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EDC de Alexander~33707

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Réminiscence et renaissance. (Acte 1)

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Nouvel écrit, d'un genre différent, l'espérant point trop assommant. Évidemment RP vous n'êtes pas au courant hormis ceux ayant pu le côtoyer. Je vous souhaites une agréable lecture.




Toute histoire débute par une soirée, celle-ci symbolise ce que nous sommes, elle peut être notre mode de vie, un déclencheur, un point de passage, un bouleversement ou simplement une consécration. Instant hors du temps, les grains dansant dans le sablier, si lentement, si rapidement, quelques secondes peuvent marquer une vie entière, le temps n’est pas seulement relatif… il demeure avant tout inégal, chaque portion de cette fresque grandiose qu’est notre vie ne possède pas la même valeur. Tous ces instants qui terminerons dans l’oubli, tous ces moments perdus qui sombrent dans les méandres du néant en contraste de ces rares mais précieux souvenirs qui demeurent en nous, pierre angulaire de notre être, cicatrices invisibles abreuvant notre âme de souffrances autant que de bonheur.


En cette année 166 après la création de l’Imperium, je m’attelle à célébrer avec mes camarades de l’académie mon intégration comme recrue auprès de la DIR2CO. Ce ne fut point une surprise, j’avais toutes les cartes en main, nul hasard ne fut laissé dans l’équation. Mes résultats à l’académie, mes capacités physiques, mon esprit éveillé et volontaire… et mon sang… font que la victoire était acquise. Pourtant mon esprit doutait, aucun futur n’est certain, aucune manœuvre n’est infaillible, aucune supériorité n’est synonyme de victoire. Tout stratège, tout homme de guerre doute même s’il lui est interdit de le montrer. Moi, moins qu’un autre je n’ai le droit de faillir, le droit de montrer mes doutes, mes peurs, mes incertitudes. Moi, moins qu’un autre je ne peux échouer car je suis un Hoblet, un bâtard crée par des premiers nés pour compenser la disparition de mon illustre frère ou pour simplement s’amuser, tromper l’ennui et le temps… ils sont insondables et je n’aurai probablement jamais la réponse à cette question, moi, simple création scientifique élaborée à partir des meilleurs gènes, véritable monstre de Frankenstein au milieu de ces regards intrigués qui espèrent me voir jouer mon rôle, marionnette de chair dans leurs jeux politiques où les enjeux s’inscrivent autant dans la survie de l’Imperium que dans leurs ambitions personnelles.


Je les admire tout autant que je les hais, ces premiers nés qui me scrutent, ces animaux politiques jouant avec nos clones, simple ressource à leur yeux, mains d’œuvres manipulables et sacrifiables, nous ne sommes rien, n’avons de liberté que des illusions qu’ils nous insufflent, n’avons d’autre choix que de les servir, eux qui ont déjà saigné l’Imperium. Je m’abreuve de leur savoir, sage créature apprenant de ses créateurs, m’imprégnant de leurs discours, de leurs écrits… Beaucoup choisissent de rester dans l’ignorance, vivant dans l’espoir vain d’exister pleinement, d’être unique et exceptionnel. Quelques uns, décident de refuser cela, de se rebeller, le secteur 9 accueille une foule de déviants qui finissent par sombrer dans la violence, le crime et l’extrémisme, n’hésitant point à prendre tout les risques pour tenter de renverser l’ordre établi. Rares sont ceux sachant la vérité qui décident de servir ces mensonges, ces premiers nés… et j’en fais parti. Tel est ma liberté, tel est mon choix, je m’enchaine à ce destin qu’ils m’ont choisi, acceptant de sacrifier mon être à cette cause qui me dépasse totalement, comprenant qu’eux seuls peuvent désormais nous sauver… tout autant que nous détruire.


Ivre, je déambule dans les rues de la cité, m’abrutissant pour oublier ce que je suis, ce qu’ils sont, ce que je fais, ce que je sais… mes camarades titubent dangereusement, nous rions lourdement et bruyamment de blagues salaces, nous enorgueillant d’être la future élite de l’Imperium, nous imaginant déjà tous recteurs au service de Cirius, feignant de ne pas nous souvenir que certains échoueront, que certains finiront balayé par la poussière du smog pour disparaitre dans l’abysse. Nous sommes jeunes et naïfs à défaut d’innocents, nous arpentons des rues de plus en plus sombres, un éclairage rouge clignote rendant la scène lugubre, un clochard tend une main hésitante dans laquelle nous crachons puis nous rions niaisement. Ces clochards sont des déchets de l’Humanité, des erreurs à éradiquer, des incapables inutiles, l’avenir n’a pas de place pour eux, ils sont déjà morts.




