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EDC de 47284

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Un dernier souffle

De Profundis Clamaui

_________« Tu vas ... ?
Te rejoindre.______________
___________C'est une blague ?
Je ne pense pas. »_________

...Il suffit d'un instant pour enfiler le vieux trench aux breloques argentées qui traîne non loin, rejeté sur la table du salon. L'inerte se meut pour devenir la tenue de prédilection contre le froid. Il ne fait qu'un avec l'homme pour se fondre dans le brouillard ainsi que pour s'éviter d'attraper la - vulgairement nommée - crève. Une botte, deux bottes et voilà déjà le béret rejeté sur le crâne ; nonchalamment, si possible, pour se donner un pseudo air décontracté qui n'est qu'une foutue fadaise. Tout n'est qu'un jeu d'apparences, comme dirait si bien cet être pour lequel mon cœur balançait encore jusqu'à peu entre outrilien et androïde.
...
...Harnacher la bandoulière de son sac sur l'épaule gauche, vérifier que tout y est pour rassurer une conscience tatillonne. Tout semble en ordre, seule la motivation et la force manquent. Ce qui reste, à fortiori, un excellent ratio.
...
...Les portes s'ouvrent et se ferment à tour de rôle jusqu'à ce que la frêle carrure ne se trouve sous l'épais manteau du Smog. Remonter les rues, passer sous des enseignes criblées de balles au point qu'on est à se questionner de comment font leurs néons pour ne pas sauter à chaque étincelle qui crépite et virevolte à quelque mètres au-dessus du sol. Dans l'alignement d'un carrefour, à la limite de l'horizon créé par les hauts murs de béton, on peut voir une lueur traverser les lourds nuages de pollution, elle les fend de part en part pour disparaître au-delà de la Cité. Dans un lieu que nous ne connaîtrons jamais, là où l'Humanité perd son sens, où seuls l'instinct de survie et la capacité à vider des chargeurs en pleine tête d'une cible comptent.
...
...Pas un son ne s'échappe, la Ville ne tremble pas face à la fureur de la nature, ou de ce qu'il en reste. Lever le nez au ciel tout en s'arrêtant en plein milieu d'une large avenue faiblement illuminée. Attendre, une minute, deux minutes, trois minutes. La pluie ne suivra pas. C'est seul qu'il faut se rendre vers la fin, pas de compagnon, pas de présence. Seulement un livre, des mots, des idées, la transfiguration d'un frère à travers le temps.
...
« J’implore ta pitié, Toi, l’unique que j’aime »
...
...Cette année a été placée sous le signe des départs des proches. Il y en a eu trop pour pouvoir encore résister. Résister à quoi ? Au gouffre abyssal de l'ennui, de la décrépitude, de l'abandon des idéaux. Entre ces imbéciles heureux qui mènent leurs guerres intestines pour savoir qui est le plus rebelle des rebelles et les glandeurs congénitaux qui ont passé leur vie à donner des leçons, les quelques rares convaincus par la Cause ne sont plus à même de réussir à faire oublier cette atmosphère lourde qui pèse à chaque instant, dans tous les lieux.
...
...Et puis ce soir est arrivé. Celui où tout a basculé. Celui où la vérité s'est imposée. L'Amour est parti, l'Amour est mort, l'Amour doit oublier. L'un ne peut vivre sans l'autre et pourtant, pourtant, avec le temps et l'éloignement, il y a quelque chose qui a changé. Quelque chose de fondamental.
...
« Oui ... Je crois en Cyrius. En Ses préceptes, en Son oeuvre. »
...
...Ils l'ont transformée, ils l'ont modelée, ils l'ont façonnée de toutes pièces. Ils lui ont arraché ce qu'elle avait de plus précieux, ce que je lui avais appris, ce vers quoi je l'avais engagée. La liberté. Il n'aurait pu y avoir d'autre fin, en y repensant. Comment vivre dans un monde où est brimé tout ce que l'on nous a enseigné ? Tout ce sur quoi nous nous sommes appuyés pour nous construire, étape par étape, pour finalement se voir cracher dessus à la moindre occasion. Une pensée trop douce, trop démocratique. Peut-être faudrait-il s'excuser d'avoir simplement suivi ce que nos connaissances nous inculquaient et qui, à l'époque, n'était pas mal vu.
...
...À quoi bon se lamenter ? Ce qui est fait est fait. C'était avant que tout cela ne se produise qu'il fallait réagir. C'est trop tard, maintenant.
...
« Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos »
...
...Un hall froid, vide, où les bruits de pas résonnent. Les yeux papillonnent d'un bout à l'autre de la pièce, peinant à s'arrêter sur la destination fatidique. Une lourde porte métallique à côté de laquelle est ancré dans le mur un interphone. Une odeur de renfermé bouche les narines, donne la nausée. Ne pas perdre pieds, c'est le plus important. Il est interdit de flancher au dernier moment, on ne peut revenir en arrière. La Rébellion n'existe plus et l'Empire ne sera jamais un vrai lieu d'accueil.
...
______________« Tu fais une simple pause, le
______________temps de te ressourcer. Pas vrai ? »
...
...Une haute silhouette se découpe le long d'un des murs, un visage qui n'existait plus que dans les rêves les plus fous. Celui de l'espoir, celui du renouveau. Mais le cœur est las, bien trop las pour à nouveau s'emballer. La route reprend donc vers le SAS métallique, lente, peu sûre, s'accompagnant de mots hachés par la peine.
...
« Peut-être un peu plus qu'une pause. »______________
...
...Finalement, il y a obligation de faire halte. Les yeux scrutent chaque détail du passage fermé, les doigts viennent se déposer sur une bouton dépassant au niveau de l'interphone. Déglutir, sa racler la gorge, parler.
...
« Sujet 47284 demande accès à son caisson cryogénique. »
...
...La structure coulisse dans un chuintement à peine perceptible, il faut s'enfoncer dans les méandres du Centre de Cryogénisation, dorénavant. Les souvenirs défilent une dernière fois. L'arrivée en ville, la rencontre d'une serveuse au Cercle d'Argent, celle d'un outrilien, les heures passées ensemble, une grotte au plus profond du Secteur Marran, une semi-orc, la peur, le froid, la délivrance, la musique, le Galileus et sa tenancière, le premier amour, le neveu, l'obscurité, celle qui me guide dans le noir, le retour dans la lumière avec sa disparition, les soirées trop arrosées, les amis, la solitude, une Blanche, des heures de complicité, son départ, les mines, la souffrance, les nouveaux amis, la Fille, la Femme, les rêves, la séparation déchirante, la Centrale Énergétique, l'abandon, les derniers projets. Les portes se referment et emportent avec elle celui qui en son fort intérieur ne savait pas vers où il allait, ni pour combien de temps.
...
...Et une voix inhumaine s'élève depuis les profondeurs de la terre, faisant trembler jusqu'au fondement d'une âme esseulée qui serre contre son cœur un ouvrage sur la couverture duquel est calligraphié le titre : Pensées.
« Demande acceptée. »
...
...

