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EDC de Liouli

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[Event] Crépuscule d'Apocalypse. (Non référencé)

Le niveau de désespoir et de radiation avait grimpé en l'elfe et atteignait son point, comme une suture, culminant, le dernier jour. Au fil de gouttes qui joignaient le ciel et la terre, semblant rapprocher ces deux bords comme pour en faire se refermer la plaie sur les existences.
La souffrance d'un énième accès de conscience l'avait amené à implorer celui qu'elle chérissait à mettre fin à l'affre de son empoisonnement qui la rongeait continuellement. Bien que dans la tourmente d'avoir à abattre sa dulcinée, il avait accédé à l'éplorée doléance.
" Enfant de Thalys, qui ma vie consume au milieu du bitume et du béton en guise d'horizon, de l'anthracite du smog moribond à celui posthume des environs.
En dehors des quelques corps pas encore maladifs arborant leurs festons festifs... Je m'étais dite que le gris était la seule couleur naturelle et telle je m'étais faite raison, funèbre mais capable parfois d'en faire l'oraison.
Autour de moi s'étirait un paysage inédit, composé d'inconnu. Un tapis torpide mordoré, tantôt glissant et tantôt crissant, sous mes pieds à chaque pas, à perte de vue. Percé de milliers de piliers hauts de disaines de pieds qui se ramifiaient et formaient en leur sommet, une voute complexe et percée comme un corps face à une sulfateuse. L'étrange mosaique de ténèbre et de lumière laissait passer une blafarde lueur bleutée.
Et alors que je tentais de comprendre ce décor que je contemplais, j'entendais, feutrée et mortifiée une voix qui entonnait morne comme une litanie :
" Un siècle s'est écoulé depuis la fin de la civilisation des Hommes. La chute fut bien plus brutale qu'on ne l'avait imaginé. La décadence avait enfin parachevé son œuvre. "
Ici, au centre de cette scène imaginaire, sur des corps éthérés, la mort apposait sa main froide: l'un, vieux, portait un feu qu'il lui fallait léguer.
Le gamin devant l'âtre tendait ses maigres mains, se serrant au plus près du vieillard édenté.
"Lorsque que me fut tendu la lumière pisseuse à l'agonie du beau, plus rien ne subsistait pour en graver l'écho. Mon grand-père alors, me transmit dans un rythme, le vivant souvenir de la lente agonie, de la mémoire des nôtres, quand la beauté lassée ne nous sauver en vain, s'est éteinte dans le givre où se mourraient les âmes.
À la lisière des songes, telle un spectre chagrin enclot dans les ténèbres, une ultime étincelle, un espoir aux Enfers, qui brûle la prunelle, quand se prolonge en elle, ce regard né hier.
Me voici à mon tour, à te transmettre les paroles portées jadis par ceux qui se prolongeaient en nous, les mots des morts, mis dans nos bouches par les pères de nos pères et tous ceux qui avaient gravé en eux le moment de la fin...
" À deux pas de l'abîme où résonnait l'écho
Du chant long et putride porté par le troupeau,
Sans même une contrainte en pointe de couteau
Soumis en foule tiède allant payer l'écot,
Ce peuple rendu stupide, moi je l'aimais encore
Même laid, même lâche, même vendu pour 62 crédits,
Au déclin de la race qu'il l'a complétement anéanti,
Haïssable et mesquin, engeance de Pandore,
Je me pointais du doigt en fixant sa faiblesse
Empreinte de vanité, parodie de noblesse
J'enragais de cette fin, prévisible et brutale,
Au terme d'une corruption qui évidait les âmes,
Où se mirait Pandore dans le miroir infâme
D'yeux morts à la beauté, sécheresse fatale".
"La pauvreté se fît dans les esprits, portant l'obscurité où s'étiolait un monde.
Le cercle de la raison parla par des bouches qui firent puer les mots. Ils ne furent plus alors, ce qui nomme les choses, mais le voile du mensonge comme une porte close.
On maquilla l'infamie aux couleurs de la banalité, jusqu'à l'habituation, jusqu'à ce qu'il y ait scandale à recracher le poison.
Faire montre de velléités à résister à l'injustice fût bientôt intolérable.
Refuser de se soumettre au supplice avec une ferveur de martyr, jetait celui qui avait le mauvais goût de résister aux déprédations en centre rééducatif, gavé de drogues jusqu'à afficher dans sa chair et ses yeux les langueurs extatiques du très saint Dromechaotique.
Les exigences d'une expression conforme à leur morale en chausse trappe finirent par ôter à notre peuple le Dire-Vrai.
Au sein des secteurs qui, jusque là, craquelaient en fissures, s'édifièrent bientôt des enceintes autour de "zones rouges".
On m'a dit que la vie, y mimait l'éternité, cependant qu'au dedans, la guerre devint la norme, la famine et la radiation et la terreur sans nom, puis les nuées de vermines se dévorèrent entre elles.
Ce fut tous contre tous, le massacre, ultime économie, engloutis la société des hommes, qui furent moins que des bêtes, car crois-moi mon enfant, aucune bête ne s'abaisse à ce qui affleura alors.
On s'éloigna des abris, dont on voyait le faste dès la tombée du jour, en oasis de lumière dans la foire aux ténèbres, en oasis mortelles pour la plèbe à pellagre qui osait s'approcher pour en gratter l'aumône.

Des drones en essaims dispensaient sans compter une mort rapide à ceux que la folie pointait du doigt.
Les meutes verdâtres, comme des plaies divines, parcoururent en razzia tout Dreadcast. Ils ne savaient que prendre sans rien semer que des cadavres.
Les premiers-nés, depuis longtemps rabougris à n'être plus que des individus dénués de ferveur commune, avaient perdu les valeurs du groupe et le goût du sacrifice.
Alors ne subsistèrent que de maigres enclaves, lieux où s'étendaient, parée de violence froide, les dures lois d'airain qu'on avait oubliées...
D'autres racontent qu'après avoir ravagé Kepler à en épuiser sa terre, ils en abandonnèrent le corps au terme d'un périple par delà les murs de mines flottantes, regagnant la terre de leur ancêtres.
Les cohortes de damnés dénuées de compassion laissèrent derrière eux mères et sœurs. Ils laissèrent aussi dans leur odieux sillage, le poison capiteux de leur ressentiment qui dessiqua les cœurs.
Nous fûmes monstrueux...
Ce qui fut un monde ne s'est jamais remis de cette curieuse alliance des déracinés d'en haut et de ceux d'en bas..."
"Sous le ballet sporadique des bombes sur les villes, la terre et le ventre des femmes sont devenus stériles.
Les habitants de la cité sont devenus autres...
Nous sommes la fin des hommes, la fin de l'âme.
Un chant qui se meurt que personnne ne l'entonne."
"Sois ce souffle qui garde vive la braise.
Sois l'espoir aux Enfers."
Je m'éveillais, sonnée de ma mort, ces mots résonnaient encore.
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HRP : hommage à un pangol1 mal1.
Délire inspiré à mon elfe par ses lectures ainsi que les évènements de cet année, le tout mélangé dans une bouffée psychotique.
La fin du désespoir est arrivé.

◊ Commentaires

  • Barshabba (126☆) Le 25 Septembre 2022
    Et les mots résonnent si bien !
  • Mara (391☆) Le 25 Septembre 2022
    Père Écureuil, raconte-nous une autre histoire! smiley