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Nous étions des soldats...

Salle d'interrogatoire 11 - Centre Psychiatrique Impérial
Des soldats de l'ombre ou l'ombre de soldats ? Oui, nous formions une petite armée anonyme, sans uniforme, parce qu'une arme peut suffire à faire un soldat. Notre bannière, c'était l'odeur de la poudre, du sang et de la sueur. C'est ainsi que nous nous sentions vivant, un rêve dans la tête, l'espoir dans les yeux de nos sœurs et frères d'arme.
Vous voulez savoir si nous partagions les mêmes objectifs ? Nous avions pris le parti de ne pas parler ; parce qu'on ne sait jamais qui se cache derrière un mur, à qui appartiennent les oreilles, alors autant se taire.
Nos ventres criaient famine et nos gorges « justice », pour tous les déshérités, les sacrifiés, ceux qui avaient été laissés sur le carreau. Et nous hurlions nos colères, parce que ça nous donnait la sensation d'exister.
Nous longions les murs de cette ville crasseuse, toujours à l’affût, essayant de protéger ce qu'il nous restait. Notre dignité peut être ?
Nous buvions, plus que de raison sans doute, nos verres d'amertume jusqu'à la lie.
Vous me demandez si je me repend et naturellement, je devrais vous répondre « Oui » pour que tout ça soit finit. Pour ne plus avoir à répondre à vos questions, ne plus retourner dans cette chambre de misère, mais de toute façon rien ne m'attend de bon là dehors.
Vous voulez savoir si j'éprouve des remords ; non, il n'est pas question de justice là, mais de devoir. Bien sur, vous ne savez pas ce que c'est d'entendre, impuissant, les appels d'une femme violée sous vos fenêtres : Tout ça n'arrive pas de votre coté des barricades.
Nous survivions de nos boutiques à la sueur de nos fronts quand vous vous prélassiez dans vos bureaux cossus, dans vos luxueuses organisations, traitant les individus comme des statistiques derrière l'écran de vos ordinateurs.
Combien ont disparus ? De notre coté, du vôtre ? Parmi les quidams dans les rues ?
Une seringue plantée dans mon avant bras et je sens la drogue couler dans mes veines, mais celle-ci ne me procure pas la sensation de bien être habituelle ; elle me brûle, me ronge. Je hurle et je prend conscience que je leur dirais ce qu'ils veulent savoir, tôt ou tard.
Ils apprendrons même des choses que j'ignore et des têtes tomberont : Inutile de s'encombrer d'une vérité gênante. Les larmes me montent aux yeux, de douleur, d'humiliation...
Nous étions une petite armée, piégée par nos désillusions, désormais démobilisée et laissant derrière nous des terrains désolés.

Informations sur l'article

Les Arcanes
08 Janvier 2013
979√  7 4

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◊ Commentaires

  • Manerina~6356 (1567☆) Le 08 Janvier 2013
    "Nous étions une petite armée, piégée par nos désillusions, désormais démobilisée et laissant derrière nous des terrains désolées."

    J'en pleurerai presque... Texte très touchant pour les concernés...
  • Kinchaka~27073 (1111☆) Le 08 Janvier 2013
    Wah beau texte en effet.