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Lassitudine

En finissant ses heures de travail au Militarium ce soir là, Nevihta se sentait lasse. Lasse de voir sa formation s'étirer en année impériale et le poste qu'elle avait désiré lui devenir peu à peu indifférent. Elle chercha une once de motivation en passant devant la salle Ouest où résonnait perpétuellement le son brutal des entraînements combiné aux conversations tenues sur un ton trop fort pour être agréable. Elle tapa rapidement le digicode, passa un œil par l’entrebâillement de la porte sécurisée, adressa quelques rapides signes de tête et tiqua en regardant l'homme dont elle s'était faite le bourreau improvisé une fois, ne s'accoutumant décidément pas à sa présence passive. Elle était lasse des mâles de son genre. Soupirant, elle referma la porte et se dirigea finalement vers la sortie, prenant soin de ne rien oublier derrière elle cette fois.
La rue était froide en cette soirée embrumée et ses pas se firent rapides. Elle tourna au coin de la deuxième rue, remontant lentement vers la bordure de la ville, laissant les ondulations du trafic la guider. Une musique fortement rythmée vint la couper du brouhaha de la rue par écouteurs interposés alors qu'elle arrivait vers le mur d'enceinte. Elle fit de l’œil aux miradors puis pressa à nouveau le pas, tournant sur sa gauche pour rejoindre ce qu'elle avait reconnu comme un endroit peu fréquentable des années auparavant. Suivant le dédale des rues, elle se fit un chemin à travers les méta pressés sortant du travail et arriva enfin à un des coudes formé par la rue Imponite.
Là, elle se glissa sous un grillage branlant sans que personne ne s’intéresse à elle. Les femmes incarnant une silhouette de cuir noir n'attirent que rarement le regard de leurs homologues masculins, et si les tatouages défigurant son visage lui valaient des coups d’œil intrigués et réprobateurs, ils lui évitaient bien souvent d'être accostée par le premier mâle en mal de dopamine. Elle se glissa donc, féline, sur le terrain vague qu'elle avait longtemps délaissé et s'avança entre les déchets vers un repère sordide en rangeant précieusement ses écouteurs, aux aguets.

Devant elle se déployait le ballon défoncé de ce qui avait été une montgolfière et qui n'avait jamais été rien d'autre pour l'humaine qu'un déchet particulièrement volumineux venant ajouter au décor de décharge que formaient les terrains abandonnés. Elle entendait déjà la rumeur de quelques voix, dont une familière et ralentit le rythme cadencé de ses bottes sur le sol de terre grise jusqu'à le réduire au silence, attentive.
- J'vais pas t'mentir, tu m'connais. Si c'était d'la daube j'tenterais même pas de te la r'filer, j'sais avec qui qui faut pas s'embrouiller les pattes.
-Je veux une avance, Bob. Tu connais le patron, il paye pas si il est pas sûr de ce qui va suivre.
-J'sais bien, mais j'ai des b'soins à couvrir moi et...
-Si elle est aussi bonne que tu le prétends tu pourras aller aux putes, sinon... T'auras plus grand chose à sortir le moment venu. Tu vois le tableau ?
La jeune femme coinça une cigarette entre ses lèvres étirées en un sourire et l'alluma en écoutant le trafic qui continuait d'avoir lieu derrière la nacelle renforcée de plaques métalliques. Le temps que son mégot tombe à terre, un homme en costume s'en retournait vers la circulation sans la voir, tapie dans l'ombre. Elle ne prit pas la peine d'écraser sa contribution à la décharge publique et s'avança dans la lumière vacillante d'une vieille lampe à pétrole.
- Ca f'sait longtemps la p'tite ! Dis donc... C'est très vilain c'que t'as fait à ton visage.
  • Tu me connais, Bob. J'ai toujours été vilaine au fond.
  • Oh ça, on en dout'rait pas. La même chose que d'habitude j'suppose ?
Nevihta acquiesça rapidement et tendit une carte de paiement alors que le vieux bedonnant sortait un lecteur trafiqué d'un coffre scellé, seules traces de technologie dans cet océan de marasme.
- Et v'là des provisions pour la soirée! Tu sais où m'trouver.
La rousse récupéra un sachet opaque et la carte d'accès à ses comptes en se fendant d'un sourire qui se voulait amical et fourra le tout dans son sac, s'éloignant déjà, une main levée en un faible salut. Elle revint rapidement vers la rue, et sa lassitude, faisant rouler du bout des doigts une dose translucide au chaud dans le fond de sa poche.

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A coup de pavé
14 Avril 2013
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