EDC de 19962

9. Outrilienne sans humour (Flashback)

[Quelques jours après l'attaque rebelle]

Le sol du militarium portait encore des traces rouge sombre malgré les passages fréquents des automates de nettoyage, comme des souvenirs pour rappeler que la porte de la base militaire avait trop souvent été franchie ces derniers temps par des criminels... dont la plupart connaissaient déjà les codes de sécurité.

Les derniers officiers s'étaient regroupés devant les écrans de contrôle, les mains à proximité des commandes. Les criminels avaient déjà tenté une intrusion ce matin.
Shivah posa un regard las sur les écrans, vaguement rassérénée par la présence des autres. Au moins aujourd'hui elle n'avait pas ce sentiment d'être seule. Et puis elle l'avait vu... Khan entrant en coup de vent pour repartir presque aussitôt, et la troupe de vilains qui s'étaient aussitôt précipités pour entrer, se cognant le nez à un digicode récalcitrant. Khan qui avait un comportement si sujet à caution, et fréquentait les endroits qu'il ne fallait pas.

" C'est un traître, il faut le virer ! Faites le."
Incrédule elle avait posé son regard vert sur l'orque installée tout près. Même s'ils avaient de gros doutes, c'était une décision grave.
Mais trop de sang avait coulé, trop d'inquiétudes de ne pas tenir étreignait la poignée de défenseurs du militarium. Elle avait hoché doucement la tête.
" Je vais lui demander des explications. "
Déjà l'un des officiers avait entré la commande de licenciement... et Khan, lui, lui demandait des comptes, à elle.

Et Shivah était médecin et outrilienne, modelée par des années de service sous des officiers qui lui avaient enseigné la discipline. On ne discute pas un ordre d'un supérieur vis à vis de l'extérieur, jamais. Et durcie par des jours de lutte et de massacres au nom de l'Imperium, sans qu'elle en mesure encore la portée. Au point que sa réponse avait été cinglante :

Largement de quoi rendre Khan furieux, très largement.

Il avait été réintégré quand les choses s'étaient calmées, par cette même orque qui avait ordonné qu'on le vire. Il était entré dans le bâtiment que Shivah s'échinait à surveiller nuit et jour depuis des heptades.
Et il était venu faire face à l'outrilienne, qui malgré son m90 devait encore lever les yeux pour le regarder.
2m29 de fureur à peine contenue. Des mains capables de lui arracher la tête.

Et Shivah qui le regardait réalisa avec un calme très outrilien qu'il allait la tuer. Bien sûr son corps avait des réactions instinctives primaires en y songeant, mais elle s'efforça de ne pas bouger.

Vivre était désormais une surprise chaque matin.