Une bouteille de Mort’Gane s’échangent de mains en mains, chacun s’abreuvant du nectar rose fluo sans se poser de questions. Nous arrivons devant une entrée gardée par deux videurs armés, nous sortons quelques crédits et payons pour entrer dans cette boite underground, summum de la débauche pour la jeunesse bourgeoise voulant s’encanailler le temps d’une soirée, s’imaginant prendre des risques, espérant l’action tout en la craignant mais ici tout est aseptisé, tout est sous contrôle. Des serveuses en petites tenues nous apportent une bouteille sans même avoir besoin de commander, certaines dansent dans des cages de verre, des jeunes s’excitent autour hurlant tel des animaux en rut. La piste de danse est vide, les groupes préférant la tranquillité des alvéoles pour s’abreuver d’alcool onéreux, réclamant sans arrêt le passage de ces serveuses aguicheuses.


La musique électronique nous assourdit, les néons bleus rendent l’ambiance surréaliste, nous voilà hors du temps, loin de Kepler, loin de l’Imperium, nous imaginant invisible, immortel. Nos sens sont à rude épreuve, les fumées ne sont pas toutes inodores, la drogue est toléré dans ce lieu de perdition, nos yeux voyagent de serveuses en serveuses en évitant les flashs qui électrisent la salle de façon sporadique, nous transpirons autant de la chaleur que de l’alcool fort ingurgité, le réveil sera douloureux mais qu’importe, en ce moment nous sommes libres... nous sommes vivants.


Héros de la soirée, je m’imagine tel Don Juan et entame une cour presque pathétique auprès d’une des serveuses, me vantant de faits invérifiables, dépensant sans compter pour l’impressionner, la noyant sous les compliments pour certains mensongers, la faim justifiant les moyens. Mes camarades rient, parient sur l’issu de cette tentative presque suicidaire, certains tentent de m’aider maladroitement, d’autres se moquent sans retenus, les bouteilles s’enchainent, la serveuse disparait et je m’enivre d’autant plus. Nous allons un moment danser, paupières closes je laisse la musique agressive me bercer, voguant à mille lieux de là, m’évadant de ma prison de chair, m’affranchissant de la sinistre réalité le temps d’une danse frénétique et effrénée. Les cycles s’égrainent sans que nous nous en rendions compte, ce lieu se vide annonçant la fin de la soirée et le retour compliqué chez nous pour reposer nos corps souffrant de nos excès. Dans la rue nous fumons une dernière cigarette, sentant mes jambes fléchir je m’appuie sur le mur, essayant de respirer lentement et profondément pour reprendre un semblant d’esprit, je suis assez lucide pour me rendre compte que je ne le suis pas. Une main douce se pose dans mon dos, un sourire doux et attendrissant se dessinent sous mes yeux, la serveuse se dresse devant moi, me proposant de me raccompagner chez moi, le séducteur est séduit et sans se poser de question accepte. L’abandon de mes camarades n’est pas sans quelques paroles imbéciles de leur part mais qu'importe un soldat n'abandonne point sa conquête ainsi et le sot ses convictions.


Amusé je les salue tel un prince, une courbette maladroite proche de la chute, heureusement maintenu par ma demoiselle. Je remarque d’ailleurs enfin que ses cheveux sont bleus et je tente un sourire agrémenté d’un compliment simple dessus, elle semble amusée. Le retour dans mon appartement miteux fait partie de ces lambeaux de vie qui ne restent point dans nos souvenirs, l’alcool aidant à l’amnésie. Le réveil est douloureux malgré les lèvres qui m’embrassent tendrement. Elle semble si agile et moi si pataud, mon crâne me rappelle combien j’ai pu abuser hier soir. Elle s’habille lentement, son corps est magnifique, je ne peux détacher mon regard de cette créature avec qui j’ai partagé une intimité nocturne dont je me souviens à peine. Dans un grand sourire elle m’embrasse une dernière fois avant de s’éclipser tel une illusion n'ayant qu'effleurer mon existence.


« - Adieu sauveur ! »


La porte claque, je l’imagine descendre élégamment l’escalier pour rejoindre la rue et disparaitre dans le smog.


« - Sauveur ? »


J’ai dû raconter énormément de conneries hier soir, sans aucun doute possible. Je me recouche, les abus de la veille achevant tout courage en moi, l'appel de Morphée ne pouvant être combattu plus longtemps. Sommeil sans rêve, sommeil sans repos, le monde s'éveille à moi de nouveau, l'esprit moins embrumé, me remémorant lentement la soirée, souvenir de cette inconnue invité chez moi. Instant de doute, instant de détresse, je vérifie que mes autorisations d’accès sont toujours chez moi, que rien n’a été volé. Au bout d’une dizaine de minute le constat tombe, elle a vidé mon portefeuille de tous mes crédits. Plusieurs jours de salaire qui s’envolent, je soupire rageusement, comprenant que je me suis fait plumer comme un débutant. Impossible d’aller porter plainte, un futur recteur se faisant voler par une prostituée lors d'une soirée arrosée, cela ferait mauvaise publicité sans aucun doute. Puis c’est aussi une question de fierté personnelle, autant ne rien dire à personne... l'oubli comme défense.




