Recherche

EDC de 1721

Bienvenue sur les EDCs de Dreadcast
Vous trouverez ici tous les articles rédigés par 1721

Cacher

Pour la meute

Cette nuit là Lambda regarde Zye, petite kobolde effrontée, pelotonnée sur le canapé de la technopole et sourit. Elle sort sans bruit pour ne pas déranger son repos, et se retrouve dans l’air toujours étouffant sous l'obscurité du dôme. Elle lève les yeux quelques instants, sans savoir trop ce qu’elle cherche à percer du regard puis s’éloigne, longeant la rue vers le sud. Son sac est pesant sur son épaule. Qu’importe, le chemin n’est pas si long et le bruit de ses propres pas l’accompagne contre le silence oppressant qui l’entoure.
Elle repense à la réponse qu’elle a reçu, à l’ironie et un certain mépris. Elle n’attendait rien d’autre pourtant mais au moins avait-elle une dernière fois dit la vérité. Puis tandis qu'elle chemine, ses pensées vont vers la jeune humaine qui a rejoint la rébellion, porteuse d’espoir et d’idéaux. Déjà arrivée devant le haut building, Lambda en pousse la porte d’entrée, désactive les alarmes et monte l’escalier avec lenteur. Elle pose son sac et s’approche du bord de la terrasse, la gorge serrée.
Une phrase lue un peu plus tôt dans la soirée lui revient sans cesse à l’esprit, une phrase qui parlait de lumière. En lisant ce message qui lui rappela de plein fouet un souvenir lointain, le cœur de la louve avait manqué un battement et restait douloureux. Elle n'avait pu répondre, et incapable de mettre un visage sur les mots prononcés que cette phrase avait fait résonner, il lui avait fallu sortir, s’éloigner.
Lambda regarde du haut de sa terrasse les lumières de la ville. A sa droite elle aperçoit le néon de la Moule, et quelques lumières clignotantes. Devant elle l’usine imposante des SVT, dont les lumières forment un halo qui s’étend jusqu’aux portes du quartier Requiem, où ce qu’il en reste. Et plus loin les lumières vives de la Haute Ville, éclairant chaque recoin comme si elle avait peur de son ombre ou voulait prouver qu’elle existait. Elle baisse les yeux et se souvient.
Une nuit comme celle-ci tu m'as pris par la main pour m'emmener sur une terrasse.
« Est ce que tu vois les lumières? »
J'ai regardé, rien ne semblait changé, tout était là à perte de vue.
« Regardes celles qui s'éteignent, c'est une âme qui s'en va à chaque fois. »
J'ai mieux regardé et j'ai commencé à comprendre. Tu as continué à parler, comme détaché.
« Si l'on n'y prend pas garde, un jour il n'y aura plus assez de lumières pour faire briller la ville… »
Et tu as choisi de partir à ton tour.


Lambda chancelle sur le rebord de la terrasse, elle étouffe, les yeux brulants de tristesse et de haine. Elle lève à nouveau son regard sur les lumières dans le lointain et se met à hurler à la mort comme pour appeler sa meute, ou peut être que le cri n’est que dans sa tête comme lorsqu’un cauchemar la cloue sur son lit en pleine nuit.
La louve a mal, ses certitudes ne la soutiennent plus. Si ce n’est celle que chaque être a compté et que chaque lumière doit être préservée. Elle pense à la meute et aux lumières qui se sont éteintes. Elle pense à ceux qu'elle a éloigné pour qu'ils se rapprochent des lumières de l'Imperium qui dit faire reculer les ombres, pour qu'ils puissent vivre et espérer plutôt que l’accompagner vers une chute annoncée. Elle pense à ceux qui ont disparu, à ce qu'ils ont représentés.
Lambda reste un long moment sans plus bouger puis elle secoue la tête et ramasse son sac, elle qui fut "une chef de meute devenue louve solitaire pour avoir refusé de vivre comme une chienne"*. Celle qui pour l'Imperium représente la dissidence, dont la lumière s’éteint peu à peu.

Informations sur l'article

Veritas Odium Parit
09 Janvier 2013
959√  12 11

Partager l'article

Dans la même categorie

◊ Commentaires