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EDC de Dhomochevsky~5237

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Cavaliers



"Hier soir un homme des villes
Parlait sur le seuil de l'auberge.
Il me parlait à moi aussi"


C'était parti d'un idéal - ça en devient marrant comme mot - y a quoi, 20 ans maintenant, de dépasser un peu sa condition, de trouver un moyen de rejoindre la cause tout en assumant de rester à sa place, creuser son trou et sa tombe pas trop loin de celle des autres.

"Il parlait de la justice et de la lutte pour instaurer la justice
Et des ouvriers qui souffrent,
Et du travail incessant, et de ceux qui ont faim,
Et des riches, qui tournent le dos à tout cela"


Trouver un peu d'influence parmi le tas d'paumés, pas trop dur, s'affirmer par ses moyens. Parler leur langage, quelques sourires. S'élever, y croire un peu même. Essayer de les entraîner avec toi, et là voir que plus ça prend et plus ils te regardent, plus ils t'envient. Mais ils veulent pas te suivre, ils s'en foutent au fond. Et puis voir que rien ne change.

"Et, en me regardant, il vit des larmes dans mes yeux,
Et sourit avec satisfaction, pensant que je ressentais
La haine que lui-même ressentait, et la compassion
Qu'il disait ressentir"


La cause, elle se réduit peu à peu, tes grandes idées martelées comme la viande tendre sous les coups d'agris : là, en un instant, on te l'a volée ta cause quand tu réalises que c'était juste un truc pour toi, que t'as inventé tout seul, comme un grand, une histoire que se racontent les démoulés entre eux parce qu'il faut l'assumer, d'être planté là pour la première fois au centre d'arrivée, un jour, un matin, et tu sais pas pourquoi et surtout pas pour combien de temps.
L'elfe s'arrête, regarde le texte qui s'accumule sur l'écran du deck au fur et à mesure qu'il dicte son humeur alcoolisée. Le parcourt des yeux, se mord une lèvre, sans terminer sa relecture - "Mouais.. Jtenverrai des nouvelles demain plutôt.." - et replie le retro, pour faire face au silence de la pièce.

"Mais moi, c'est tout juste si je l'entendais.
Que m'importent à moi les hommes
Et tout ce qu'ils souffrent ou supposent qu'ils souffrent ?
Qu'ils soient comme moi - ils ne souffriront pas."


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Pessoa, extrait poème XXXII dans Le gardeur de troupeaux

Informations sur l'article

Renaissance
22 Avril 2013
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