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EDC de 65442

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Cacher

Aujourd'hui, je suis sortie en rue

(Personnellement, je préfère avec "cacher", mais à chaque personne ses préférences.)



Ca ne sonne pas comme une aventure palpitante. Ca ne l'est probablement pas, d'ailleurs. N'empêche, c'était bien difficile pour mes nerfs papillonants. C'est parfois compliqué d'être obligée d'admettre qu'on est toujours vivante.





Ce n'est qu'une fois sortie de mon artère, en entrant dans la foule, l'esprit roulé en boule que j'ai pu constater la folie collective sur laquelle reposent nos psychés. Les néons publicitaires se reflétaient dans les regards rassemblés, et ça faisait comme une masse collante de corps près à s'user.


Ca accolait côte-à-côte des mots grandioses et vulgaires, sexe et Humanité, Raviolis et skiwi, combats – colloc – crédits, il y avait partout des émotions, ça submergeait, ça submerge toujours, on se sent à la fois vivante et absente... J'entends parler d'un passé que personne n'a connu, d'un avenir qui est soit lointain au point d'en être inexistant ou immédiat, pas un mot sur le présent à part pour le déplorer, alors ça fait une boucle, passé rapproché – avenir du lendemain, et puis,


je n'y trouverais pas ma place, je crois, je n'y arrive pas, je ne suis certainement pas seule dans ce cas. Ils y croient, la plupart, ou ils font bien semblant, je ne me sens pas supérieure, juste décalée, comme une spectatrice poussée des deux bras sur la scène. Comme une actrice qui aurait oublié son texte ou ne l'aurait pas reçu. On en voit parfois, des figurants dans les séries, si on s'attarde sur eux plutôt que sur les protagonistes, ils sont plantés là, où ils battent des bras, ils font des mouvements à côté de la plaque. Ils ont l'air un peu idiots.


Je voulais vraiment, mais alors vraiment récupérer mes effets pouilleux de prêtresse pieuse, alors je suis sortie en cette fin de jour en demi-teinte (puis pour récupérer les intérêts de ma femme)(il faut penser à l'argent de ceux qu'on aime), parce que je ne pouvais plus faire semblant d'être capable de jouer des rôles.

Je n'aime pas me battre, je me fous de la richesse, je n'ai pas de don pour la science, je ne suis pas douée pour réellement aimer, et ça me travaille de ne pas en complexer.



Chacun se fond à sa foule, le général et ses fioritures, le soldat dans le skiwi et dans le sang, alors, c'est difficile de distinguer l'être et son contour, du coup pourquoi se soucier d'une tache brun souris, gris de boue quand d'autres crient debout, sourient un brin... Peu d'intérêt, aucun, sans doute, à part pour l'amusement, un sourire d'un instant face à ces fous même pas furieux qui vénèrent un rongeur miteux.


S'il est un seul domaine dans lequel je puis prétendre être un peu plus lucide que la moyenne, c'est celui de l'individualité. La mise en exergue de figures de légendes, d'une méritocratie dont tout le monde sait qu'elle est depuis toujours biaisée, d'une liberté qui s'arrête à portée de fierté n'y change rien ; dans le grand ordre des choses, nous ne sommes jamais que des grains de poussière qui souvent s'agglomèrent.


Alors, l'un dans l'autre, cela importe peu qu'un grain soit plus brillant, un autre, plus bruyant, et tous ceux-ci, brisés, dans l'ombre des premiers. A tout le moins, je sais n'être qu'un point insignifiant, tout simplement conscient que le qualitatif ne rime à rien sans liens, et que ma seule personne n'instigue aucun changement. A part, peut-être, dans les rêves, les ambiances, les écrits, tout ce qui, en somme comme en division ne se compte pas.

Si j'avais le pouvoir, que nous étions dix, cent, si nous étions une horde toute prête au changement...



Si je le pouvais, et que ça ait un sens, je rongerais vos câbles de mes dents nues, quitte à m'électrocuter mille fois, plongeant la Ville dans la nuit sous la pluie pleurant des nues ; je nous condamnerais à errer à jamais au hasard de nos rues. Chaque palais deviendrait une ruine, chaque crédit une rêverie.


Je déchirerais l'écran qui filtre nos egos, prétention d'être grands.
Je nous condamnerais à nous regarder, sans haine et sans pitié.
Nous inspirerions chaudement l'air de nos havres viciés.



Je nous condamnerais à vivre le présent.

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NM
25 Septembre 2019
643√  20 8

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