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EDC de 67864

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Spoil: la vie d'un PNJ

Jour 1:

Le smog se fait plus épais dehors mais... lui se trouve dehors alors que l'histoire, elle, se passe à l'intérieur... sous la ville, dans l'un des quelques étages inférieurs suffisamment sécurisé attenant au centre de cryo rebelle.
Un type, verdâtre, tentacules autour de la bouche remuantes, traverse une successions de couloirs pâles, éclairés à coups de vieux néons fatigués, clignotants pour repousser les ombres comme dans un sursaut de courage rebelle contre l'obscurité. Le doc emporte un bocal en bougonnant sur son chemin, pestant contre ces cadavres qui ne veulent pas répondre à ses analyses..
Il y avait passé tout l'après-midi et une bonne moitié de la soirée au final et il était temps d'aller se reposer. La porte de son petit studio s'ouvre, il pose l'aquarium sur un petit comptoir et file se délasser sous une douche. Humidifier sa peau lui avait toujours fait du bien... détendu...
Ensuite... un oeuf et un skiwi pour patienter tout en regardant un débat politique du SR dont la retransmission était autant parasitée par la mauvaise transmission que par les interventions polluantes de la plupart des intervenants.
"Han! Mais ils sssssssssont même pas capable de ssssssssavoir ce qu'ils veulent..."
Le sommeil l'emportera rapidement, le sauvant d'un ennui potentiellement mortel alors que les discussions glissaient vers les promesses d'une crise financière majeure pendant que les LR du Frelon se succédaient sur le siège éjectable de la fonction publique.
Jour 2:
Tout était là; il allait pouvoir commencer son travail de découpage sur ce nouveau spécimen à étudier.
"Sssssssuivre les traits... voir pourquoi çççççççççça resssssste en cuve... cccccccc'est pas possssssible quand même...
-Bissssstouri?"
L'outil arrive comme par magie entre ses mains pour suivre avec précision les traits indiquant le chemin pré écrit de l'incision. C'est qu'il fallait bien voir où pouvait se trouver ce fichu dysfonctionnement. Les incisions se suivent, se multiplient et se recoupent. Le bistouri devient scalpel entre les mains vertes, transpirantes et recouvertes de litres de sang, rouge, bien sûr, collant et gluant... comme s'il visait à se fixer sur le doc' plus que n'importe où ailleurs. La cage thoracique explosée, le doc cille.
"Mais... elle avait pas ccccccccccette tête, la blonde? Qu'esssssssst-ccccce que çççççça veut dire?"
Le doc fait un pas en arrière et observe ses mains se couvrir de plumes, comme si le sang servait de colle, les attirant...
"D'où ççççççça vient cccccette connerie?"
Il ouvre l'oeil! Les deux. Un reportage avait remplacé le débat politique. "L'anatomie des métas, introduction pour la chirurgie de guerre" .
"Ssssssaleté d'émisssssion à la con!"
Le doc se passe une main lourde sur le visage, regarde l'heure et la maudit. Sa journée de travail allait bientôt reprendre et il ne se sentait pas reposé le moins du monde.
La surveillance des glaçons se faisait heureusement automatiquement et son travail restait très souple la plupart du temps. Assez pour qu'il puisse se concentrer sur les activités les plus importantes de son quotidien et l'écran devant lui.
La journée passe, lentement.
L'heure de rentrer arrive enfin et c'est avec soulagement qu'il laisse sa blouse dans le bac pour la blanchisseuse avant de filer. Les couloirs seront traversés en silence sur le chemin routinier de sa morne existence jusqu'à son logis et, à peine la porte refermée, le doc pique du nez sur le canapé, le sommeil toujours aussi troublé, l'écran affichant un reportage sur le cerveau.
Jour 3:
Le réveil est aussi dur que le sommeil fut agité. Des cerveaux volants, des nerfs fouettant l'air tels d'innombrables tentacules secoués de spasmes, des litres de sang circulant dans d'invisibles canaux. Une colonne génitrice de monstres...
L'Horreur l'aura réveillé suintant d'une sueur âcre.
Une douche ne lui sera d'aucun effet salvateur et c'est l'esprit ailleurs que le doc essaiera de rejoindre son bureau. Mais une idée lui fera faire demi tour en chemin: il a besoin du bocal. Et de son contenu.
"Ssssssans doute que je vais m'occuper autrement aujourd'hui, hisssstoire de retravailler ccccccce problème."
Une fois la porte de son bureau-labo fermée, le doc tentaculaire observe le bocal l'air inquisiteur. Sortant quelques instruments, il prépare sa table de travail, calmement, plaçant divers liquides aux couleurs insipides pour la plupart: vitamines, calmant, hormones de synthèses et bien d'autres encore, ainsi que toute une panoplie d'instrument de tor.. chirurgie.
Puis il ouvre le bocal et en sort la cervelle qui baignait dans son fluide d'alimentation amélioré.
"Alors... Qu'est-ccccccce qu'il peut bien sssssssse passssssser là-dedans? Mmmm?"
Le doc installe quelques électrodes au coeur de la masse cellulaire grisâtre et se lance dans des analyses les plus pointues...
Une longue journée l'attendait, il le savait.
Jour 4:
Le réveil se fait en douceur et pour une fois, presque avec enthousiasme.
Un léger sentiment de frivolité laisse croire que ce sera une agréable journée, juste ce qui suffit pour se dire qu'on fait, pour une fois depuis très (trop?) longtemps dans sa vie, quelque chose d'amusant, de constructif et qui a des chances de fonctionner.
Du moins à condition de trouver ce dont il avait besoin.
Et c'était là ce qui allait l'occuper aujourd'hui.
Il lui fallait aller dans une partie qui lui était assez peu connue du complexe souterrain, celle de l'entrepôt des pièces détachées. On y trouvait de tout. Du grille-pain laser à diodes plasmique au téléviseur cathodique en passant par les antiques sabres lasers et les mixers nucléaires.
Bon, d'accord, l'entrepôt était plus une déchetterie dans laquelle on conservait tout ce qui semblait pouvoir servir un jour, peut-être par souci d'économie de ressources. Mais depuis le temps, il y en avait du fatras. Et c'était l'occasion d'aller fouiller pour une fois.

