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EDC de KorSkarn

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Papier Hurlant


"Bon alors, on y vas ?"

*
*
*

Dans un gratte-ciel en périphérie de la Haute-Ville.
Le 2/276.3.



Il était presque tenté de ne pas répondre.
De laisser couler. De tout laisser couler. Et de simplement apprécier la vue et boire. L'œil cybernétique vagabondant son regard pourpre, sans aucun but, se perdant dans les méandres des ténèbres du smog quadrillé par les lumières de la ville, en dessous.

"Qu’est-ce qui nous pousse à nous débattre, à pousser, faire notre place ?
Qu’est-ce qui nous pousse à bâtir, détruire, créer, annihiler ?
Qu’est-ce qui nous pousse à aimer et tenir, et pourtant s’éloigner ?
Qu’est-ce qui nous pousse à disparaître ?"


Mais ça serait de la faiblesse, réalisa le cyborg. Le contenu de son verre entre ses doigts métalliques prenant un goût amer à cette réalisation. La gorgée d'Impérial blanc tourna un instant, en suspens dans sa bouche, avant qu'il ne déglutisse presque douloureusement.
Peu de chose le dégoûtait plus que la faiblesse lorsqu'elle était mal placée, quand on se doit d'incarner la force et la détermination Impériale aux plus hauts niveaux. Particulièrement la faiblesse d'appliquer un idéal Impérialiste qui se veut opposé à toute corruption.
La souffrance qu'il avait causé dernièrement dans cette optique le dégouttait presque autant contre lui-même...

"Un cœur et un esprit peuvent êtres poignardés par des pensées
et des mots dès lors qu'ils sont suffisamment affûtées."


Mais il survivrait avec ça aussi.
Il n'avait aucun regret. Sinon de la tristesse.
À un point qu'il Se sentait vidé de cette énergie qui le caractérisait.

"On attend quoi ? Je sais que tu me reçois."


Les appels sur le com' derrière lui en haut-parleur n'étaient pas pour apaiser la nervosité grandissante du presque-humain, qui reprit une gorgée, plus sèche, avant de s'asseoir au sobre bureau en face de la baie vitrée.
Il glisse sa main métallique dans le pan gauche de son cosmo', en extrayant une blague à tabac, une feuille, et un filtre qu'il dispose méticuleusement.
Ouvrir la blague. Saisir une pincée. Frotter l'excédent. Poser dedans.
Disposer également. Surtout à droite. Puis y glisser le filtre.
Humecter. Prendre chaque bout. Puis frotter de haut en bas.
Finalement, le roulage n'est qu'une étape de l'élaboration.
Ses doigts organiques à peine humectés adhèrent au papier à gauche sans efforts, le papier venant se coller et étreindre avidement les sillons digitaux, buvant l'infime humidité avec une gourmandise aussi naturelle que prévisible.
Les doigts métalliques en revanche, glissent même humectés, et c'est uniquement avec un doigté d'une autre qualité en jouant sur les fines annelures du métal, qu'une prise digne est assurée pour tasser le tabac proprement, jusqu'au filtre sans laisser d'espace vide impropre a un 'bon' résultat. Bon dans tous les sens du terme.
Quand le cyborg s'était rendu compte savoir ainsi rouler après son éveil, ça n'avait été qu'un détail parmi d'autres qui lui avait mit la puce à l'oreille...
Maintenant ses doigts fermement, c'est en se penchant à peine qu'il vint caresser du bout de la langue le côté rectangulaire qui s'élevait encore, l'humectant légèrement encore une fois, avant de le rabattre pour former le petit cylindre de proportions quasi parfaites.

"Je sais que t'es là, je t'entend."


