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A perpétuité !

J’ouvre les yeux.
Une fois de plus, comme il en a été des dizaines de fois, comme il en sera des milliers d’autre tout au long de cette éternité dans laquelle je plonge toujours plus profondément.
On ne se sent jamais bien quand on se réveil de la cuve… cette impression d’être déphasé, de piloter son propre corps en retrait, cette migraine, cette faiblesse intolérable…
Le problème c’est que je ne suis pas mort.
Je ne reconnais plus mon corps, il ne me répond plus, ça n’est pas le mien.
Si frêle, si mince, j’ai un frisson de dégoût quand de ma main je sens le tranchant de mes côtes.
J’ai beau ne pas être mort, quelque chose à disparu.
Je me lève, j’ai l’impression de ne plus rien peser. Eviter instinctivement la moindre rencontre, la moindre bousculade, parce que j’ignore si j’arriverai à m’en relever.
Je grelotte… j’ai si froid… je suis gelé de l’intérieur mais pourtant je sens une présence en moi, quelque chose de nouveau qui crépite… non… qui gronde… qui hurle… quelque chose qui me permet d’avancer ce corps autour duquel mes vêtements flottent à présent.
La nature a horreur du vide. Je peux désormais en faire l’expérience dans ma propre chair, sentir cet intrus qui ne cesse déjà de m’être toujours plus familier, d’être le liant de mon âme.
La nature a horreur du vide… mais qu’en est il quand c’est de l’horreur que vient la création ? Est-ce contre nature ?
Même dans la sécurité de mon foyer retrouvé, je ne veux pas me regarder...
pas encore…
Assis sur le lit, nu, je me passe une main dans mes cheveux rêches. Je monte la température.
Mes entrailles se nouent alors que l’image furtive d’un sourire édenté prend place dans mon esprit. Ma mâchoire se crispe, mes propres dents grincent, cette chose qui a pris naissance en moi ne fait que grandir, enfler.
Je la sens parfois tellement irradier au quotidien que je m’étonne de ne pas être décelable depuis l’autre bout du secteur.
C’est encore pire au réveil, le lendemain, alors que guidé par le comportement automatique de mon corps qui se réveil, voilà que le regard, couleur or, d’un inconnu me toise.
Par réflexe je détourne les yeux.
Il y a quelque chose de dérangeant dans ce regard, quelque chose de malsain, de violent. Il me prend la sensation, durant un bref instant, d’être une complète sous merde mais mon amour propre me commande de relever les yeux afin de faire comprendre à cet intrus que je suis chez moi !
Je me retrouve seul avec moi même, le miroir rend son verdict, implacable :
La déchéance génétique ! A perpétuité !
Vous ne faites plus parti du genre humain !
Je pourrai éclater de mon poing l’outrage qui m’est fait… mais vu sa légèreté j’ai bien peur que ce ne soit lui qui cède le premier.
Le moindre fragment de remord, ou de regrêt, est depuis longtemps broyé, digéré, désintégré… Il y a quelque chose en moi d’anormal, une énergie qui ne devrait pas exister, ça enfle, ça se relâche, à chaque respiration je sens cette chose prendre ses aises dans ce qui est à présent sa demeure éternelle.
M’acheter des lunettes cybernétique est mon premier réflexe, elles ne me quittent presque plus, évoluant au fil du temps mais j’en suis même à les garder jusque sous la douche, quand je baise...
Il faut que je sois à la prison où qu’une main, qui m’a empoigné le membre auparavant, ne vienne les enlever, poussée par une curiosité malvenue, pour que mon regard de prédateur se dévoile enfin.
Prédateur n’est peut être pas le mot approprier… quoi que ?
Peut on nommer quelque chose, quelqu’un, “Prédateur” quand ce dernier ne cherche pas à se cacher, traquant implacablement sa proie, écrasant, détruisant, balayant tout sur son passage sans se soucier des conséquences, ressentant à peine les caresses de quelques parasites insignifiant qui s’agitent vainement dans le but de le ralentir afin de s’agripper à lui, de sucer sa vitalité ? De s’approprier une considération qu’ils ne méritent pas ?
Je ne suis plus Humain… C’est terminé, à tout jamais, il n’y a plus de retour en arrière possible.
Je me suis arraché de ma chair, forçant ma transformation afin de devenir une arme dont le tranchant ne cesse de devenir plus acéré, dentelé, empêchant les plaies, les chairs, de se refermer là où je passe.
Je tranche, je balaye, je fauche, je récolte les trophés que mon arme implacable ne cesse de m’apporter. A mesure que le temps fait son macabre office, mes pieds broient les puces de ceux qui pensent m’arrêter, me ralentir, je foule de mes pas leurs innombrable caissons cryogénique dans lesquels ils s’enferment pour l'éternité alors que je m’élève toujours plus haut, sans un regard pour eux.
Je ne vous lâche pas, n’espérez aucune clémence de ma part, c’est terminé. Vous allez répondre de vos actes, tôt ou tard, car cette chose que je suis a l’éternité pour elle.
Un conseil, visez juste et visez bien, car vous n’avez qu’un nombre de chance limité de vous en sortir si il vous prend l’idée stupide de m'abattre.

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