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EDC de 48996

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XI. Mais d'où vient la pluie?

Je me retrouve à airer à travers les rues minables et encombrées du secteur, les klaxonements inutiles des voitures en furie blasent les passants frauduleux qui filent en hâte pour rejoindre leurs rendez-vous. Peu de gens sortent avec comme but d'aller nulle-part, il faut le savoir. Il reste peut-être nos poètes aux proses insensées qui traînent lascivement leurs semelles sur les bitumes, et se déplacent avec nonchalance en cherchant l'inspiration dans la poussière haineuse de la ville mais sans but concret.
Moi, je traîne aussi le pas aujourd'hui, comme hier et surement comme demain. Je trimbale ma carcasse poreuse, guettant les cafards miteux qui eux se ruent vers des endroits plus tranquilles, loin des passants. Mes semelles raclent la poussière et les débris enfouit si bien dedans. Un sourire jaune arbore mes lèvres gercées, je ne sais pas pourquoi je souris, ça m'amuse peut-être de voir toute cette agitation et je me dis : "Je suis là. Maintenant. Ici. Les gens bougent autour de moi et je suis comme eux, un être individuel qui sait bouger... qui existe."
Ma clope pend au bout de mes lèvres avec toute la nonchalance du monde, sa fumée me remonte à la gueule et ça me brûle les yeux. Eux rougissent doucement et s’embuent de larmes qui, en surplus, se mettent à sillonner le long de mes joues pâles. Je marche, j'avance lentement, presque aux ralentis. Mon esprit s'ouvre, tout est plus clair maintenant, plus léger. Une goutte s'échoue sur mon front. Ça y est... déjà. Il pleut. Je laisse son acidité me brûler la peau et relève le regard sur les rues : les gens se mettent à se bousculer, râler et puis à courir, pressés d'échapper à cette pluie. Et personne ne prend le temps de ce dire que ça y est...déjà : Il pleut.
Les gouttes traversent le smog intense.. mais d'où viennent-elles?
Mon front est déjà saturé et j'écarte quelques mèches courtes qui se collent à ma peau, rabattant le tout vers l'arrière de mon crâne. Les gouttes perverse et curieuse ruissellent le long de mon trench et s'imbibent dans le tissu laineux de l'écharpe qui me protège le cou. J'enfouis mon nez dans la laine humide, et je m'arrête, fixant maintenant la pluie qui s’abat sur les bitumes, déplaçant la poussière qui sans doute finira par flotter à la surface des flaques quand l'averse ce sera calmée.
Sereine, je reprend mon chemin, éclairée par les réverbères aveuglants, l'eau coulant sur ma cigarette qui diffuse. Je n'ai plus envie de me poser de questions, je me sens bien, là, dans cet instant de lucidité rare où le temps me semble ralentir sous chacun de mes pas. Je ne vais nulle-part, j'avance sans rien faire. Je dis souvent que si l'on ne fait rien, nous sommes rien et à cet instant-là, je ne suis rien. Je flotte, légère, sur mes pensées et plus rien n'a d'importance, rien ne peux me heurter ou même me déranger. Mes pas raisonnent maintenant en des fracas à travers les rues vide, l'orage gronde et l'averse chante contre le sol. Et moi... j'existe.

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