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EDC de 57537

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As de trèfle.




La fumée rejoint le smog, s'ancre pour ne faire plus qu'un avec le teint grisâtre du tout. Le regard se perd sur le peu d'horizon que lui offre la vue depuis le toit. Face à ce morne spectacle, elle comprend finalement peu l'attrait qu'ont les gens, pour l'extérieur. De ce qu'il y a à voir, il a l'air tout aussi terne que le reste de cette ville. À peine plus vivant, à peine plus dangereux. Elle reprend une goulée d'air viciée, s'emplit les poumons avec. Après tout, il n'y a rien de mieux pour se sentir un tantinet vivant, que de se savoir mourant.

"L'ID#61005 n'existe plus"


La fatalité est bien là. Une ID en plus à gommer de sa mémoire. L'oeil organique rejoint bien le gauche, pour une fois. Il n'y a pas d'expression particulière. Pas d'émotions de trop. Elle en revient à ce passage à vide, où plus rien ne s'échappe. Il n'y a rien à pleurer, après tout. C'était qu'un sale gosse, un de ces criminels avec un avis de recherche en permanence sur le dos. Un de ceux qu'on cherche pour le foutre en cage. Lui et ses idées à la con, ses plans foireux et ses envies parfois bizarre... Un de ceux avec qui on arrive à se sentir vivant, un peu. Le temps d'un rire, d'un dos à soigner, d'une fumée à souffler.
C'est le gosse qu'on contacte, un soir où on est trop fatigué, parce qu'on a confondu son nom. Celui qu'on engueule pour sa peine de prison et qui répond avec une effronterie certaine. À ce moment-là, on est plus vivant, alors, on ne le voit pas. On est une donnée qui s'est perdu et qui n'a, au fond, plus vraiment envie de revenir. Comme tant d'autres. Mais finalement, on a pas été créé pour se reposer, alors, on se fait arracher des doux bras de mère Thallys pour en rejoindre d'autres, tout aussi froid, tout aussi aimant... Jusqu'à ce que le sang coule de nouveau.
Un coup d'agri' de face, ça pardonne déjà pas... Alors, quand il passe à l'horizontale dans votre poitrail, ça pardonne plus. On cuve, on se perd, on renaît. Le sale gosse vous écrit et cette fois, vous répondez. Après tout, on le connaît pas, il peut bien subir la mauvaise humeur... Mais elle s'envole finalement parce que le type en face, il se débine pas. Et bordel, vous avez beau avoir le liquide de cuve encore qui dégouline de votre face, vous devez avouer qu'il vous arrache un sourire. Une qualité qui se fait rare et qui se rappelle à vous, soudainement.

« Putain d'vautour. »


Ce trop plein de vie, il vous reste en mémoire, il vous attire. Une sorte de magnétisme dans lequel on aime bien se perdre, avec lequel on peut jouer au plus con, parfois. Avec qui on sait qu'on peut tout rater. Il a l'audace de ceux qui savent perdre. Pourtant, on la sensation d'y avoir gagné bien plus. Ouais, c'est ça, en fait. On y gagne un communicateur qui chaque jour, se voit ponctué d'un message accompagné d'une face qui devient familière. Le silence perforé par l'éclat de rire que le sale gosse vous arrache, du cliquetis de serres pour répondre, pour tenter de provoquer les mêmes émotions. Une banale histoire d'une relation improbable, comme partout, en somme. Car oui, il n'y a rien à dire de plus sur les deux êtres échangeant. Lui, le foutu criminel, elle, la foutue flic.
Et de toute manière, elle s'est terminée sans un mot. C'est seule, qu'elle la fume, cette fameuse rezo qu'ils s'étaient promis. C'est accompagnée de sa cigarette qu'elle se retrouve sur ce toit, à une heure indécente, pour regarder l'horizon. C'est avec ses souvenirs qu'elle vit l'instant. Là où lui a soufflé pour la guérir, elle, elle fume pour l'enterrer. La borgne laisse l'oeil organique courir le long de la plume du pauvre gosse qui, à défaut d'avoir su voler un jour, avait accompli le vol de trop. Celui qui avait brûlé ses plumes, en plus de la CdL. Le trait noir de celles-ci... Il l'avait finalement appliqué sur sa propre vie. Rayée, elle-aussi. Le casse de trop, comme on dit.

« Dors bien, Ars'... »


La plume frétille légèrement sous le soupir enfumé de l'autre vautour. Elle s'agite encore un peu, comme dans un dernier sursaut de vie, pour deux, pour trois.

Finalement, il a su voler.

Informations sur l'article

57537.
29 Avril 2016
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◊ Commentaires

  • Shaia~37051 (576☆) Le 29 Avril 2016
    C'est beau putain

  • Djino~31724 (155☆) Le 29 Avril 2016
    Excellent hommage pour ce personnage qui a fait revivre un temps le vieux Djino.
    Ljd d'Arsene, si tu passes par là, t'as intérêt à reroll.
  • Valion~36896 (369☆) Le 29 Avril 2016
    Ah mais non...il avait prévu des supers trucs en plus. Legion, ta plume magnifique lui rend merveilleusement honneur. J'espère pouvoir scéner avec LJD Arsene un de ces quatres, fut-ce à travers des rerolls.