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EDC de 35279

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Inachevé


Inachevé ♪



Non, pas encore, non...
« Tu as peur... »
Halète. Suffoque sans le respirateur. Milliers de pattes. Yeux immensément sombres. Bras entravés. Filet blanc. Griffes d'une femme. Vert fluo. Elle chante. Empoisonnant. Ensorcellement. Un peu d'air.
Non, pas ça, pitié, non...
« ...De mourir... »
Corde noire et abîmée. Jambe brisée. Collier de grenades. Seule envie. Tuer. Tuer. Tous les présents. La voix. Pas la sienne. Champignons qui éclosent. Substance poisseuse. Vengeance. Joie. Bonheur lui explose dans le ventre. Peu importe. Séparé du bas de son corps. Peu importe. Tant qu'il meurt.
Arrêtez, non...
« ...Pour de vrai... »
Pendu au sommet. Cabane. Créature qui pleure. Dans un coin. Tapant sur le verre. Sa cage. Saccage. Il sanglote. Deux mains. Son cou. Et les ombres. La happent. La brisent.
« ...N'est-ce pas ? »
« NON ! »







Le cœur dans le gorge bat de mille coups de canon. Son corps tout entier tremble au milieu des draps marqués. Répétition d'hier. Inlassablement, des jours sans fins qui se suivent.
La main moite passe sur son visage en nage.
A part le reflet holographique d'une IA inquiète, rien d'autre ne la juge dans cette chambre vide. L'arme et le respirateur sont là ; à portée de main. En y portant le métal de la sienne, elle brise l'épais nuage qui la maintenait dans le cauchemar. Elle respire, sans que le goût de l'air n'emplisse ses poumons, ses narines. L'insipide présent, sur la langue, sous les yeux. Elle se lève, par dépit.

Un jour de plus à Dreadcast. Un rituel devenu quotidien : Se lever. Ouvrir le deck, allumer ses implants et se rendre à la salle de bain où, au lieu de se faire peur en croisant son regard dans le miroir, elle avise les nouvelles de l'AITL que lui projette l'IA qui ne dit mot.
Après avoir essuyé son visage, elle ouvre la pharmacie. S'empare d'une flasque de Skiwi qu'elle vide, jette. Et quitter ensuite la salle d'eau pour se vêtir de son quotidien.

Du noir, du bleu, des cernes et des hématomes à l'âme. Elle avance mécaniquement, portée par un dénigrement de soi-même, seule chose qui la pousse encore à exister.

Alte Nobilis. Une humanité bafouée, reniée, dénigrée, au service d'une autre. Voilà tout ce qu'elle voit dans le miroir de l'ascenseur. Pas de mélodie pour l'esprit. Le bruit des cordes qui cognent contre la cage en métal, le cliquetis mécanique, le raclement strident de l'acier coulissant dans l'acier. Les portes s'ouvrent, pas d'heureuse sonnette. Le silence a remplacé tout le reste et c'est très bien ainsi.

Le seul qui s'ose à le briser n'apparait que dans son dos. « Passe une bonne journée, p'tiote ». L'IA singe une inspiration, son torse se soulève dans un mimétisme d'inquiétude quasi sinistre. Elle sourit mollement vers la porte qu'elle franchit sans répondre. Qui est qui, l'humain de l'artifice ?

Il n'existe plus, ce feu qui autrefois brûlait à lui en faire perdre tout son oxygène. Éteint. Noyé. Maintenu humide par les flots d'alcool qui drainent son sang, le liquéfient. Parfois sa main tremble. Celle en métal assure alors la relève. Personne ne remarque, ne relève, ne devine. N'observe, ne voit : Le fantôme qui hante ce corps froid. Accomplir et puis mourir. Tuer et rentrer. La rengaine n'a pas changé, la tâche à peine.

Il est trop tard et elle croit l'avoir compris. Comme toutes ces présumées épiphanies, il n'y a qu'une et une seule réalité : laquelle est-ce, alors ? Celle-ci ne fait plus partie des choix : n'en a jamais fait partie, navrée pour eux, navrant pour elle.
Les feux d'artifices, les fastes, cérémonies, titres. L'aurait-elle souhaité, si elle n'avait vécu le supplice du purgatoire ? Les a-t-elle souhaités ? Pas un instant. Le devoir, elle ne jure plus que par cela. Le reste ne vaut pas tant la peine de se battre.
Il n'y en a plus que pour Lui.
Ibi deficit orbis
[Inachevé]

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