Nul repos pour les guerriers, l'entrainement militaire reprend, la DIR2CO veut les meilleurs et une jeune recrue se doit d'exceller. Nous apprenons à plier notre corps à notre volonté, à ignorer les hurlements de notre esprit, à vaincre la fatigue, nous surpassant, dépassant nos limites sans arrêt, devenant de véritable machine, mécanisant les mouvements, limitant les réflexions au profit des réflexes.
L’obéissance aveugle aussi est exigée, les ordres parfois stupides fusent, nous apprenons rapidement à ne plus contester, évitant les marches de huit nocturne et les heures à tourner autour de la place d'arme au pas.



- Vous êtes payés pour obéir pas pour réfléchir.
  • Le froid est une invention des faibles, êtes vous des faibles?
  • La souffrance est une information, coupez l'information.
  • Entrainement difficile, guerre facile.
  • Vous souffrez mais c'est pour votre bien.
  • Même si votre supérieur à tord, vous obéissez!
  • ...



Le martellement intellectuel est omniprésent, nous devons devenir des automates, à peine plus humain que ceux que nous combattons. Les entrainements se durcissent, nos corps subissent des traumatismes, nos esprits sont poussés dans leur retranchement... mais la récompense est là... l'adrénaline. Dans l'action nous sentons nos sens devenir plus performant, la peur s'oublie, les balles qui fusent finissent par être une musique que nous recherchons, le danger omniprésent s'impose en nous comme une drogue que nous réclamons afin de nous sentir exister. Nous nous adaptons à tout, nous devenons des monstres pour survivre, nous berçant dans le cynisme et l'alcool pour tenir.


Les heptades s'enchainent sans que nous les voyions passer, vivant chaque jour pleinement sans penser au lendemain. Nos pieds finissent pas plus pouvoir quitter nos chaussures de combats, plaies purulentes qui coagulent en soudant l'ensemble. Dans l'adversité notre petit groupe devient unis et soudés, pensant comme un seul homme, nos mouvements se complétant sans qu'un échange ne soit nécessaire. L'adrénaline devient notre unique moteur, courant des heures durant, enchainant les tirs, les mises en situations, investissant des locaux d'entrainement lourdement protégés. Le sang et la poussière sont le tapis sur laquelle nous avançons, l'odeur de la poudre envahit notre esprit, le bruit assourdissant de chaque explosion de cartouche nous enivre, nous plongeant dans un état second jubilatoire. La souffrance n'est devenue qu'une étape obligatoire sur notre voie, celle du sacrifice de nos personnes pour acquérir les capacités à combattre nos ennemis, Ses ennemis. Avec abnégation nous nous déshumanisons pour protéger l'Humanité, tel est notre devoir, notre volonté...


... car nous sommes l'élite impériale, nous sommes Ses meilleurs soldats, les fidèles parmi les fidèles, nous portons Sa lumière dans les ténèbres, nous apportons la Justice au milieu de la corruption, nous rétablissons l'Ordre au cœur des secteurs criminels, nous sommes le bouclier et la lance, nous sommes Ses serviteurs dévoués, nous sommes les recteurs de la DIR2CO...


... pour Cirius, Semper Fidelis.


◊ Commentaires

  • NeufCentÖnze (1827☆) Le 13 Juin 2015
    Je ne vois point mon nom ici smiley Certains mots du champs lexical de la DI2 provoque chez moi des orgasmes littéraires xD
  • Alexander~33707 (254☆) Le 13 Juin 2015
    Tu vas apparaitre, comme d'autres anciens de la DI2...
  • NeufCentÖnze (1827☆) Le 13 Juin 2015
    smiley
  • Hazel (363☆) Le 14 Juin 2015
    J'adore, comme d'habitude *
  • Gayeva~55561 (43☆) Le 14 Juin 2015
    Superbe ! Merci pour cette belle lecture.
  • Alexander~33707 (254☆) Le 14 Juin 2015
    "Nos pieds finissent pas plus pouvoir quitter nos chaussures de combats, plaies purulentes qui coagulent en soudant l'ensemble." => cela c'est du vécu de l'école militaire ^^

    @tous Merci.
  • EveR~4918 (1732☆) Le 17 Juin 2015
    "Nos pieds finissent par ... "
    Me semblait bien.... smiley