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EDC de Valion~36896

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[S] Shadow I.T.

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Article HRP. Inutilisable In-Game.


♪ [Obsidia - Requiem For A Dream] ♪


Ca devient une habitude de famille, de plomber des soirées...trente ans que j'avais pas cuvé, quand même. Et pourtant, la dernière fois que je suis sorti d'une cuve, à recracher son liquide visqueux dans un gargouillement incompréhensible qui se voulait être un cri de terreur ou de douleur, ne me paraît pas plus loin qu'hier. Foutue mémoire.

Il avait fallu qu'elle la rappelle à la déraison. Assis sur le canapé, je la regardais, inquiet, vider son sac à la recherche de nourriture.
Plus précisément, de viande humaine, ou méta-humaine. Mais son sac était vide. Et sa faim insatiable.
Je n'étais pas le seul à l'observer faire.

"Je vais à la serre...ils ont des synthétiseurs...
- Tu veux que je t'accompagne? je lui demandai, hésitant.
- J'pense pas que tu veuilles me voir me découper de la viande..."

Je l'accompagnai malgré tout.


___________________________________


Elle court vers une salle différente, aux allures de laboratoire. Je la suis tant bien que mal, essoufflé car ne partageant pas sa condition physique. Elle attrape d'une main tremblante un scalpel traînant dans un tiroir, et m'ordonne de détourner le regard.
J'accepte à contrecœur, mais...

Non.
Je refuse de continuer à fuir.

Je la regarde se planter le scalpel dans le seul bras organique qu'il lui reste. Dans un grognement de douleur, elle commence à charcuter un lambeau de chair, dans l'espoir de le passer dans un synthétiseur capable de produire de quoi cesser provisoirement ses tourments.

"Arrête, je lui dis, en attrapant la main qui tient le scalpel.
- Non, NON! J'en ai besoin!" elle m'hurle au visage, hystérique.

Je lui tends mon bras.
"Alors arrête de te mutiler. Coupe-moi...coupe-moi un doigt, plutôt. Tu peux plus te faire ça.
Mais je le fais depuis des mois!
- Laisse-moi t'aider, merde... je lui répond en baissant la tête, de honte.
- Tu peux pas."
Je l'aide à immobiliser son bras sanguinolent, évitant son regard, combattant une envie grandissante de vomir.
"T'aider comme ça, alors."

Elle parvient finalement à extraire un bout de chair, et le dépose dans le synthétiseur. Elle se recroqueville ensuite sur le fauteuil de bureau, et se tient la tête, pour lutter contre elle-même.
L'impuissance m'étreint encore plus. Ce seul mot suffit pour décrire le tourbillon d'anxiété qui m'emporte. Inutile, faible. Ces qualificatifs se répètent dans ma tête, accusateurs. Je ne peux rien faire d'autre que de la regarder souffrir.
Elle lève soudainement la tête vers moi.

"Cours."
Elle passe sa langue avide sur ses lèvres, avant de réussir à articuler une nouvelle fois:
"COURS!"

J'hésite, plongé dans ce conflit qui me hante depuis que je la connais. Puis la peur l'emporte sur l'impuissance. L'indicible me prend par la main, et je fais malgré moi un premier pas en reculant, avant de tourner les talons, frustré contre ce que je suis.

De nouveau, j'ai fui, incapable d'apprendre des évènements passés. Est-ce la seule chose dont je sois capable? Promettre de relever la tête, de me battre, et courir misérablement à la première épreuve? Puis m'étaler de toute mon incompétence? Combien de fois je vais recommencer ce cycle?

Je sors en trébuchant du petit laboratoire, l'abandonnant à son sort...et croisant Syllanh, inquiète de ne pas nous avoir vu revenir. Je l'attrape par la manche, paniqué, tentant de l'emmener loin d'elle. Elle se débat...un grognement sourd se fait entendre derrière nous. Je me retourne, lâche sa manche, et recule d'un pas, terrifié.
Elle se tient face à nous, du sang coulant de sa bouche et de son bras scarifié. Son regard affamé nous perce.
Mais Syllanh ne la craint pas. Tandis que le corbeau s'avance, elle la fixe d'un regard de défi, un rictus mauvais dessiné sur le visage.

