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Ces matins-là

Réveil en sursaut, les draps emmêlés des cauchemars de la nuit s'enroulent autour de son corps trop fragile. Menottes, étouffement. L'Elfe sait déjà avant d'ouvrir les yeux.
Il y aura ce masque en face d'elle et ces yeux rougeoyants pour glacer son âme de leurs reproches. Et la villa qu'elle a fait construire et voulue comme un repaire secret au coin d'une ruelle obscure, un halo de promesses, baptisée de son sang, deviendra prison. Ni rires, ni sourires, ni même ces mots murmurés, elle ne sortira pas pour trouver un peu de chaleur humaine dans les bars ou ailleurs, éteindra son com, seuls l'absence et ce masque accusateur.
Pour lui rappeler que tout peut être cendre ou glace s'Il le décide.
Elle sait ce combat perdu d'avance et se lève pour ne pas faillir.
Et le City crache son venin dérisoire, voir sourdre le sang, défaire cette impassibilité, avoir des réponses à ses pourquoi. Détruire ce masque, éclat par éclat, s'abreuver aux sources de la souffrance, faire apparaitre l'image sous l'irisation mensongère du métal, les vérités inaccessibles morcelées d'ignorance et parvenir enfin à la lumière occultée. Mais les balles ricochent et reviennent frapper son corps et son visage. N'importe l'Elfe continue en une danse infernale qu'elle offre à l'absence.
Et ses manquements luisent comme autant de soufflets, autant d'entailles à l'âme, plus réelles que celles qu'elle s'inflige aux poignets les soirs de détresse. Elle s'acharne, pieds de biches, kanufs, toutes griffes dehors. Alors les coups se font violents, les bleus marquent la peau, deviennent noirs. Le visage lui-même de l'Elfe se change, grossiers traits ravagés par la souffrance, les yeux s'obscurcissent de sang, et se regardant elle se reconnait enfin, telle que personne ne la voit, le démon qu'elle sait caché au plus profond d'elle-même, le mensonge familier, le coupable permanent. Elle est ce monstre qui attend son heure, et frissonne de l'avoir toujours su.
Le masque se fait juge, témoins de ses erreurs passées, de sa paresse maquillée en ignorance, de sa futilité déguisée en nonchalance. Elle a laissé tellement de futurs se briser comme une enfant cupide et ignorante. Entre ses doigts fins, égrené le sablier de l’éternité, émoussé le tranchant de vies qui n'étaient pas la sienne.
Qu'as tu fait de ton temps, toi à qui l'éternité est donnée ?
De toutes ses errances, il ne reste rien que quelques souvenirs dérisoires et poussiéreux dans un coffret de métal, un pistobille, un casque d'ingénieur, une robe, une lettre, un Lincoln... Ce qu'elle a perdu et semé dépasserait de loin le capital de son compte bancaire. De tous les livres qu'elle a lus, sa mémoire n'a rien retenu, le savoir glisse sur elle sans même fertiliser son cerveau.
Même les mots lui ont échappé
Et pourtant, qui savait mieux qu’elle le pouvoir de ces mots qu'elle envoyait vers le smog comme autant de défis, mots à murmurer, mots à hurler, mots à brandir, mots à guérir, mots à blesser. A tournoyer autour d'elle comme autant de menaces voilées, chargés de haine et d'amour, les mots se sont regroupés en phrases pour mieux lui revenir, lacérer son cerveau et endolorir son âme.
Pourtant ces soirs-là, quand épuisée elle tombe au pied du masque, suppliciée et suppliante, le corps déchiré et le cœur en lambeaux, gonfle dans la villa, un frémissement, un souffle, un espoir, .
Car demain sera différend, car demain, elle saura saisir les étincelles pour en faire une offrande qu'elle lui dédiera. Il suffira d'...

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Journal
15 Septembre 2013
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