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Le Ventre de la Guerre

Voilà des années qu'il n'avait pas prit le temps de vraiment cuisiner. Cuisiner avec passion, avec amour, pour la tradition, pour lui même.
Mais le destin avait rendu l'apport de viande véritable tellement évident, tellement flagrant, palpable, qu'il ne pouvait en être autrement. Il fallait sublimer les saveurs, extraire les sucs, faire honneur aux proies si généreuses, malgré elles.
Le déclic s'était produit en Secteur Rebelle. L'instant avait été comme un schéma parfait. Une géométrie sans faille. L'appel de la guerre et celui de la liberté du guerrier en terre ennemi, sans autre cadre d'action que celui de frapper et mettre à mal, avait éveillé ses vieux réflexes de chasseur.
Un instant plus tôt le général Mitsuko et la duchesse Irista parlaient à une jeune rebelle, Lixae, que les forces impériales avaient cuvé lors de la prise du CM et qui était sûrement sortie de cuve. Elle semblaient lui donner quelque éléments d'impérialisme, lui expliquer l'évidence de la déchéance rebelle.
Agramf remontait la rue, les aperçu et vit surtout le clone tout frais de la rebelle et son potentiel gastronomique. La viande humaine était dans le haut du classement qualité et le troll avait faim. Mais il savait se tenir depuis le temps.
Pendant les opérations militaires en Orion cinquante ans plus tôt déjà Irista Tiriand, ou encore Ethayel Méléna Clot lui avaient intimé l'ordre de ne pas découper l'ennemi pour manger ses membres ou croquer dans l'ennemi à terre. L'ordre s'était résumé à "Non Agramf !" sans plus d'explication ou d'argument. A l'époque le troll avait obéit sur le coup, docile et discipliné. Mais déjà alors il savait que si on ne lui avait pas dit pourquoi il ne fallait pas le faire, c'est bien parce qu'il n'y avait aucune bonne raison à interdire de consommer son ennemi. L'acte de barbarie interdit par les codex en SI aurait pu être un argument. Mais le SR n'est pas soumis au codex, ni ses habitants.
L'interdit relevait plus des moeurs humaines, du dégoût qu'inspirait la découpe de la viande sur des ennemis avant leur apoptose. Quand bien même le travail était fait proprement, ou même parfois sous anesthésie, ça ne plaisait pas, voilà tout.
Mais ça, c'était il y a 50 ans et Agramf avait prit du grade depuis. Le prélèvement de viande était une évidence, une formalité et il ne se posait plus du tout la question de savouar si ça gênait quelqu'un ou non. L'ennemi vaincu lui appartenait, et son clone aussi.
Seulement, les trois femmes discutaient et les valeurs de l'Empire étaient cultivées là. Interrompre l'échange par un coup de tronçolame n'aurait tout simplement pas été courtois. Le troll fit donc demi tour, tirant un trait sur cette proie facile. Il bifurqua dans une rue perpendiculaire quand il aperçut à peine un bâtiment plus loin le signe du destin.
Un humain, appelé Bobby selon la rubrique nécrologique, parfaitement détendu, qui sortait de chez lui neuvopack en main l'allumait en pleine rue, juste là, à quelque dizaines de mètres. La plupart des habitants de la ville commencent leur journée par jeter un oeil sur l'aitl et leur deck, suivre un peu les informations récentes, ce qui à l'avantage d'éventuellement les informer d'une attaque en court sur leur secteur. Cet humain là était sorti prendre le smog directement ce soir là. Il ne savait pas.
Agramf prit son élan chargea au galop vers cette cible inespérée, démarrant sa tronçolame, tout excité, à peine arrivé à portée voilà-t-il pas qu'il aperçoit de l'autre côté de la rue une trolesse brandissant sa double hache, au galop elle aussi avec clairement le même objectif que lui.
Hai était arrivé par le Sud et vu la même chose qu'Agramf. Un repas sur pattes, à cueillir.
Le prélèvement des membres se fit donc en une poignée de secondes, après un bref coup croisé de chaîne de tronçolame et de hache, l'humain au sol à moitié tranché en deux se faisait découper les bras par l'un pendant que l'autre lui arrachait une jambe. La mort arriva au sprint pour mettre fin au pic d'atrocité que subissait l'humain.
Agramf et Hai se regardèrent avec un grand sourire, un peu de bave au coin des lèvres et de la jubilation plein les yeux, rangeant chacun leur butin dans leur sacs ou à leur ceinture.

Agramf avait prélevé deux bras. Le premier il le grignota pendant la fin de l'opération militaire. Le second, il le mangea cru aussi, simplement découpé en rondelles et salé. En dégustant ces bras, ils se rendit compte qu'il avait perdu le goût de la viande de clone, si délicate, pleine d'arômes et de sang qui excitaient ses gênes de troll à chaque bouchée. Le plaisir des os qui craquaient sous les crocs et le goût métallique que laissait le sang sur sa langue. Et même les nerfs et bouts de viande qui restaient coincés entre deux molaires pendant toute la nuit jusqu'au matin et qui occupaient les mâchoires autant que 100 grammes de chewing-gum, là ou les simili steaks à base de champignons se désagrégeaient sous l'effet des enzymes présentes dans la salive.
Agramf était traversé d'émotions douces et énergisante à la fois. Il était ému !
Pendant la guerre avec le Quartier, il n'avait rien prélevé ou presque. Et puis l'équipe du crime était composé de nombreuse races de sang, orcs, troll et ça il n'en mangeait pas. Parce que ça ne se mangeait pas, c'était aussi simple que ça. Et puis à part ce conflit là, et bien il n'y en avait pas eût. Et le SR était calme depuis pas loin de 40 années. Il ne tuait pas sans raison non plus.
Alors combien cela faisait-il de temps qu'Agramf avait abandonné les plaisirs carnassiers dans l'oubli de la paix ?
Le lendemain soir, de retour en terre Impériale, un vautour cuva deux vautours dont une que le troll appréciait. Alors il décida de punir le vautour meurtrier de quelque coups de tronçolame. Il avait en plus contre lui une vieille trahison à régler, et puis il ne l'aimait pas, et puis il ne servait pas le secteur, et puis... et puis il voulait de la viande oui ! C'était ce "et puis" là qui guidait les pas du troll plus que les autres. Le goût de la viande, revenu, retrouvé et lancinant. C'était comme si les opportunités de prélèvement ne pouvait plus être écartées.
Agramf alla découper les quatre pattes du vautour, les fourra dans son sac à viande rentrât se coucher.
Bientôt rôtis, ragoût et sautés, bientôt tartes, soupes et fricassées, bientôt marinades, feuilletés et mijotés....
Demain soir, il cuisinerai un bouillon de vautour, une de ses spécialités, et un de ses plats préférés. Agramf avait retrouvé un plaisir trop longtemps oublié.
La guerre avait appelé le sang. Et son ventre avait appelé la viande !

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