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Le Premier et la Seconde

Les lumières de la ville, petites étoiles qui brillent dans le mauvais sens, à terre et non dans le ciel. Et puis celles du Militarium. Celles dans mes yeux quand je te vois, quand je crie ton prénom, quand tu dis le mien avant d'aller défendre le secteur en tête brulée que tu es.
Les lumières brillent un instant, mais s'éteignent toujours.

Les gens tout autour s'agitent. Les doigts frappent les touches de Deck aux couleurs variées, décorés ou non, vieux, abimés, neufs pour d'autres. Leur propriétaire, tous différents eux aussi, se ressemblent pourtant bien plus qu'il n'y paraît. On peut lire sur leur visage la concentration et le stress: le SAS est attaqué, l'épée de Damoclès pose son ombre sur nos têtes. Ma première nuit en Contre-Hack.
Quelques cycles minutaires avant ça, je regardais le secteur d'un tout autre point de vue, assise au-dessus de la ville à côté de cette Outrilienne tout juste rencontrée que je savais être, déjà, une amie et alliée. A présent, mon dos collé à ses jambes, nos corps frémissent de la même peur, se vidant du même espoir. Nos regards ne se croisent pas, n'en ont pas besoin : on se comprend en silence, c'est mieux comme ça. Ma première nuit en Contre-Hack, notre premier échange.
J'ai ce sentiment étrange de ne pas être seule, pour la première fois. Dans le coin de la pièce, installée à même le sol, l'aura de Rei, celle de Nevaeh et aussi celle de Jurachi me donnent le sentiment de former un cocon fragile mais réel : nous nous murmurons un soutien, des informations, une solidarité qui tisse des liens forts en peu de temps. En vérité, l'on est jamais vraiment seul. Jamais. Jamais.

...

Et pourtant. Dès la seconde où son nom est apparu sur l'aitl, j'ai su que tout était fini. Même pas son prénom, juste ça. Pour les autres, ça ne voulait sans doute rien dire, mais à mes oreilles, le glas de la mort venait de ricocher sur le cocon que nous formions, le brisant d'un unique coup: celui de grâce. Pour moi, juste ça, c'était le signe. Avant même que la masse du leader Skara ne m'abatte. Avant même que je ne découvre qui de Skara ou Jack allait me tuer, je savais.
Peut-être aurai-je dû fuir. Mais, son nom, bordel. Et mes jambes s'étaient faites la malle, m'annonçant clairement que ça ne servait à rien d'essayer de fuir. En moins de temps qu'il n'en faudrait pour le dire, je serai tombée, affaiblie par ma culpabilité, la tristesse. Comme si les souffrances qu'il avait endurées avant de mourir me retombent dessus, littéralement, en laissant mon regard s'écorcher sur chaque lettre qui composent un fragment de son identité. Sans savoir ce qui lui était arrivé, ses douleurs s'imposaient à mon corps et me laissaient pour morte dans la salle de Contre-Hack qu'allaient forcer ses assassins.
Nevaeh, Rei, leurs yeux et leurs mots n'ont rien pu faire. Il était trop tard, j'en avais conscience. Le Secteur Impérial allait payer pour les abominations commises auparavant. Une opération qui, prévisiblement, retomberait sur nous, nous qui n'étions rien que de la chair à canon, tout juste bonne à ralentir l'avancée de l'ennemi le temps que les renforts s'éveillent et lèvent leurs armes. J'entendais déjà les futurs discours : "L'alerte est levée, la paix est revenue grâce à tel et tel Nobilis n'ayant pas eu à affronter le danger de près, mais que l'on va gracieusement et inutilement remercier ". Mais même la colère ne parvenait à se faire une place en moi : j'étais vide, son départ en cuve ayant emporté tout ce que j'étais.
La cuve. L'écran de l'aitl venait à peine de s'éteindre, plongeant dans l'obscurité le nom de cet homme que, déjà, je me demandais à quoi cela ressemblait, la mort. Allais-je ressentir la souffrance longtemps ? Ma première cuve n'avait été qu'un réveil étrange, une sensation d'être où je n'aurai dû être, rien de plus. Celle-ci, je la sentais s'approcher au fil des cycles minutaires que la voix de Rei égrénait : "Huit. Trois. Deux minutes".
Jurachi lançait sereinement ses ordres aux contre-hacker et moi, je ne pensais déjà plus à un quelconque espoir. Pour une fois, tous les points de vues s'accordaient, et Nevaeh dont je sentais la présence derrière moi devait avoir compris : l'état de crise n'était qu'un joli nom pour dire qu'on était dans la merde, et pas qu'un peu. Le SAS allait tomber, aussi vite et sûrement que lui. Et c'est avec cette certitude, et seulement grâce à elle, que je parvins à reprendre le contrôle de mes muscles, de mes lèvres qui dressèrent un sourire en unique rempart à la terreur.
Quand Skara a abattu sa masse, je peux le jurer : je souriais. Au moins la première fois, car je n'ai plus le moindre souvenir de la seconde.

