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EDC de 47284

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Cacher

Pour le bien de tous, surtout le sien.


Une bosse, une forme, un corps sous un amas de couvertures.
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Une respiration calme, régulière, que l’on ne voudrait déranger pour rien au monde, on observe, on patiente, on espère la voir se réveiller, qu’elle se redresse, enfile des vêtements d’extérieur, qu’on l’accompagne pour lui apprendre la vie. Ses bonheurs, ses malheurs.
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Mais c’est impossible et on le sait. Mais on, c’est indéfini ça, on. On peut englober un, deux, trois, six, cent individus. Tous ces individus sont peut-être persuadés de la même chose mais un point ne peut être commun, le ressenti de chacun. L’Un, peut-être plus grand, aux cheveux de jais, habituellement si distant, s’inquiète, change, en bien comme en mal, mais n’est plus qui il devrait être. Un Autre, lui plus petit, d’habitude si compatissant, serviable, n’a pas plus d’intérêt dans cette histoire, il a déjà connu ça, il sait que s’attacher est inutile.
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La vie suit malgré tout son cours, route sinueuse qui nous emmène on ne sait où, parcheminée de creux, d’excroissances, pouvant virer brusquement de direction, plonger sous terre, devenir un pont suspendu dans les airs. Bonheurs, malheurs. Ce sont deux éléments inévitables, l’un prenant le dessus sur l’autre pour qu’ensuite l’équilibre s’inverse, il existe de rares instants d’accalmie, mais ils sont plus terribles que les extrêmes. Dans ces moments, plus rien n’a de sens, le combat de la tristesse, l’allégresse dans la joie, rien.
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Un jour, le sujet revient sur le tapis.
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« Tu apprendras, petite merde, que je me bats les couilles de ce que l'on dit de moi.
Mais on n'insulte pas n'importe qui en ma présence.
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Quelques mots auront suffi. Qu’est-ce qu’une insulte ? Une vérité mal placée ? Je n’en sais rien, je ne voulais pas le savoir, je ne le veux toujours pas. Cracher sur les gens, c’est se fatiguer pour rien.
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J’aimerais réagir mais je ne peux pas. L’univers s’est défilé à mes yeux, un rendez-vous qu’il aura sans doute oublié, eux l’auront attendu pendant presque un an, il leur est revenu. Il ne faut jamais perdre espoir car sans lui, plus de raison d’être.
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Le temps file, les existences se chevauchent, se mêlent dans d’improbables circonvolutions. Les rencontres sont nombreuses, mais moins que les départs. Pourquoi se lamenter ? Ces gens sont tous formidables, s’ils ont décidé que notre fin était venue, ainsi soit-il. Je ne regrette rien.
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Un soir, tout est prêt. J’aurais même l’aide de quelqu’un, je ne devrais pas l’entraîner dans ce genre de combines foireuses, de ce qu’on me dit, il est déjà fourré dans les soucis de sa mère, mais j’ai besoin de son soutien, il fait partie de ces rares personnes à m’accorder un semblant de crédit, n’importe qui d’autre aurait hurlé en m’entendant déblatérer avec une insolente sérénité un plan aux allures de séance de torture en bonne et due forme. Mais on s’en fiche, l’Un à besoin de l’Autre.
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Des liens plus forts que tout les réunissent, même si Un a quelques soucis à s’en rendre compte. Encore une bêtise qu’il invente pour se défiler à ma … A la présence de l’Autre.
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Des écrits sombres, tristes, voilà ce qui a permis à toute cette mécanique de précision de se mettre en marche. Son journal, il l’avait perdu, quelqu’un, peut-être moi, l’a retrouvé, l’a lu avec des yeux ne distinguant pas les formes à deux pas devant son nez, des larmes puis une sourde colère furent la réponse à cela, il fallait se battre par amour.