"Les flammes les plus lumineuses,
jettent les ténèbres les plus sombres"


Refusant de laisser la dégustation gâchée également, il saisit le bout ouvert pour l'agiter de ce côté, tassant ce qui dépasse de la masse, avant qu'un zippo qu'il prend soin de cacher habituellement, surtout dans une partie de la ville, ne s'élève en métabolisant sa menace par une épaisse flamme à l'odeur d'essence, jaillissant du fidèle silex.
Le papier crie et ce racornit, tout comme le tabac, lorsqu'ils se retrouvent soumis à l'incandescence, expirant leur fumée combinée avant de s'élever en volutes s'étreignant paresseusement vers un firmament orné de néons et de synthé-boiseries.
Le cyborg savoure longuement le goût du tabac, âpre, avant de laisser ses poumons diminuer de volume, l'exhalaison brûlante échauffant a peine, mais sensiblement, les filtres respiratoires de son nez.

"Qu'est-ce tu fous..."


La voix se faisait presque suppliante, il s'illustrait bien le personnage trépignant derrière le com' ainsi que plusieurs kilomètres.
Le cyborg s'étira pour la énième fois, craquant son poignet organique, comme si la sensation et l'afflux sanguin renouvelé dans ses muscles par les gestes pouvaient lui donner une illumination, ou un brusque regain d'énergie.
Ce fut à demi le cas, une sensation dans son crâne augurant un début imminent de migraine après les préparatifs de la journée, mais un bras métallique ne se pliant pas moins pour s'accouder sur un bras du fauteuil, droit, soudain plus sérieux.

"J'arrive. Je veux voir ça de mon propre œil."


"Grouiiiiiiiiille !"


"Combattez le froid et la fatigue.
N’abandonnez pas l’espoir.
Bougez, battez-vous !"


Il ne se laisse absolument pas démonter par l'impatience de son collègue, savourant une nouvelle bouffée avant de se lever, énergiquement, comme animé par une brusque résolution.
Après tout il n'avait pas le choix. Encore une fois.
Au final c'était peut-être ça, la différence principale entre Impérialiste et Rebelle : L'Impérialiste n'a presque jamais, sinon dans la méthode, le choix. le Rebelle lui, les a tous.
On ne peut ensuite que pleurer chaque petits bouts de soi qu'on perd sur le chemin vers un repos éternel. Et parfois on ce baisse et ramasse ces petits héritages laissés par d'autres qu'on estimait ou chérissait, essayant de s'en bercer pour faire une pause, toujours momentanée.

"C’est uniquement lorsque nous mourrons,
Que nos cœurs cessent de battre pour Imperator."


Il faisait bien trop cela en ce moment pour que ça le rassure. Pas très rassurant non plus ce qu'il dévoile en ouvrant la porte d'une pièce adjacente, sobre aussi, mais plutôt dans le genre lugubre.



Il marche imperturbablement pourtant vers le fauteuil rapiécé, après avoir soigneusement verrouillé une lourde porte blindée, posant sa clope et enlevant le cosmo' pour le poser délicatement sur un petit chariot médical proche.
S'asseyant ensuite dans le fauteuil, c'est guidé par l'habitude qu'il tâtonne dans la pénombre à côté de lui pour se saisir d'un lourd heaume et s'en coiffer.

"Charon. RV."


