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Le moi enfui et assoupi

Je suis allongée au creux de la nuit, bercée par son silence et les murmures du vent qui fouette sans relâche les fenêtres de la chambre. La fatigue impose à mes paupières de rester closes ; il n'a jamais été question de les ouvrir, tant je suis épuisée. Je devrai. Mais entre devoir et vouloir, entre devoir et pouvoir, il y a de hauts murs infranchissables, comme ceux qui m'empêchent de quitter ces lieux.
Pourtant...

Le sommeil m'a ouvert ses bras. Je sais que mon corps inerte repose en l'instant dans les tiens. J'entends tes murmures, tes soupirs et tes larmes. Je sais que tu désespères de me revoir un jour, d'entendre à nouveau mes rires; que tu crains ne plus revoir mes sourires ou d'entendre mes phrases lourdes de sens. N'aie crainte. J'ai juré de rester à tes côtés, de nous empêcher de tomber. Écoute bien : je respire.

Il fait noir, si noir en moi. Voyez dans mes sourires la lumière de mon âme, croyez-y et rendez-moi ce que j'ai cru avoir perdu, n'avoir peut-être jamais eu. Je sais à quel point je fais erreur, cela dit : bien sûr, mon âme est pure. Recouverte et cachée sous un tas d'immondices, mais si pure au fond. Voilà pourquoi je dors, sachez-le. Il faut que je creuse, que je fouille mes propres entrailles et mes souvenirs pour retrouver la graine si profondément enfuie sous vos innombrables et inutiles batailles.
Il me faut trouver.

J'ai l'espoir. Il est au creux de ma main, serrée en un poing ; celui de ceux qui ne baissent pas les bras. Les difficultés que je rencontrerai sur mon chemin, je ne les craindrai plus. Car malgré la lassitude qui pèse sur mes épaules et la mort qui rode dans ma lente respiration, tu es là. Tu berces mon corps et le réchauffe de ta présence. Il pourrait neiger à l'instant, les flocons fondraient pour laisser nos vies s'étreindre dans un bain de quiétude. Pourquoi la ville ne voit-elle que le sang, lui qui n'appelle qu'à la souffrance ?
Je ne doute plus d'où je voudrai être. Je doute des chemins qu'il me faudra emprunter pour y parvenir: mais aussi loin l'horizon se trouve-t-il, moins il m'arrive de le perdre de vue.

Je me suis éveillée une première fois. Alors dans la puanteur, cernée de terreur ! Emily Marie Tyr, il n'y avait que cela pour échauffer mes muscles endoloris et m'emmener au loin.
Je me suis éveillée une seconde fois. Mon nom gravite en arrière-plan, derrière ce que je sais, ce que j'ai appris : au point d'en oublier qui je suis, et quelles sont les priorités.
Nous ne nous éveillons qu'avec la connaissance de ce que nous sommes, et l'on s'étonne de vivre dans une ville où rien d'autre ne compte que nous-même.

Il y a ces murs bêtement hauts, qui séparent devoir et vouloir, devoir et pouvoir. D'un pas d'un seul, je les surmonterai.
J'ouvre les yeux, dans le noir d'abord, dans la lumière peu à peu. C'est ainsi que tout à commencé, c'est ainsi que tout recommencera. Je ne savais rien et je ne sais peut-être toujours pas grand-chose; mais c'est déjà tellement plus.

Informations sur l'article

I remember...
10 Février 2013
995√ 6☆ 3◊

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◊ Commentaires

Amar (211☆) Le 10 Février 2013
Une nouvelle Emy. Bienvenue à Dreadcast. ^^
Yankee (64☆) Le 10 Février 2013
"Je me suis éveillée une seconde fois. Mon nom gravite en arrière-plan, derrière ce que je sais, ce que j'ai appris : au point d'en oublier qui je suis, et quelles sont les priorités."

Phrase tellement vrai, mais ne perd pas de vue qui tu est, même quand c'est difficile...