EDC de Climax~44583
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5. Fumeux fantasme
Une gitane se mourrait entre ses lèvres pincées, la fumée acre faisant a demi disparaitre le visage de Lucius dans la pièce obscure que seuls quelques néons blafards illuminaient. L'atelier de son studio était un désordre maitrisé où s'enchevêtraient ouvrages, notes, croquis, vivres et objets divers avec une logique discutable. Ses mains gantées tenant un large marker noir laissaient glisser l'encre sur une large page qu'il avait accroché à même le mur pour s'y confronter debout. Ses mains dirigeaient le traits en quelques courbes brisant les lignes, cherchant a définir le squelette de sa prochaine œuvre.
Les sourcils froncés il recula d'un pas.
Insatisfait, ça n'allait pas.
Il jeta le mégot à même le sol et l’écrasa dédaigneusement du pied avant d'aller s'affaler dans ce vieux canapé qui gisait dans l'angle de la pièce. Les basses étouffées d'une hi-fi mal réglée déversaient leur ambiance lourde d'un remix de techno sombre comme on en entend dans les bas-fonds. La fumée du tabac fut remplacée par celle plus provocante d'un mort'gane. Un alcool fort et capricieux qui s’immisçait dans sa tête comme on prend une catin dans le Sud. Il inspira la fumée d'un rose vulgaire par ses narines, ses yeux clairs ne se détournant pas de la silhouette qu'il venait de coucher sur le papier face à lui.
Picotement, sensation désagréable et enivrante a la fois d'une inspiration d'alcool qu'il rejetait en quelques volutes fumeux d'une expiration. Juste un seconde qui vous excite avant de vous quitter. Le corps désarticulé d'une femme sans visage attendait immobile qu'il lui donne vie, en équilibre sur ses jambes de métal.
Reposant le verre la où il se trouvait avant de ne se trouver vidé de son contenu, Lucius se leva et alla arracher son esquisse d'un revers de main brutal.
La pose n'était pas assez expressive, l'histoire vide de sens, l'image trop lisse. Son imagination qu'il tentait de stimuler par l'alcool se voyait bloquée par la barrière froide de sa mémoire. Il ne voulait pas dessiner la femme parfaite, il y en avait déjà bien trop en ville. Non, ce qui l’intéressait était tout ce qui venait de l'ombre. Celles que personne ne regardent sinon avec dégoût. Dans un plaisir pervers il déversait ses fantasmes les plus malsains sur les toiles, se délectant de créer des corps nus aux cotes saillantes, des membres marbrés de cicatrices, des visages fades et délavés aux yeux ternes.
Ses dernières lubies étaient les cyborg, de ceux qui transpirent la douleur et l’inhumanité de part leur choix de de devenir en partie machine. Cette nouvelle obsession s’intensifiait depuis qu'il avait lui même due se faire poser des prothèses aux genoux quelques années auparavant.
Mais il n'arrivait pas ce soir à représenter sa nouvelle égérie a ajouter à sa petite collection.
Mais il n'arrivait pas ce soir à représenter sa nouvelle égérie a ajouter à sa petite collection.
Trop statique, sans âme.
Ça n'allait pas.
Ça n'allait pas.
Il lui fallait faire parler un vrai corps s'il voulait lui donner vie dans sa galerie.
Cette pensée lui insuffla un sentiment de désir qu’exacerbait son état alcoolisé.
Dans son état de transe où ses fantasmes florissaient, Lucius étendit une nouvelle page et reprit son marker pour souligner les lignes d'un corps mécanique aux charmes qui ne touchaient que lui.
Les quelques traits esquissés, il enfila sa veste de cuir et s'en aller chercher une inspiration un peu plus concrète là où il savait qu'il pourrait en trouver.
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Carnet de Suie
04 Juin 2014
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