S'il y eut une réponse, il ne l'entendit pas, ses sensations se retrouvant instantanément aspirées, pourtant en laissant une sensation rémanente, lorsqu'ils furent tout aussi immédiatement restitués dans un alter-ego irréel... Digital. La sensation était désagréable au possible, alors le cyborg tâcha de se concentrer sur autre chose pour chasser de ses méninges l'empreinte de la sensation, subsistant un court instant telle une tâche lumineuse ou une odeur dans les narines.
Son regard s'éleva de ses mains légèrement tendues, vers un mur en face de lui qui défilait. Tout autour de lui en fait, il se trouvait sur une plateforme circulaire et étroite qui montait.
Même s'il pouvait interrompre la liaison à tout moment et se libérer de cet espace, son instinct ne se tranquillisa que lorsque une ouverture apparu devant lui sur 90 degrés, dévoilant son arrivée dans une pièce... Ou plutôt une autre plate forme, bien plus grande, car bien que le sol était masqué par une brume floue, il n'y avait pas de murs...
Seulement des ténèbres insondables mouchetées de petites lumières, comme si une vue de la mégapole les entourait tout entiers, répartie chaotiquement.
Les, car poussé par un sentiment de vertige grandissant, le cyborg s'approcha d'une silhouette entourée par des écrans. Regarder la mégapole d'un gratte-ciel était une chose, mais être entouré par un vide même digital, aussi complet et insondable, lui faisait réaliser à quel point ils étaient minuscules. Infimes...
Que peut-être rien du tout de ce qu'ils enduraient n'avait la moindre importance.
Le Cyborg détestait d'autant plus cette sensation de vertige qu'elle lui était normalement inconnue, a part ici... Qui pouvait bien faire de tels décors de réalités virtuelles ?...
La sensation s'apaisa alors qu'il arriva près de la silhouette pour qui ça devait néanmoins plaire. L'espace ici était cloisonné par des écrans, presque de tous côtés, affichant différents flux d'informations, de données et leurs paquets, des caméras aussi, ou simplement l'interface de decks.
La silhouette quant à elle était penchée sur un fichier qui ressemblait à une liste, en ouvrant certaines parties pour lire à la volée de longs paragraphes, tuant l'attente de façon plus calme qu'il n'y a quelques cycles secondaires, ayant probablement ressenti l'arrivée du cyborg digital.
L'informaticien était tellement concentré qu'il n'eut pas la moindre réaction quand l'homme de chair et de titane posa sa main de métal sur sa tête, lui envoyant des sensations d'autant plus déphasées que la réalité virtuelle lui faisait ressentir à mi-chemin entre la cybernétique et l'organique. Sans s'attarder sur cette pensée, il se pencha au dessus de son épaule pour suivre son regard.

"Un murmure. Une tape sur l’épaule. Un sourire ou un signe de tête.
Il suffit parfois de bien peu pour rasséréner l’individu.
Et un Impérial heureux est un Impérial qui voit son travail s’épanouir."


"Y a de quoi s'occuper..."

"Oui... Tout est prêt ?"

"J'ai plus qu'à appuyer sur un bouton."


Le cyborg inspira une fausse goulée d'air de la simulation, la nervosité revenant au galop, le sang affluant comme à l'aurore d'un combat, alors qu'il s'accorda de nouveaux instants de réflexion, fixant l'écran.
Après les centaines de milliers de commandes tapées, les BDD aussi diverses que pointilleuses, les longs livres méticuleux, les règlements précis, les protocoles encore appliqués à la lettre, les stratégies ambitieuses, les victoires écrasantes, les tractations fructueuses dans l'ombre, les discours dans la lumière, la corruption vaincue bien temporairement, les bâtiments construits, les pistes de réflexions Impérialistes...
Voilà un de ses chefs-d'œuvre bien triste en comparaison.

"À temps désespérés,
Mesures désespérées."


Mais il avait vu ce qu'ils avaient fait a une soixantaine de livres réparties dans tout le secteur, les OI mobilisés pour leur autodafé quasi total en 10 cycles minutaires chrono en main, sans donc même les avoir lut.
Il avait vu ce qu'ils avaient fait d'une vision, quels que soient les faits sur laquelle elle était basée, si elle osait aller à l'encontre de la leur. À l'encontre de leurs intérêts. Et ils ne comptaient pas en rester là.

"Donne un kobold à un troll,
Et tu peux le nourrir pour une journée.
Donne un troll à un kobold.
Et tu peux le nourrir pendant une année."


Si l'on pouvait donner, au début, le bénéfice du doute au NI maniant un flingue pour la première fois, la comparaison se rapprochait plutôt de confier les clés des secteurs à une meute de maldrill affamés. Et si leurs mains étaient des Lois, ils venaient d’aiguiser chacun de leurs articles sur la peau de l'Humanité.
Même si il ne pouvait plus le faire aussi prudemment qu'auparavant, la connaissance, le savoir, la pluralité, sera sauvegardée tant qu’il y aura des Impérialistes.
La promesse en L'Ere de l'Esprit n'expire pas encore...