L'idée qui avait germé devant ce cerveau malmené l'amusait au plus haut point.
Mais cela demandait d'avoir des pièces, heureusement rien de nécessairement trop compliqué pour un simple essai.
Et c'est ainsi qu'il commença à fouiller, remuer les piles d'objets ou pièces détachées les plus improbables, récoltant ce qui paraissait utilisable sans devoir passer une année à modifier et arranger les pièces retenues.
Son sac se remplissait petit à petit, rouages, bielles, ressorts, composants électroniques fonctionnels. Le poids de son idée commençait à peser sur son épaule et la journée arrivant à son terme, il prit le chemin du retour vers son labo, déposer, trier une fois de plus tout cela.
Jour 5:
Une nuit de plus de passée, les tentacules sous la couette. Un sommeil calme jusqu'à ce qu'un réveil sonne, annonçant une journée de travail à effectuer tout de même... même si on ne dira pas qu'elle sera passée à dessiner les plans de son idée, à assembler intellectuellement les pièces disponibles avant de passer à la pratique. Jusqu'à ce moment délectable où la libération attendue arrive. La fin d'une journée professionnellement morne avec des activités aussi chaleureuse que le lieu de travail en fait. Le moment de passer aux travaux pratiques était arrivé et la vraie journée pouvait commencer.
Retour à l'atelier le pas pressé. La caisse à outil siégeait sur l'atelier, la gueule largement ouverte prête à vomir son contenu selon les besoins.
Le puzzle est sorti, étalé sur l'atelier. Et le sol. Et la pièce d'horlogerie s'assemble petit à petit, laissant la construction s'élever morceau par morceau, à coups de soudure, de boulons, d'écrous et beaucoup d'huile de coude à défaut d'huile décureuil.
Le marteau frappe, tort ou décabosse; la perceuse fore pendant que les limes adoucissent les angles. C'est un travail d'orfèvre qui se déroule dans l'atelier alors que les heures s'écoulent, que la nuit tombe dehors, enveloppant la cité quand les lumières scintilleront toute la nuit au-dessus du scientifique.
Jour 6:
La nuit fut blanche et c'est le regard rougi que le doc contemplera son bricolage.
"Un ssssssupport pour un bocal! Ccccccc'est parfait, ççççça! Il ne me manque plus que la dernière touche!"
Le doc se palpe le crâne avec ses tentacules en signe de réflexion avant de s'étirer largement puis d'emporter son bocal à son travail.
"Il va falloir m'occuper un peu de ssssssssa ccccervelle! Au moins le boulot ssssservira à quelque chose pour une fois."
Une porte qui se ferme, un chemin connu depuis des années et le labo était déjà devant lui.
Une veste qui se lance sur un porte-manteau habitué à la manoeuvre et le doc était libre de commencer.
S'il n'était pas un vautour, il n'en restait pas moins un scientifique assez complet. Il fallait bien s'occuper pendant ses heures de travail, non? Et là, il comptait passer la journée -oubliant complètement sa routine- à repousser le sommeil et à hacker la cervelle de l'ancienne vivante. Après tout, on travaille pour Thallys ou pas hein? Et donc avec son matériel.
"M'va lui pomper sssses données à cccccelle-cccci!"
Quelques électrodes et connections feraient le travail, déversant sans douceur le peu de données présentes de l'encore jeune vautoure dans un modèle basique de deck.
Mémoire, informations génétiques, tout y passait avec un traitement digne d'une mise à jour de puce APM, le confort et le côté volontaire en moins. Enfin tout... Tout ce qui restait. Les manipulations expérimentales avaient tout de même causés quelques dommages... mineurs sans doute.
