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EDC de Archimède~46401

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Kief

In love with a ghost
I was feeling down, then i found a nice witch and now we're best friends
J'étais étendu, mon corps trop grand sur le sofa jaune ; qui sait, cette fois, ce qui m'avait sorti de ma torpeur ?

Dans l'espace immobile de l'appartement, l'air était plein du silence de la pièce et du temps, des odeurs que ma mémoire ranime, comme lorsqu'un sens éclate en mille souvenirs, et que la pensée s'empreint d'une langueur nostalgique ; je me sentais comme celui qui s'assoupit en ayant trop chaud et qui s'éveille le corps gourd et encore en sueur, incertain de qui il est et d’où il se trouve. J'avais besoin d'une douche, qu'elle laisse mes cheveux boire et mon âme se revigorer. Entre mes orteils aux ongles durs et sombres comme l'obsidienne, les poils doux, gris du tapis me chatouillaient doucement, et j'avais comme une envie de café, ou d'alcool, ce qui était singulier, puisque je n'en buvais jamais - mais le café ravivait l'odeur de mon frère, et l'alcool celui de ma jeunesse (j'étais, ne l'oublions pas, le gardien des souvenirs, celui qui maintient en vie ceux qui se sont enfuis de l'éternité). En y réfléchissant, me disais-je, tandis que, me dévêtant, mes vêtements jonchaient peu à peu le sol dans un damier noir et blanc comme une fausse fourrure, tous ceux que j'avais connu avaient aujourd'hui disparu, ne laissant derrière eux que des effluves dans mon esprit ou dans mes draps, et un secteur vide de toute valeur intellectuelle, ou même d'un quelconque intérêt en terme de sensibilité, d'émotion.

L'ardeur de l'eau, sa pugnacité à marteler mon dos rêche d'écailles noirâtres, chassèrent mes idées noires comme le vent qui précède la tempête, et puis je me trouvais élégant, dans le miroir de plein pied, même ainsi, nu – je me souris, l'air un peu idiot mais presque serein, les cheveux entremêlés cascadant sur mes épaules pâles. Je respirais à plein poumons l'air frais et conditionné pour me ranimer et ressusciter mes belles idées et mes idéaux – faire barrière à la Fin, qui n'est qu'une imposture, pour ne pas entrer dans les détails - lorsque l'absence de mon ensorceleuse m'apparut, pleine de violence comme lorsqu'un robinet mal réglé éjacule au quart de tour son flot indésiré, tachant les costumes et les amours-propres. Le plaisir de la douche s'en fut aussitôt, et je suffoquai un instant, incapable de me reprendre ; dans mon inadvertance d'être hors du temps, j'avais oublié l'autre, le plus important, qui s'effrite sous l'éternel cliquetis mécanique ; je l'avais oubliée comme elle avait oublié un vague parfum et des cheveux roux, épars, sur l'oreiller, comme pour signer son absence.

Alors j'eus envie de m'endormir à nouveau, perdant toute ma force, l'énergie m'abandonnant comme une bouteille percée, alors je sentis la culpabilité, la honte et l'angoisse, tout à la fois, qui roulèrent sur ma douce ataraxie, alors je me souvins de mon communicateur - sans doute avait-elle laissé quelque ultime pamphlet que je n'oserais consulter. Mes pas m'avaient mené à l'extérieur, et l'anxiété avait broyé ma gorge comme si quelque brute pressait ma pomme d'Adam tandis que l'âpre du smog me gagnait les naseaux ; au décompte de trois, je consultai sa missive, sur l'écran pâle dans la brume vespérale. Elle était bien trop douce, mais c'est l’amertume qui me gagnait, sinon les larmes ; j'avais pressé le pas, anxieux comme une démoulée à la nuit nuptiale, mais sa bâtisse était bien trop vide, stérile comme les landes du secteur Orion, et c'était mes sentiments, mon romantisme qui étaient en friche.
J'étais étendu, mon corps trop grand sur le sofa rouge ; qui sait, cette fois, ce qui me sortirait de ma torpeur ?

Informations sur l'article

Élucubrations journalistiques
22 Février 2017
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