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EDC de Swan~3150

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26. Songe, croyance & ignorance (2)

Un avertissement ou un simple cauchemar?
Je me souviens de cette bête horrible que j’avais rêvée. La bête présumée de l’arène qui d’après les rumeurs entendues ne ressemblait en fait en rien à la mienne. Cette bête dont ma kobolde se sert pour refouler ces pensées que je lui suggère en riant. Ces pensées qui ont pour trait tout ce qui se rapporte à l’amour et à ses caresses. Ces pensées qui sont devenues mon cauchemar à moi.
***
Allongée sur ma droite, les yeux clos, les mains posées paume contre paume, sous ma joue. Je sens une ombre se pencher au-dessus de moi dans mon sommeil. Elle semble à peine imposante. Elle m’enveloppe d’une chaleur, devenant glaciale. Elle me fait rouler sur le dos et me plaque sur un matelas soudainement rigide et douloureux. J’ouvre les yeux.
Il fait sombre, tellement sombre. Les ténèbres sont tout autour et seules des flammes jaunes tremblantes, s’échappant de bougies disposées en rond autour de moi, éclairent les alentours. Le sol pierreux est craquelé et terriblement froid sous mes jambes et mes bras nus. Je lève les yeux.
Des formes noires s’avancent derrière les flammes sans s’avancer plus. Elles sont encapuchonnées et je ne discerne que leurs mains jointes. Elles ricanent. Des voix féminines qui se moquent dans un rire aigüe et effrayant, couvrant ma peau de frissons incontrôlables. Deux formes, à ma gauche, et à ma droite sont plus droites et imposantes que les autres. Elles passent leurs mains sur leur capuche et découvrent leur visage pâle, à la fois sévère, et à la fois moqueur. Deux humains. Une femme et un homme. J’écarquille les yeux.
Leurs regards sont aussi brutaux qu’une rafale de décharge farin. Je suis glacée et pétrifiée gisant toujours par terre. Ils m’étudient de toute leur hauteur et je les vois ouvrir leurs lèvres et laisser apparaître leurs dents ressemblant à de légers crocs dans un geste provocateur, avant de refermer leur bouche moqueuse. Pourtant, leurs traits sont tellement élégants et attirants. Les cheveux bruns de l’homme tombent si souplement autour de son visage harmonieux et familier, un air malin dans son regard. Le visage doux et sensuel de la femme, entouré de cheveux tout aussi bruns, contraste avec le regard froid qu’elle me lance. Ils sont si beaux, mais ont l’air si cruel. Je ferme les yeux.
Ma vision se floute. Mes poignets me font terriblement mal, mais mon corps semble paralysé. Seuls mes yeux peuvent faire un point sur la situation désespérée du cauchemar. La distinction dans le songe se refait petit à petit alors que j’entends devant moi des grondements de voix, sans paroles. Je vois à nouveau clair. Le cercle de bougies a disparu. Comme si un simple clignement des yeux pouvait tout effacer. Cependant, les formes sont toujours là et elles me narguent. L’homme et la femme se tiennent devant moi. Lui, approche son visage, me faisant reculer, forçant ma paralysie, me poussant dans mes retranchements. Je réalise alors que mes poignets douloureux sont serrés dans des chaînes rouillées et brûlantes. Mes yeux s’embuent.
L’homme plonge son regard dans le mien, tandis que j’aperçois brièvement la femme derrière lui, semblant lui souffler de ne plus attendre. Les formes encore plus en arrière ricanent encore de leur voix aigüe et hurlent "Naïve, Ch’veux’Vert, naïve!" en cœur. L’humain passe une main dans son dos et fait apparaître une dague. Son regard est sadique, mais n’est encore rien comparé à celui de l’humaine. Il fait glisser la lame le long de mon cou, écorchant presque tendrement ma peau. Je n’arrive pas à baisser les yeux, de peur qu’il me tranche net. La lame est glaciale et je sens l’odeur du sang qui se répand dessus sans en voir la couleur. Je cligne douloureusement des yeux.
Mon cœur bat bruyamment dans un vacarme assourdissant jusqu’à mes tympans. Les frissons continuent de prendre possession de mon corps entre la peur, la souffrance et le froid. L’homme fait glisser la lame jusqu’à mon oreille. Je frémis de terreur. Il me sourit machiavéliquement. La femme semble tressaillir de plaisir, se mordant la lèvre tandis que l’humain tranche ce membre, qui me sert d’âme et de cœur, dans un geste précis et expert, faisant gicler le sang noir sur son propre visage. Je veux hurler à la mort, d’un cri à déchirer leurs âmes et rendre sourdes ces formes vicieuses. Seul un étouffement écœuré se fait entendre sous les éclats de rire des capuches noires secouées par leurs sons sadiques. La douleur me transperce de long, en large, en travers, elle fait éclater mon âme en mille morceaux, alors que l’humain entreprend de découper l’autre oreille. Je baisse les yeux, observant mon sang tacher le sol gris.
Un éclair lumineux foudroie alors les lieux, qui ne sont rapidement plus. Je suis éblouie. Tandis que ma main retrouve une oreille ensanglantée sur le sol à tâtons. Coupée de ses racines, tombant alors en poussière, je sens qu’elle m’échappe, alors que la douleur lancinante là où elle a été arrachée s’atténue, au fur et mesure que la lumière s’apaise. Je Le vois apparaître dans sa tunique blanche, le visage invisible. Il me toise, alors que je suis sur les genoux, complètement nue à présent. Complètement à la merci du songe. Seule une boîte à la fois froide et chaude pend à mon cou. Cyrius est toujours aussi silencieux. J’ouvre grand les yeux vers Lui et Sa Gloire.
Ma voix est de retour, puisque j’arrive à prononcer ces simples mots…
"Un jour, je serai grande, Imperator."
Il se contente de tourner les talons, comme s’il avait entendu ce qu’il y avait à entendre. Et Il disparaît dans Sa Lumière. Je suis sur le point de me relever, lorsqu’une deuxième silhouette fait son apparition, vêtue d’une veste de cérémonie bleu clair.
"Un jour… et jusque-là… restez discrète."
Je ne comprends pas pendant quelques minutes. Qu’est-ce que cela signifie? Mes yeux tentent de distinguer ce deuxième visage invisible à la voix claire et amicale, quand l’évidence se fait.
"Hujan?"
Il émet un léger rire, un rire chaleureux. Puis, il repart suivant les pas de son frère, faisant éclater le rêve.
Je me réveille en sursaut, plaquant mes mains sur mes oreilles. Tâtant, caressant, pinçant. J’ai le souffle court, affolée par le songe et cette folie qui me surprend dans mon sommeil. La place à côté de moi est vide. Mon regard fait le tour de la chambre, avant de m’écrouler entre mes genoux, les mains toujours plaquées sur mes oreilles.
Un jour, je serai grande, Hujan.

◊ Commentaires

  • Valmont~32607 (178☆) Le 03 Février 2013
    Ah ben je comprends mieux... Très beau récit, comme toujours. *Part affuter une dague.*
  • Ladoria~7869 (221☆) Le 03 Février 2013
    Nom d'un p'tit troll poilu en tutu!
    Tente de nouvelles idées de cauchemars moins glauque. Ou... Peut-être pas en fait.