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EDC de 48996

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XII. Lettre à ma maladie II

Chère maladie;
Je t'écris à nouveau, je sais ça fait déjà longtemps. Je pense que je t'ai oubliée aussi vite que tu m'as oubliée, et c'est avec nostalgie que je repense aux moments que l'on aura partagés. Tu ne serais pas très fière de moi, tu sais? J'ai ce qu'on appelle une vie stable. Adieu les paradoxes, les contradictions, les fausses lois de l'esprit. Adieu la criminalité, les férocités mentales, l'acharnement physique et sentimental. J'ai trouvé ma place, je respire parce que mon nez a dépassé la surface, c'est tout. C'est encore plus fatigant, je brasse dans le vide pour rester près de cette lumière aveuglante tel un insecte attiré par l'ampoule d'un vieux réverbère.
Il n'y a plus de toi, il n'y a plus de nous. Tu me manques vraiment, je l'avoue.
J'ai même demandé à l'autre cafard bougon de me foutre une droite, de me planter un couteau. Il a refusé. Il n'a jamais été de ton côté.
Mais putain ce que j'ai envie d'avoir mal et de pleurer! De sentir sur moi les effluves d'alcool de ton souffle glacé. J'ai envie d'être faible de n'avoir rien, de n'avoir personne. Comme l'autre l'a si bien dit, j'aimerais tellement tout cramer. C'est fou ce que l'angoisse nous fait.
Et puis, lui aussi il est parti, l'homme au mince sourire, le Legatus. Ce vieux connard qui m'a tendu la main quand j'en avais le plus besoin. J'ai vu quelques parcelles du chauve en lui, le chauve qui lui aussi… est parti.
Je me sens seule sans toi, je te cherche comme j'ai cherché la mort mais toi je ne te trouve pas. Où es-tu? Pourquoi es-tu partie comme ça? Je ne suis même pas sure de savoir quand tu es partie réellement, je ne m'en souviens pas, c’est désespérant.
Voilà, il n’y a pas grand-chose à dire finalement, plus grand-chose à faire. Je ne fais pas confiance, je reste dans mon grand bureau entouré de l’image des anciens. Je me cache, j’attends d’avoir assez d’air dans les poumons pour replonger et te chercher mais c’est dur... c’est dur. Finalement, peut-être que c’est moi qui t’ai abandonnée.


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