Quod erat spurcum, cremasti ;
Quod rudius, exaequasti ;
Quod debile, confirmasti.
.

.
In fame mea taberna,
In nocte mea lucerna,
Recte me semper guberna.
...
...
Spoiler (Afficher)
° « De profundis clamui » : Baudelaire, Les Fleurs du mal : Des profondeurs je crie.
° « J’implore ta pitié, Toi, l’unique que j’aime » : Baudelaire, « De profundis clamui »..
° « Et cette immense nuit semblable au vieux Chaos » : Baudelaire, « De profundis clamui », Les Fleurs du mal.
° « Quod erat spurcum, cremasti ;
Quod rudius, exaequasti ;
Quod debile, confirmasti.
...
In fame mea taberna,
In nocte mea lucerna,
Recte me semper guberna.
»
...
« Ce qui était vil, tu brûlas ;
Le plus rude (rugueux/inégal), tu l'aplanis ;
Le débile (faible), tu l'affermis.
...
Dans l'avidité mon auberge,
Dans le sommeil ma luciole,
Guide-moi toujours comme il faut.
» : Baudelaire, « Franciscae mea laudes », Les Fleurs du mal.
...
1ère image utilisée venant de cet article. Encore merci à ljd Zayla !
___________
Voilà ! Inutilisable IG, comme toujours, ou tout du moins avec parcimonie. Ravi d'avoir pu passer une année à vos côtés, joueurs de DreadCast. J'ai besoin de faire une pause. Courte, longue ou éternelle, ça reste à voir ! L'IRL m'a pas mal rattrapé depuis quelques temps et j'avoue ne plus avoir le même plaisir à incarner mon Owen (mais ça ne veut pas dire qu'il y aura un reroll). J'ai pleeeeiiiiiiin de remerciements à faire, donc ça viendra en temps et en heure, sur le topic prévu à cet effet.
...
Bon jeu à tous et peut-être à bientôt ! smiley
...
Jd Owen.

Informations sur l'article

Renaissance
30 Novembre 2014
1404√  26 19

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◊ Commentaires

  • Xman~48816 (0☆) Le 30 Novembre 2014
    OWEN... Pose son étoile et s'en va aussitôt *
  • Helina (306☆) Le 30 Novembre 2014
    Mais, mais, mais.
    Mais mais mais.
    Maaais.
    Mais; tiens tiens, du Baudelaire partout, on l'aime celui-là %)
    Reviens nous vite! Je t'ai amené ici je te ramènerai ici aussi !
  • Archimède~46401 (131☆) Le 30 Novembre 2014
    Bienvenue.
  • Alexander~33707 (254☆) Le 30 Novembre 2014
    Très beau texte. *
  • Linda~53257 (50☆) Le 30 Novembre 2014
    On a commencer quelques chose de fort sympa et je suis sûre que tu t'es amusé aussi ! Revient..
  • Linda~53257 (50☆) Le 30 Novembre 2014
    "les quelques rares convaincus par la Cause ne sont plus à même de réussir à faire oublier cette atmosphère lourde" *.* Magnifique.
  • Descole~50725 (8☆) Le 30 Novembre 2014
    Oué Baudelaire! *
  • Lucrèce~48822 (0☆) Le 30 Novembre 2014
    Ce fut un plaisir d'avoir croisé ta route, bien que trop rapidement à chaque fois. J'espère qu'un jour la cuve se rouvrira, mais en attendant : Bonne continuation (:

    Le texte est nickel, j'ai bien aimé.
  • Aillas~45317 (374☆) Le 30 Novembre 2014
    J'ai toujours apprécié ton personnage, ainsi que le lien que nos pantins avaient.
    Tes actions récentes laissaient entrevoir un refroidissement de plus en plus généralisé, pas étonné de te voir te cryogéniser. Mais on viendra jouer aux boules de neige avec toi, promis ! smiley
  • Isha~52058 (9☆) Le 30 Novembre 2014
    Owen.... Pleure comme une madeleine ! ♥ J'adore RP avec toi. C'est pas un secret... Merci pour tout ça, j'attends ton retour ! Et en attendant, toupoutoupous gentidoux !
  • EveR~4918 (1732☆) Le 01 Décembre 2014
    ... J'ai aimé le personnage. Merci, je fais le vœux de le retrouver.