...

J'ai ouvert les yeux. Le liquide de cuve s'est déversé, m'expulsant de celle-ci suffocante, entravée par des muscles froids et neufs. Mes poumons atrophiés ont tenté de respirer l'air mais c'est le liquide, une première inspiration complète de ce truc qui m'a forcée à recracher tout ce que ce nouveau corps n'avait jamais eu le temps d'ingurgiter.
Peu importait alors le manque d'air, la peur, l'inconnu, l'incompréhension de passer d'un endroit à un autre, d'un état à son absolu contraire en l'espace de quelques cycles minutaires à peine. Déjà, mes yeux cherchaient le corps couvert de cette horrible mélasse, l'homme dont je savais qu'il allait revenir. Qu'il était déjà revenu, comme moi, nu et désorienté. Ou, comme le voudrait l'habitude : déjà enroulé dans une serviette, prêt à venir m'aider à me lever, que sais-je.
Mais j'étais seule. D'autres cuves s'étaient ouvertes auparavant, personnes n'avait le temps de nettoyer la pataugeoire gluante qui se formait sur le sol. Et d'autres cuves s'ouvraient, recrachant d'autres connaissances, des êtres qui comme moi avaient vu s'abattre le courroux du SR, la masse de Skara ou les balles sifflantes de Jack.
Avant de subir la moindre parole, je me suis enfuie du centre de clonage comme j'aurai dû le faire du Militarium, une sensation plus douloureuse encore que la mort rodant dans mon enveloppe charnelle.
Il n'était pas là. Et moi-même, je n'étais pas sûre d'y être.
La seconde mort a emporté avec elle trop de souvenirs, laissant un corps méconnaissable, virtuellement vierge de toute souffrance. Une coquille.
La seule chose qui brille, à présent, c'est l'espoir de te voir revenir. Ca, et peut-être les larmes que je ne verserai pas et qui se meurent au bord de mes paupières.
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Inutilisable IG sauf pour ceux qui savent, qui étaient là, tout ça tout ça.

Informations sur l'article

I'm living...
16 Mars 2013
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◊ Commentaires

  • Rei (400☆) Le 16 Mars 2013
    Un bon moment de stress oui, mais surtout d'union, comme tu l'as si bien dit. Vision réaliste, bel article !
  • Rei (400☆) Le 16 Mars 2013
    ♥ T'inquiètes, c'est que le début MOUAHAHAHA
  • Amar (211☆) Le 17 Mars 2013
    Une cuve de plus, on y perd toujours quelque chose.
  • Skara (193☆) Le 17 Mars 2013
    Et encore Skara ne mange plus les gens. Le cannibalisme est devenu Too Mainstream.
  • L-X~19531 (1540☆) Le 18 Mars 2013
    Booaaah... L'est pas si méchant Skara... y a pire. Et puis, apprendre à courir quand on est gaulé comme une crevette, c'est bien aussi. Ça évite les morts inutilement héroïques, aussi appelées morts bêtes!