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L’esprit qui s’en était allé divaguer revient ne faire plus qu’un avec le corps, une lame tombe, les inspirations et expirations cessent, du sang tache les tissus, ce sera irrécupérable, on ne peut plus revenir en arrière. Arme au poing, on guette l’arrivée de celui qu’il faut guérir de son mal. La porte s’ouvre, une haute silhouette se profile, un coup de feu retentit. La confusion du combat, une violente douleur à l’épaule, un mur parcouru d’une longue cassure, résultat de son étroitesse et de sa non-convenance à ce genre d’exercice un peu musclé.
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Les duellistes font un pause, récupèrent, se dévisagent, l’aide si précieuse sur laquelle l’un misait tant n’est pas aussi effective que ce qu’il aurait cru, mais ce n’est pas important, pour lui, s’il doit mourir ce soir, ce ne sera que pour revenir à la charge après. Il doit Le sauver.
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Des paroles se perdent, des questions inutiles. Un coup en traître fuse, les pommeaux de deux katanas viennent frapper là où cela est possible, suivis d’un coup de pied porté au ventre. L’Un tombe, l’Autre reste campé sur ses deux jambes à respirer difficilement.
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L’opération peut débuter. L’assistant transporte le corps avec le vainqueur – vainqueur de quoi ? Un duel fourbe. Ce n’est rien d’autre que le champion des crétins – vers la « salle habilitée à cet effet ». Un vieux salon. Une table basse sert de support à la carcasse.
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Une aiguille s’enfonce à la frontière de ses cheveux, suffisamment bien dissimulée dans la masse pour que seul un examen approfondi puisse détecter le trou futur qui resterait à cet endroit dans les prochaines heures. Le métabolisme du patient se régénère diablement vite. Un choc, très bref, voulu pour détruire des neurones, le plus possible, rendre les souvenirs inaccessibles, rien n’est calculé, des lésions graves peuvent apparaître, il peut mourir, mais le sort en a décidé autrement. Son pouls reste stable, sa respiration paraîtrait presque détendue, c’est un instant très troublant ; les deux tortionnaires se regardent, quelques phrases encore, ils s’activent, désinfectent, montent une scène presque plausible qui se verrait tout de même fort peu convaincante. L’Autre espérait que la confusion ferait en sorte que seul le blessé serait le centre de l’attention, l’erreur est humaine.
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Lorsque son complice s’en est allé, il se lève, part en courant, simule des larmes, fait trembler son timbre, cache sa blessure d’une main, demande du secours là où il sait trouver la personne dont il a besoin, il ne doute pas d'elle, il n'a jamais douté. Tout ne sera que de nombreux essais de dissimuler la vérité, certains s’avérant concluants, d’autres non.
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Le martyr retrouve ses esprits, on laisse monstre et innocent seuls à seuls. Le premier a réussi, il cache mal sa joie, l’autre est déboussolé.
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Au fond de mon cœur, je crois l’avoir changé à tout jamais, ne plus pouvoir retrouver celui pour qui je me démenais et pourtant, pourtant, une seule chose arrive à me faire oublier cela.
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« Je me souviens de... Mon premier appartement. Mes voisines étaient folles, je les entendais se disputer, parfois. »
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Je souris avec lui. Il est là, avec moi, différent mais étrangement proche de celui que j’ai connu.

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Spoiler (Afficher)
Merci beaucoup d'avoir lu cet EDC, j'ai pris beaucoup de plaisir à le rédiger, ainsi qu'à vivre les événements relatés. Merci également à toutes les personnes ayant contribué de près ou de loin à ce petit moment de vie de mon Owen, une expérience à renouveler. Et un gros gros merci à Archimède avec qui je ne cesse jamais de trouver des trucs débiles à faire, ceci n'en est que la preuve ! smiley
Edit : Au fait, j'y pense, tout ceci est inutilisable, enfin, à utiliser avec modération pour les concernés. Bref, je ne vous embête plus avec ce genre d'évidences !

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Naissance
24 Avril 2014
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