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Reine de coeur.

Une requête qui n'aboutit pas.
"Contacter Elenya."
►

La compréhension, soudaine. Tout se révèle. Une supplique rapide, répétitive. Les mains sur les tempes. Nausée. Vertige. Le shunt a laissé des traces.
"Non non non non non... Pas ça... Non... Ladder... Dis-moi que c'est... Faux... Je t'en... Supplie..."

Mais Ladder ne ment jamais. Il affiche les données, ou plutôt, cette absence de donnée.

Mort enregistrée le 1/269.5.


C'est bien là. Et cette voix qui reprend. Aucun mensonge. Aucun répit non plus.
« L'ID 54343 a disparue, Legion. »

Une main qui balaye un bureau, non loin, projetant tout à terre. Une supplique de plus, un cri, une colère qui ravage tout. Elle relève le nez vers l'écran, hurle plus qu'elle ne parle encore.
"ELLE N'EST PAS QU'UNE ID !!"

Si elle pouvait encore pleurer, sans nul doute qu'elle le ferait. À la place, la rage intérieure qu'elle cache depuis tant d'années explose, la douleur fait battre les tempes, le coeur. Elle l'avait presque oublié, celui-ci, et pourtant.
« Elle était comme tous. Une ID disparue, retournée auprès de Mère. »

C'en est trop, qu'elle se taise ! À nouveau, la partie humaine de la vautour se déchaîne, attrapant ce qu'il lui passe sous la main, pour détruire un peu plus encore l'environnement. Bien peu de choses y survit, tout vole en éclats.
"CESSE... DE... DIRE... ÇA !!!"

Chaque coup gagne en intensité à chaque mot prononcé. Legion n'a jamais été du genre violente ou peut-être que finalement, elle ne s'était jamais réellement exprimé. Elle n'avait toujours été tourné que vers elle-même, son visage pouvant en témoigner. Elle retombe à genoux, abîme les plumes.
"Cesse... Je t'en supplie..."

Sa voix transpire les larmes qui ne tombent plus. Affligée, elle ne bouge pas, n'ose rien dire davantage, fixant le sol.
« Accepte-le. Tu aurais pu la rendre fière. Tu le pourrais encore. Penses-y, Legion. Elle t'en parlait souvent. Tu avais beau plaisanter pour esquiver le sujet, ça lui tenait à coeur. L'occasion est là. »

Un message apparaît à l'écran. Trois correspondants dedans. Une proposition. Elle relève les yeux vers. Ils demeurent froid, vitreux, impose toujours cette même distance avec le monde. Ils sont vides, au contraire du message.
"...Je..."

La voix est cassée. Tout comme le bureau. Tout comme une vie s'est brisée. Une de plus, dans ce quotidien devenu enfer. Et elle continue de fixer ce contenu qu'elle avait dû vérifier comme étant vraie. Là aussi, nul mensonge.
"... Ladder... Ouvre le message sur mon deck..."

Le programme s’exécute, silencieusement, transmettant sur l'interface du deck le canal correspondant à la demande. Mais finalement, les doigts bifurquent vers un autre dossier. Il porte le nom de celle qu'elle pleurera longtemps. Rapidement, elle ouvre un message. Rapidement, la voix se fait entendre.

Chère Legion.


L'expression est douloureuse. La voix est douce, chaleureuse. Elle l'écoute, le crâne s'affaissant contre un bras.

... C'est vous que je remercie d'être une jeune Impérialiste dévouée à son secteur, à l'Empire...


Les yeux se ferment, elle se laisse bercer, quand bien même il ne puisse y avoir épreuve plus masochiste en cet instant. Les mots affluent, rassurants. Ils sont à son image. À celle qu'elle laisse derrière elle.

Affectueusement.


Un sanglot sans bruits de plus. Elle en écoute des tas. Elle en a des tas. Elle a tout gardé. Elle n'a jamais voulu rendre autant quelqu'un fière d'elle. La dernière image qu'elle aura laissé fut celle d'une enfant s'en allant, lâchement.
« Fais-le. »

Le dossier se ferme, le message revient sur le devant de la scène. Elle se donne trois jours, pour y donner suite. Trois jours. Mais d'abord, Legion souffrira en silence de nouveau. Elle affiche un holo, à côté de celui représentant Ladder. Deux opposés qui auront à jamais leur place ici.
"À jamais..."

Un murmure... Un souffle qui peine encore à exister, face aux morts.
« Je serais toujours là. Je l'ai toujours été. Tout ira bien, Legion. »

Legion s'arrête de respirer. Elle n'aime plus la vérité, aujourd'hui. Elle ne voudrait que des mensonges. Ladder pourtant revient à la charge.
Message de l'ID#60122. Ouverture ?

Demain.
Aujourd'hui, Maman se repose.


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57537.
01 Août 2016
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