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EDC de Climax~44583

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4. Un homme avec personne dedans

Il devait être de service ce soir-là.
Quelques heures avant de se rendre au Carpe Diem, il s'adonnait a la représentation d'un homme illustre du passé qu'il devait présenté dans l'heptade lors d'une soirée commémorative. Il venait d'achever de donner des traits à un homme qu'il n'avait jamais connu mais que toutes les lèvres murmuraient avec respect. Il n'avait pour cela fait qu’éplucher la presse, les archives, lire et relire les discours et les ouvrages, visionner encore et encore les conférences, retourner en tous sens une biographie pour mieux s'en imprégner.
Assez satisfait du résultat, il apposa son cachet en guise de signature et s'en détourna pour se préparer à prendre son service. Il n'habitait qu'une rue sous le bar, mais il aimait avoir toujours un peu d'avance.
Sa veste en cuir sur le dos, son vieux chapeau de cow-boy bien enfoncé sur le crâne il sortit alors comme il le faisait chaque soir. Quelques pas à peine plus loin, il ne faisait pas attention.
Une douleur vive vint surprendre sa marche, puis le néant.
***

Il s'était éveillé quelques heures après dans une pièce lugubre mal éclairée et jonchée de déchets. L'odeur y était insupportable, l'air lourds et humide, portant des germes étouffant dont il ignorait la nature.
Surgit alors l'ombre de celui qui serait bientôt sa Némésis pour près de 24 cycles horaires.
Une douleur lancinante lui tambourinait le crâne, il levait la tête incrédule et sonné sans comprendre ce qu'il faisait là.
Tout ce qu'il savait de son agresseur, c'est qu'il était plus grand que lui. Mais la sorte de cape large composée d'un patchwork de chemises qu'il portait ne laissait pas même d'indice quand à sa carrure. L'obscurité ne laissait rien distinguer d'un visage qui était de toute façon totalement masquer sous une capuche. Il s'exprimait par l'intermédiaire d'un changeur de voix, lui donnant un timbre métallique que l'environnement rendait effroyable.
Il, Elle ? Lucius ne pouvait pas même émettre de supposition.. mais pour ce qu'il se passa ensuite, il en fit une succube aux noms divers. La souffrance, la douleur, la conscience, la vérité. Sa Némésis.
S'il s'essaya dans les premiers temps a impressionner sa tortionnaire par son indifférence, Lucius déchanta bien vite.
- "Je m’intéresse peu aux faits divers.."
  • "Qu'est ce que ça fait d'être devenu un fait divers, alors ?"
Commença alors la torture, qui durerait un temps qui lui semblait infini. La violence des coups, de ses cris, des mots que lui assénait sa persécutrice pour le détruire au dedans autant qu'au dehors.
- "Je ne suis personne.. personne ne viendra.."
  • "VOUS N'ÊTES PAS PERSONNE !!!"
Ses deux genoux avaient été brisés a coup d'outils mécaniques primaires, deux de ses doigts coupés avec une brutalité maitrisée. Il avait finit par s'évanouir sous la pression et la douleur. Sa peau poisseuse portait la marque de toute la misère humaine dans un mélange de crasse, de sueur, de sang, et de liquide lacrymale.
Il avait alors été abandonné à sa triste condition, sanglé dans sa solitude.
L’indifférence qu'il avait éprouvé a l’égard des précédentes victimes, la populations la répercutait à son égard. Son bourreau avait raison, même s'il n'avait pu l'admettre.
Il était une petite bougie qu'on laisse fondre seule dans une petite chambre noire.
Illustre aliénée s’élevant avec fluidité à l'altitude limite de la folie ainsi ligoté de ses liens de douleur.
La flamme vacille et s'affaiblit pour finalement s'éteindre..
***

Le Cercle de l'Orient avait fini par le trouvé. Scène dont il avait à peine conscience.
Il avait été soulevé, tel un jouet désarticulé, emporté jusqu'à l’hôpital pour y être réparé.
Mais il y aurait toujours des pièces manquantes.
Ses genoux seront remplacés par des prothèses artificielles. Ses doigts resteraient absents.
En attendant, il se trouvait de nouveau sanglé dans un fauteuil roulant maintenant fermement ses jambes raides entre deux attelles.
"Je porte le deuil de mon âme"
.
Mots qu'il n'avait pu dire tant la parole lui semblait alors aussi abjecte que douloureuse. Trop de cris, de pleurs, de peur, de honte, d'indifférence et de souffrance, étaient sortis d'entre ses lèvres en ces quelques jours de captivités. Il ne pouvait se résoudre à autre chose que se cloitrer dans un silence qu'il espérait salvateur, laissant bouillonner toute sa haine, son incompréhension et son angoisse bien silencieusement pour mieux laisser exploser la mixture sur une page, une toile ou dans le reflet d'un miroir.
"J'ai a imager ce que je ne peux dire.
Cette heptade je fais le deuil de mon âme.
Le silence s'impose.
Jusqu'à ce que mes jambes me portent à nouveau.
Et que je me dresse en homme de foi.
En moi même et en tout le reste."
Il était à la fois le plus fou et le plus conscient des êtres peuplant cette ville putride.
L’expérience l'avait changé, en quoi, il l'ignorait lui même et il lui faudrait longtemps pour en dessiner les contours.
Une fois rentré chez lui, dont il ne pouvait plus bougé, il avait attendu, longtemps. Médité. Puis trouvé à son chevet un coffret contenant son majeur sectionné. Traumatisme et mutisme. Il avait alors pris les armes, les mots, qu'il maniait et remaniait avec le plus grand soin, ayant prit conscience de leur pouvoir.
Il commença la rédaction de ce qu'il nomma "La règle du Je".
Pour tuer un homme : il ne faut pas une arme.
L'arme tue la chair. La torture entraine la douleur. La douleur fragilise l'esprit.
Et la alors, ce sont les mots qui détruisent l'homme.
On tue avec des mots.
"C'est vous qui tirez, c'est eux qui m'achèvent."
.
De l'attitude a prendre avec les tyrans ? Le tyran c'est moi.
Qui ai martyrisé un corps vide sans chercher à le remplir et en méprisant la règle du Je.
J'étais une image parfaite d'un homme fade à l'âme brumeuse qui s'étiole.
Un homme avec personne dedans.
La douleur à détruit l'enveloppe pour chercher à remplir ce qu'elle contient.
Et ainsi construire le Je que le Moi n'avait pu esquisser.
Je ne suis personne. Personne ne s'en préoccupe.
J'étais indifférent aussi, comme tout le monde. Comme personne.
Mais la personne veut être l'unique et devenir quelqu'un.
Devenir un homme avec une personne dedans.
Personne comme absence ou comme trop plein de Je.
Il ne tiens alors qu'à l'homme d'en décider et de remplir ou d’évider son âme au fil de la conscience qu'il en prends.

Informations sur l'article

Carnet de Suie
29 Mars 2014
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◊ Commentaires

  • Manerina~6356 (1567☆) Le 29 Mars 2014
    "La règle du je" est juste... *.*
  • L-X~19531 (1540☆) Le 29 Mars 2014
    Arf... un psychopathe en puissance! Fallait bien ça, tiens... Un de plus dans l'entourage de la bleue, mais bon, elle a l'habitude!
    Btw... quelle force dans les mots, quelle poésie dans le glauque. Sincèrement.