"M'v'la! Un deck APM pour la morte! Un!"
La porte de son labo fermée, le doc respire un grand coup et s'enfonce dans un siège presque confortable, laissant la tension le quitter. Il visualisait les dernières étapes à venir et hésitait à les réaliser avant ou après une mini sieste réparatrice.
Entre le plaisir de la création et l'anxiété de l'échec, cette dernière l'emporte. Les paupières se closent un instant... quelques heures...
Jour 7:
Pourquoi lutter contre le sommeil? L'inconfort procuré par un siège mal adapté à cette tâche?Quel siège? Les questions font leur chemin dans la conscience du doc, le poussant à laisser à d'autres le plaisir de se reposer alors que la compréhension éclaire ses pensées.
"M'ssssssuis asssssoupi, moi!"
Un coup d'oeil circulaire dans la pièce le temps d'accoutumer son regard et retrouver là où il s'était arrêté. Un deck... des électrodes... une cervelle connectée.
Il lui restait la dernière partie à réaliser. Relier l'organe dans son aquarium à l'armature réalisée.
Le doc sort l'organe de son bocal et le pose sur une table fraichement nettoyée avant de le libérer des différentes électrodes dont l'utilité n'était plus là. Quelques coups de bistouri avec un doigté plus reposé qu'il ne l'aurait été la veille suffisent pour réaliser la première étape de ce qu'il avait en tête: greffer un système de connexion adapté.
"Il ne reste plus qu'à... "plus qu'à"... plus facccccccile à dire qu'à faire! Mpfff!"
Le doc sort des yeux cybernétiques d'une boite. De gros modèles, pas chers mais étanches au moins. Il fallait bien ça dans les conditions d'utilisation liquides.
"Çççççça ne pourra pas foncsssssssionner plus mal que les originaux de toute façççççon."
Relier les filaments aux extrémités des nerfs optiques dénudés ne serait pas la partie la plus compliquée de la tâche. Il fallait surtout jauger la longueur des câbles mais aussi leur rigidité pour éviter qu'ils ne se baladent n'importe comment dans le fluide verdâtre. Faire le point serait aussi compliqué mais installer les yeux à l'extérieur serait pire encore. Alors au final, faire simple serait suffisant.
"Il ne reste plus qu'à... "plus qu'à"... Mpfff!"
Encore un peu de chirurgie, encore un peu de travail mais le tout avait déjà pris forme. Et quand le doc se laisse aller sur le fauteuil le plus proche, libérant un soupir de satisfaction, son jugement peut se répercuter dans la pièce.
"Quel beau bocal!"
Le doc sourit, repoussant le rangement de son matériel à plus tard.
Un peu de repos l'attendait alors que le robot grésillait doucement ayant emmagasiné ce que le deck avait enregistré.
Quelques grésillements se laissent entendre alors que le tentaculaire docteur profite d'un sommeil sans rêve. Un haut-parleur ayant déjà bien vécu se manifestait sans ambition particulière. Qu'aurait-il pu dire? Papa? La mécanique création resta muette, s'exerçant à quelque improbable génuflexion en guise de premiers mouvements. Un test d'équilibre ou une forme de respect devant ce géniteur? Qui saurait le dire.
Le mouvement lancé, il lui fallait le poursuivre. Une succession de pas maladroitement posés, les premiers de cette créature, vient perturber la scène, le temps de maîtriser les bases de son mouvement. Un pas; deux; puis trois. Une porte qui s'ouvre vers un ailleurs faiblement éclairé -restrictions énergétiques aidant- et le Petit Poucet qui perdait de l'huile s'avance vers l'inconnu, laissant ses grincements l'annoncer.

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Cauchemar
15 Novembre 2017
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