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Cognat... Ion

- Ion !

Son cri me poursuit dans l’une des ruelles tentaculaires de la Moule. Je le sens, derrière moi, il ne semble vouloir me lâcher. Mes jambes se dérobent plusieurs fois mais le cocktail d’émotions qui m’anime me pousse vers la Haute. Déjà l’enceinte Nord se profile. Léger flash. Une lueur éphémère nuance le smog d’une teinte orange. J’aurai presque l’impression d’entendre un cri. Sans doute celui de Cat’. Troublée. Je ne le suis pas moins. Je ne sais pas. Je ne sais plus.

La Bloody se consume lentement. Je suis là. Vide. Mes pensées scintillent, simple signaux électriques dans cet entrelacs de neurones avant de se dissiper, quelques picosecondes plus tard. Fragmentées. Soufflées par le mal être qui m’habite. Mes souvenirs me giflent. J’encaisse, groggy. Chaque écho m’arrache un frémissement, un gémissement.

Les symboles techs glissent sous la pulpe de mes doigts. Ce tatouage nous lie. J’ai le même qui me zèbre le dos. Elle frissonne. Je le devine à sa chair qui la trahit. Je me pince les lèvres, amusé, souligne ses courbes du regard, m’arrête sur les deux fossettes de son dos. Seule sa croupe me résiste encore. J’agrippe son sous-vêtement blanc, finissant de la dénuder, gestes lents et sensuels. Bruissement de draps. Elle tourne la tête, cherche à croiser mes prunelles sombres. Je lui souris. Elle est radieuse.


24 Cycles horaires plus tôt…

Je me penche en arrière avant de me rappeler que ces stupides chaises son scellées au sol. P’tin ! Mon regard croise celui de la prisonnière, à peine altéré par l’épaisseur du plexi.

- Ion ? Tu peux me rendre un service ?J’opine. T’peux récupérer des analyses pour moi ? C’est très important.
- Pas besoin de procu ?
  • M’non t’inquiète. Prends juste rendez-vous avec Shivah.
  • k’…


Nos lèvres s’effleurent, se cherchent avant de se sceller. Gémissement étouffé. Nos chemins n’ont arrêté de se croiser depuis notre arrivée. Frictions sulfureuses. Les places s’échangent, regards complices. Besoin singulier de rester proches. Ce soir, on ne peut l’être d’avantage. Souffle rauque. Ma langue effleure sa peau, parfum enivrant de sueur fraiche. Mes lèvres se referment doucement sur la chair.


1 Cycle horaire plus tôt…

Elle me rejoint. Echange cordiale avant que les portes immaculées ne s’ouvrent à nous. Un couloir aussi stérile. Ma main bionique effleure le pan de mur d’un blanc éclatant.
- Asseyez-vous.

Cette histoire d’analyse me travaille. Un lien avec cette discussion l’autre jour ? Les jumeaux comme Six nous appelle. Et la frange qui me parle de famille. J’essaye de garder constance. Entrevue futile. La Lady m’enjoint de contacter Cat’, elle a reçu une copie des résultats. Je ne comprends pas. Qu’est-ce que je fais là ?

- Peut-être que cela vous concerne aussi…

Je m’incline légèrement avant de prendre congé, dérouté. On doit se voir au 21ème cycle horaire mais je ne peux plus attendre. Besoin de savoir. Trop de doutes. D’incertitudes. Elle ne répond pas. 21ème cycle 10… j’arrête de la harceler, file à la Moule. Je me pose sur le baril voisin de la frange, laisse tomber ma besace à ses pieds. Je commande une double vod’ sous le regard inquisiteur de l’humaine. L’autre arrive. Elle n’est pas seule mais je l’emmène sans un mot sur la terrasse. Elle se laisse faire, docile. C’marrant. Pas mal de moment clés ce sont passés ici. La dernière fois j’lui disais de n’pas bouger sinon j’lui éclatais la gueule contre le zinc. Toujours ce besoin viscéral de la protéger. 150k pour sauver sa dignité. Quelques contacts bousculés. J’lui ai filé sans remord. C’était plus qu’une évidence pour moi, je devais le faire… Tout ce qui se passe dans mon dos ne m’importe plus. Je croise son regard, visage fermé. J’ai l’impression d’avoir reçu un coup d’agrimensor sur le sternum. Juste le pommeau mais des mains d’un troll. Le souffle coupé, brisé, je fuis son regard. Je fuis tout court.

Nos corps retombent côte à côte, essoufflés. Elle me dit qu’elle m’aime. Je ne sais plus ce que j’ai répondu. Je sonde son regard. Virginité envolée. Elle caresse ma joue avant de me voler un baiser, heureuse. Une main caresse mon torse. Frémissement inconscient. Deux jours après j’étais sous la douche avec une elfe. Au plus profond de moi, je savais que j’avais fait une erreur. Mais la vie est comme ça… Elle te prend en traitre et t’éclate la gueule contre le trottoir.