"A nous deux...", lâche Syllanh en direction d'une Shaia bestiale.

J'attrape le kanuf dans ma poche de blouson, puis je reste tétanisé. Qu'est-ce que je vais faire avec cette lame? La blesser, la tuer? Qu'est-ce que ça va changer à la situation? Elle reviendra, encore plus déterminée...et encore faudrait-il être capable de lui faire du mal...en avoir la force.
Je suis faible.

Pendant ce temps, le corbeau saute sur Syllanh, serres sorties...et glisse sur son propre sang, s'étalant par terre. Syllanh s'approche, en ricanant, pour la saisir à la gorge. Mais elle sous-estime la vivacité de Shaia, qui lui assène un coup de serre en plein visage.
Incapable de changer les choses.

Syllanh feule sous la douleur, encaisse le coup, et se jette à son tour sur elle. Elle la plaque au sol, enchaînant les coups de poing en plein visage. Shaia, mue par une volonté animale, la repousse à coups de serres, en plein ventre, et au visage.
Non, non, non. Tu peux aussi te battre!

Syllanh attrape les cheveux de la cannibale, plaquant sa tête au sol. Je saisis l'opportunité pour rentrer dans la mêlée. Je lâche mon kanuf, et j'attrape mon havresac, que j'envoie de toutes mes forces dans le visage de Shaia. Le sac percute sa cible avec un bruit métallique, auquel s'ajoute la sonorité craquante d'un os brisé. Je m'immobilise, effrayé à l'idée de lui avoir brisé la nuque, ce qui laisse à Syllanh, désormais enragée, l'occasion de s'acharner sur Shaia.
"Arrête, ARRÊTE, tu vas la buter!"

Je tente de la stopper. Shaia...non, Faucheuse choisit ce moment pour repousser Syllanh de toutes ses forces. Déséquilibré, je bascule avec elle. Je me relève juste à temps pour empêcher Faucheuse de s'en prendre à Syllanh. Je réussis à la plaquer contre la centrale de vente. Je relâche ma prise, la voyant sonnée.

J'hésite. Erreur fatale.

Elle me décroche un uppercut incroyablement puissant de son bras cybernétisé, qui me propulse à plus d'un mètre. Je m'effondre dans un bruit de côtes et de maxillaire brisés au sol, hors de combat.
Mais elle ne veut pas s'en arrêter là. Elle se jette sur moi, me lacère sans répit. J'hurle de douleur, me débattant vainement. Syllanh essaie d'attirer son attention, en vain. Je n'entends même plus ses provocations, encore assourdi par les acouphènes provoqués à cause du coup de prothèse.
Aide-moi!

Les coups de serres se suivent, s'approchant toujours plus de ma gorge. Le sang gicle, les plumes s'arrachent.
Arrête de la provoquer, ET AIDE-MOI!

Mes mouvements faiblissent, ma vision se trouble. Finalement, j'expose trop mon cou; son regard cruel croise le mien, et elle m'adresse un sourire carnassier, avant de me trancher la carotide et la trachée d'un même geste. Mon dernier cri s'éteint dans un gargouillis immonde, alors que le sang, éjecté par une pression de cent cinquante millimesures de mercure, se répand autour de moi, sur le visage extasié de la tueuse, sur ses mains. Tandis que le flot diminue déjà en intensité, je sens une flaque se former autour de moi.
Je ne vois même plus son sourire dément, je ne vois que l'obscurité.


J'ai froid...même l'obscurité à disparu, maintenant.


Je ne sens plus rien.


_______


Où suis-je? La seule chose qui me parvient encore sont des bribes de paroles. Je n'ai plus mal. Mes côtes ne me font plus mal. Je n'ai plus besoin de respirer...?

Des menaces, et des bruits de lutte. Encore.



J'entends une ombre, je vois une lumière. Elle disparaît. L'ombre a gagné.



Je disparais.


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