s'enroulant dans une serviette, l'humaine s'est arrêtée face à elle-même sans parvenir à s'identifier.
Il fait déjà nuit noire quand elle quitte enfin le CdC. Et personne ne l'attend.
Presque toute une vie effacée, sans que rien, pourtant, n'ait réellement changé. Elle pose les pieds sur cette case départ qu'elle retrouve, avec cette sensation de ne jamais l'avoir quittée pour de bon.
Avec cette fois, la ferme intention de faire un premier pas en avant.


Qui oublie son passé se condamne à le revivre.
Winston Churchill
Spoiler (Afficher)
Inustilisable IG sauf pour les concernés du RP. Le premier qui utilise ça alors qu'il est pas sensé le savoir, ça va chier, sérieux !
Sinon, je remercie Il-Se-Reconnaîtra pour cette mort RP fort sympathique - même si trop rapide à mon goût.
Je me rends compte que c'est pas mal long aussi...Donc, un chocolat à ceux qui auront lu jusqu'à la fin...

Informations sur l'article

I'm living...
11 Août 2013
1501√  13 29

Partager l'article

Dans la même categorie

◊ Commentaires