J’en suis encore à fixer l’enceinte, interdit quand une silhouette s’arrête à ma hauteur. Je reste silencieux, jusqu’à ce que ses mots glissent à mon oreille.
- T’as oublié ça…
La besace apparait dans mon champ de vision.
- Qu’est-ce qu’il se passe Ion ?
Clapotis de skiwi. J’lui fais signe de se poser à côté de moi, souligne l’une des tours du mur, cherchant mes mots, me cherchant moi-même. J’ouvre la bouche mais aucun son ne filtre. Je déglutis avant de lâcher « C’est… ma sœur… » Elle se relève, anormalement neutre. Cœur pris en étau. Je la rattrape. L’autre arrive peu après. Je me refuse au dialogue. Pas ce soir. La frange s’éloigne, abattue. L’autre me colle. Dégoutant… Elle l’a dit. Ce mot me déchire. Je pars vers l’Est, prostré.
- Ion ! Attends, s’il te plait ! Je ne sais pas ce qui me porte. Ion… faut qu’on parle !
Je me retourne et la chope par le col, regard fiévreux. Pas celui que j’ai pu lui porter la première fois, la première nuit. Son dos heurte la façade d’un taudis.
- De quel droit ? De quel droit p’tin !
Elle n’essaye même pas de se dégager, s’excuse, cherche à se justifier mais je n’écoute rien, aveuglé par la nouvelle. Mes forces m’abandonnent. Je tombe à genoux, sanglote. Son visage se colle au mien. C’est moi là, qui n’ai la volonté de la repousser. Les larmes se mêlent.
- Pardon… Pardon…
  • Pourquoi… Encore une excuse. J’ai envie de vomir. Arrête de t’excuser p’tin !

L’autre n’est pas plus fière que moi. Elle regarde ses mains, tremblantes.
- T’avais pas l’droit p’tin…
- J’vais arranger ça…

Sa voix me sort de mon état misérable, léthargique. Ce ton… Je mets quelques secondes à réagir, mais elle a déjà disparu. Pas besoin de réactiver un traceur. Je ne connais que trop bien l’endroit.

J’ai fait en sorte de l’éviter. On m’a bousculé vers elle. On l’a refait, une seconde fois. Besoin malsain de la sentir contre moi. Le reste est plutôt confus. Je me réveille à ses côtés. Je me passe une main sur le visage. Je ne sais plus où j’en suis... L’autre soir dans cette villa… Toujours ce goût amer. Il ne part pas. Tenace. Je revois son visage, éclats mordorés. Ce souffle chaud qui coule sur ma peau. Je l’aime. Je regarde Cat’, je ne sais pas quoi penser. La pilz s’effrite sous les dents. La poudre frémit sur ma langue avant de plonger.


Je retourne la silhouette de ma soeur et la plaque violemment contre la cuve. J’explose.
- T’fais quoi là ?
Elle grimace en s’écrasant contre la cuve. Je n’ai pas conscience de la force que j’imprime.
- Lâche-moi ! Je n’aime pas son regard. Dans le genre têtu, on est champion. Encore un putain de trait qu’on partage.
- T’es ma putain de sœur ok ? Alors j’t’interdis de foutre un pied là-dedans !
Mon com’ rugit dans ma besace mais j’en ai rien à foutre. Elle force jusqu’à se libérer. Il débarque. Et il ose me parler, me dit de dégager. Ce n’est pas le premier. Je l’ignore. Il fait demi-tour. Il a compris qu’il est de trop. Je ronge mon frein. Elle me défit toujours, arme à la main. Toujours la même rengaine. On savait pas p’tin ! Je m’avance vers une borne et commande la clé de ma consigne. Si elle fait ça, c’est une partie de moi qui part. Je bluffe. Elle tombe dedans comme une NI.
- T’fais quoi là ?
Je glisse la clé entre mes doigts, me tourne vers elle, innocent.
- Ferme cette cuve…
  • Donnant donnant…

- T’as Emy, t’as pas l’droit.
  • T’as Child, t’as pas l’droit.

Elle baisse la tête, l’arme glisse de ses mains, rebondit méchamment contre le sol. Bruit mat. Ca résonne un moment sous la voute immense de ce complexe, rebondissant sur chaque cuve.
- Je sais plus quoi faire…
Je délaisse la clé et vient enlacer ma sœur. Je perçois son désarroi. Je vis le même. J’en reste pas moins l’ainé. Je dois garder un œil sur elle et c’est bien plus facile quand on n’a pas le cerveau givré.
- On va… arriver à surmonter ça… comme on a pu surmonter d’autre chose… j’vais veiller sur toi ok ? J’suis ton putain de grand frère non ?
Elle enfouit son visage dans le creux de mon épaule, mouille mon cuir. Je ne sais pas quel gout ont ses larmes. Les miennes sont salées. Je l’étreins doucement comme le ferait un frère. En fait j’en sais rien. Ce rôle m’est inconnu. Pourtant je l’ai joué depuis mon arrivé, en dehors de quelques faux pas.

Poitrines accolées. Je frémis sur sa nuque. Il aura suffi d’un éclat farin pour que nos corps s’éloignent. Bien plus que nos corps. Une explosion. Elle ne peut plus me regarder en face. J’lui ai pardonné avec une facilité singulière mais je sais qu’on ne sera plus jamais ensemble. Elle ne comblera jamais l’amertume qui m’habite. Elle ne le peut pas, elle.


Je ne sais pas combien de temps on est resté là. Je ne sais toujours pas quoi penser. Je suis las. La seule certitude c’est que j’ai une sœur… Elle se redresse, plus calme.
- Allons prendre un verre tu veux ?
- Ok… Mais il faut d’abord que je le vois…
  • J’peux… venir ?

- Je suppose, oui…
  • En route p’tite sœur… Je lui ébouriffe les cheveux avant de la suivre.

- Mouaip… frérot…

Amis, amants, amis, frère et sœur… La vie ne nous épargne pas. Elle nous berce d’illusions avant de nous éclater contre l’enceinte de la cité, à vif. J’ai une sœur, p’tin. Et j’ai couché avec… Welcome to DC !

Informations sur l'article

Divers... Ion
18 Juin 2013
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