"La connaissance amène le pouvoir.
Et avec le pouvoir, la possibilité de prendre la vérité par la gorge,
Et la façonner à l’envi."


Le cyborg reprend une longue simili-inspiration, se penchant à peine pour venir presque coller sa bouche à l'oreille avant de très lentement, souffler d'une voix rauque les mots fatidiques :

"Fait-le..."


"Tiens ton épée fermement,
Laisse le métal froid transpercer
ton âme comme ta lame leurs corps.
Porte la mort purificatrice
comme tu porterais un fragment brisé
de ton propre cœur..."


Un doigt se tend vers un bouton d'un clavier virtuel, se pressant sur le "Y", tandis que sur plusieurs écrans jusque-là figés quelques informations affichant les annonces AITL défilent, en montrant une nouvelle.
Les doigts reviennent à la charge, tous ensemble cette fois-çi, lançant des computations, tandis qu'un aimant passe une première... Puis une seconde fois, un écran se vidant totalement pour n'afficher qu'un vide plus complet encore que celui entourant la plateforme.
Ses leçons de paranoïa avaient porté ses fruits, remarqua le cyborg alors qu'il se redresse lentement, tournant les talons pour revenir vers l'ascenseur. Son point de fuite pour ruminer son soulagement et sa tristesse...
À peine rythmé par des doigts dansant sur un faux clavier, admirant les réactions provoquées depuis une fausse réalité, où l'on s'échinait parfois à combattre les faux-semblants...

"Ce que tu peux être fou..."


Le cyborg tiqua instantanément, se passant la langue sur ses lèvres sèches même ici, alors qu'il ralentit son pas, la chaleur dans son crâne se faisant plus tangible paradoxalement au froid dans ses veines.
Il l'entendait trop souvent, même si c'était sur un ton taquin, pour que ça ne finisse par l'interpeller...
Surtout qu'il ne pouvait pas nier ressentir quelque chose qui avait grandi en lui après le Coup d'Etat, bien qu'il se soit cloitré un temps. Quelque chose en lui... Qui crie, qui frappe, qui hurle, qui tambourine, qui cogne et se heurte aux murs d'une cellule hexagonale blindée par le désespoir, n'attendant que d'être libéré pour régner sur lui dans un brouillard cramoisi.
Même aimer ne faisait que reléguer pour un temps aux ténèbres la cage, loin des sens, loin du cœur.
Est-ce que je fais tout ça pour me prouver encore exister ? Ou justement car c'est encore le cas ?
Est-ce que je poursuis une chimère, m'envolant vers la folie qui me brûlera les ailes ?
Ou est-ce justement ainsi que je préserve ce qui reste de ce que je suis, de ce que j'ai fait ?...

Peut-être que je ne suis qu'un égoïste...

Il n'est rien dont je n'ai plus peur.

"La logique est le début de la sagesse.
Pas sa fin."


Spoiler (Afficher)
EDC évidemment HRP !
Etant donné la nature sensible de l'action IG, l'annonce anonyme, je n'aurais absolument aucune tolérance sur un quelconque débordement dans les commentaires de l'EDC.
PS : Il est moins long vous avez vus !

Informations sur l'article

Une soirée qui sort de l'ordinaire.
17 Février 2017
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◊ Commentaires

  • Cosmos (270☆) Le 17 Février 2017
    J'avale pas...
  • Rei (400☆) Le 17 Février 2017
    Moi non plus.
  • KorSkarn (503☆) Le 17 Février 2017
    Pas de débordements rogntudju ! Nan je rigole, tant que c'est ce genre là... smiley
  • KorSkarn (503☆) Le 22 Février 2017
    Mais a quel point ? Ou pas ? Enfin je vais pas spoil plus, l'EDC le fait suffisamment.