EDC de 39094

Un jour quelqu'un dit "Que la lumière soit" et la lumière fut...

Ion suit plus Cat' que l'inverse. Carte dans la main, celle de l'humaine dans l'autre, il finit par se laisser tout simplement guider à travers les rues de moins en moins éclairées. Son regard glisse sur les façades, toutes plus fades les unes que les autres, sans doute un effet de la pénombre ambiante, sans doute...

Une enseigne grésille sur sa droite. Une silhouette plus qu'explicite clignote dans un léger bourdonnement. L'écriture tech de la boutique bat de l'aile, la seconde lettre, muette, s'égosille dans son silence. Ion détourne rapidement la tête du néon blafard, sentant Cataleya hésiter. L'homme avise son visage faiblement éclairé par la carte holographique. Autour d'eux, une foule hétéroclite passe son chemin, égoïste, engrenages huilés du coeur de la ville.


Ion regarde la borne avant de surligner les courbes de Cat'. La lumière éclatante de l'Organisation Impériale lui vrille ses rétines.

- Tu captes quelque chose ?

Elle semble plus débrouillarde, navigue de page en page, d'offre en offre... remue distraitement la tête. L'humain se recentre sur l'écran qui lui renvoie des données arbitraires. Le temps d'effleurer l'écran, qu'un pop-up se profile.

"Votre candidature a été accepté"

La fenêtre le nargue quelques secondes avant de laisse place à l'écran d'accueil qui se fige dans un léger scintillement. Ion grogne et tape le flanc de la machine qui ne bronche pas d'un pixel.

- T'as postulé pour quoi ?

Ion se détache de la borne et hausse les épaules. Ses rétines chauffées à blanc le pousse à quitter l'OI.

- P'tin...

Ion passe une main sur son visage, Pix' dans l'autre. Les paupières se ferment sous ses doigts, rafraîchis par la fine pellicule de condensation qui perle sur sa bière, rosée bien terne. Il soupire brièvement, soulagement éphémère. Une lancinante douleur revient se loger, perverse, entre ses deux yeux. Grognement sourd.

- Un problème ?

La main glisse sur le reste de son visage, les paupières se plissent, crevasse boucanée. Une mèche. Ion dévisage l'inconnue, assise deux barils plus loin. Mèche de jais aux reflets squirrels. Deux prunelles, étincelles mordorées, le jauge. Réelle inquiétude ou simple banalité...

- Juste une hypersensibilité rétinienne...

La mèche opine, plonge une main dans la besace qui l'accompagne.

- Elles s'appellent "revient"... lance l'humaine d'une voix empreinte d'une touche d'amusement, alors qu'une paire de lunettes cyber glisse jusqu'à Ion. Mais je n'en ai pas l'utilité pour le moment, rajoute-t-elle, devançant sa question.

Simple hochement de tête, les doigts sur les branches. Les verres se profilent dans son champ de vision, miroirs irisés. La vue se trouble sous une succession de filtres qui se stabilisent dans un dernier artefact parasite. Ion glisse son regard sur les bouteilles d'alcool, alignées en face de lui, les lunettes ajustant automatiquement les contrastes et la luminosité de l'environnement. Il se tourne vers la mèche, reconnaissant.

- P'tin c'est magique ton truc...

Un soir quelqu'un lui passa une paire de lunettes cyber et la lumière fut...