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Le chant des bombes

Certains vantent l'odeur de la chair carbonisée. D'autres l'énergie puissante de l'explosion. D'aucuns vous feront noter le remarquable chant des bombes et son incroyable harmonie.

La mélopée de l'arme massive débute dès son enclenchement par un son faible et à peine audible, celui d'un interrupteur inversé et de l'infime décharge électrique qui s'ensuit.
Certaines personnes à l'ouïe particulièrement sensible, ou au cerveau un peu trop ravagé, pourront suivre ce son qui se mue en onde jusqu'à ce qui devient alors une arme.
Le minuteur, selon où l'objet de massacre à été placé, pourra lui aussi jouer son rôle dans la symphonie.
C'est alors qu'entrent en scène les tambours. Dans la poitrine des combattants, sourds à leur propre rythme, les coeurs accélèrent le décompte tout en le décomposant en secondes insoutenables.
On entend non loin les instruments à vent. Ce souffle tremblant qui vient emplir les cages thoraciques et qui, sans que quiconque ne le remarque, souffle à l'unisson. Marquant l'attente et la crainte partagée de tous.
S'ajoute alors les cuivres...
Le cliquetis des armures, des cartouches trouvant une place douillette dans un chargeur, des doigts pianotant frénétiquement sur des claviers trop étroits, le chuintement d'un katana qu'on déshabille ou encore les gouttes de sueur quittant un front trop soucieux pour venir embrasser le bitume.
Dans les cinq dernières secondes, l'intuition aiguisée du guerrier lui coupe le souffle et accélère son rythme cardiaque, ce qui crée un crescendo intéressant autant que stupide puisqu'il pousse le même guerrier, quelques secondes plus tard, à inhaler à plein poumons les débris et le gaz acre dégagé par l'instrument de mort. Ceux qui vous parleront de l'odeur d'une bombe auront certainement plus en souvenir un goût désagréable resté dans le fond de la gorge.
C'est donc dans les roulements de tambours que s'épanouit la bombe et qu'elle lance son solo ultime.
Que ce soit le son bref et sourd d'une bombe au napalm, crépitant et durable d'une bombe incendiaire, puissant et irradiant d'une bombe nucléaire, sifflant et assourdi d'une bombe lacrymogène...
Ce son entraîne toujours l'apothéose, l'acmé de la phrase musicale.
Les cris des passants trop curieux ou insouciants résonnent, les pas lourds des militaires piétinent, les bâtiments et les coeurs s'embrasent, les armes en tous genres s'entrechoquent, les balles fusent, les radios crépitent et la bombe continue de chanter à travers ses victimes et ses survivants.
La mélopée suit son cours, ignorée de chacun, produite par tous.

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De feu et de glace.
30 Août 2012
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