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Aestas#03



Des notes, encore, toujours. Tournoyantes, bruyantes, errantes sans but au creux de son crâne. Rats tournant autour de leur proie – non, parasites le hantant de l’intérieur, lui dévorant les tripes, mais moins que le cœur.


Ce soir-là, les notes avaient été défigurées, peut-être comme certains combattants, ou autres passants malchanceux happés de leur sommeil jusqu’à la cuve. Il ne les reconnaissait plus, il ne les connaissait pas, et en toute honnêteté, il n’avait pas même cherché, que ce soit pour l’un, ou pour l’autre. Il s’en foutait. Peut être qu’au lendemain, il verrait des noms qui lui sauteraient aux yeux sur l’AITL. Peut être qu’au lendemain, il ne verrait que les parois de sa cuve. Il s’en foutait, encore.


Des sons, des vibrations, hasardeuses, haineuses, hideuses. Du chaos, des harmonies oubliées depuis longtemps au profit de ce dernier, des accès de colère sur des touches imaginaires bien plus qu’imaginées.


Il avait été con, ce soir-là. D’un sommeil aussi omniprésent que dérangeant, il en avait déduit que le froid serait seul capable de lui remettre les idées en place. Ça lui démangeait depuis quelques jours déjà, cette idée, sans que ce ne soit plus qu’une réflexion lointaine. Car, bon… A bien regarder les anciens glaçons parmi ses connaissances, et ceux qui alternaient entre paquet de glace et chair déambulant sans but, le froid fonctionnait aussi mal que le Skiwi, pour ça.


Des airs, involontaires, délétères, vociférés comme on vocifère des menaces en l’air. Convaincants par leur tonitruance à défaut de l’être par leur vérité. Faux, et pourtant plus réels que certains mensonges.


Non, ce n’est pas un passage au congélateur qui allait le sortir de son endormissement passager, au contraire. Tout ce que ça ferait, ce serait du mal. A son entourage, à lui-même, à elle surtout. Et puis merde : alors qu’il était resté pour moins, pour bien moins, il se casserait, là, maintenant ? Presque sans raison ? Bon, il n’irait pas nier que ça ne lui ressemblait pas, de faire les choses sans raison apparente, sur un coup de tête, sur un élan de nostalgie qui n’était qu’invention malsaine de son propre cerveau. Mais ça ne lui donnait pas raison pour autant. Et il s’en voulait d’avoir eu besoin d’un électro-choc comme ce soir-là pour s’en rendre compte.


Des tonalités, toujours plus basses, mais soudainement plus lasses. Un changement de rythme, une décélération, une perte d’emprise sûrement. Moins de plaies à agrandir à grand coup de lame, moins de peau à arracher à grand renfort de griffe.


Pourtant, il ne s’estimait plus tel un démoulé. Ces conneries, ces envies de partir, ces renversements d’idées, ces sautes d’humeur… Il les avait déjà eu, déjà vécues. Il savait le bordel que ça causait, les pleurs que ça arrachait, les remords que ça créait. Mais maintenant qu’il était enfin bien, que les notes lui foutaient la paix dès qu’il était avec elle, que le piano arrêtait donc de le torturer la plupart du temps… Qu’est-ce qu’il avait besoin de ces foutues pensées, de ses réflexions qui pourraient lui faire foutre en l’air tout ce qu’il avait désormais ? Et même… Pourquoi ? Pourquoi leur accordait-il la moindre parcelle d’attention ? Que dalle. Il n’en savait rien. Et là, de suite, il n’avait pas la force de s’interroger là-dessus à nouveau. Encore moins l’envie.


Une idée, plus lointaine, moins hautaine. Un fond de chanson, parcourant le smog, abandonné comme l’on s’abandonne. Plus qu’un souvenir, maintenant. Non, un cauchemar, un mauvais rêve, un coup paré trop tard. Mais enfin, une trêve.


Il était à nouveau dans ses bras, désormais. Loin des combats à l’extérieur, et pourtant si proches à la fois. Il s’en foutrait, pour ce soir. Il verrait demain. Et à ce demain, il serait éveillé. Il rattraperait ses conneries, il oublierait ses foutues pensées, il arrêterait de pioncer. Il se remettrait à vivre, pour elle, pour lui, parce qu’il se rendait compte que ses doutes lui pourrissaient l’existence plus qu’ils le protégeaient, parce qu’il comprenait peut-être enfin que prendre des risques ne servait à quelque chose que s’il les prenait jusqu’au bout. Parce qu’il réalisait que ses craintes du tout début étaient vraies, elles, et que nulle immortalité ne valait la peine d’être entreprise seul. Et même sans être éternel… Il avait gagné bien plus qu’il n’aurait jamais à perdre. Alors vivre n’était plus une option, mais une évidence. Pour chacun d’entre eux.


Un silence. Et en son abondance, une transe.

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Hé, mais c'est que ça fait un bail que j'avais pas écrit, moi ! A vrai dire, ça faisait quelques jours que j'avais complètement perdue la motivation de jouer Chlo'. Entre une grosse fatigue IRL d'un côté, et une certaine envie de retrouver un vieux personnage de l'autre... Il échappe aux glaçons de justesse. Maiiiis voilà, si l'inspiration revient, c'est qu'ça va, non ? Wala. Au plaisir ! ~

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- Aestas -
15 Juin 2022
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