EDC de 39865

C'était précisément ça. Un entrainement long et belliqueux. Un entrainement où la violence prime, où on ne compte plus les coups donnés, les soins prodigués.

De la sueur et du sang. De la douleur et de la stratégie.

Trouver le bon partenaire, celui qui pourra vous apporter de l'expérience, du savoir-faire. Elle en avait connu tellement de ces longues heures de solitude où le temps s'écoule avec une lenteur exaspérante, poignets abimés, cheveux défaits.

Elle bande sa main en sang et recommence, toujours, encore. Casser son arme et en changer. Faire mal, toujours plus mal. Soigner, encore et encore. Recommencer, sans relâche... Un cycle, deux trois. Parfois plus.

Elle essuie son front et plisse les yeux, fatiguée. Ne pas lâcher, continuer. Malgré le corps qui crie grâce, les muscles endoloris, la tête qui ne suit plus. Devenir une bête de souffrance, une bête qui inflige la souffrance. Taper, soigner, se reposer, recommencer. Encore et encore.

Et supporter la solitude. Cette foutue solitude lorsqu'on est seul face à son adversaire, en quelque sorte face à soi-même. Cette foutue solitude qui l'oppresse, qui l'enserre lorsqu'il n'y a rien à dire, lorsqu'il n'y a rien d'autre à faire que laisser parler son corps, laisser sortir sa violence. Ne pas penser, frapper. Oublier les minutes, trop longues. Oublier, ne pas penser...

Elle se redresse, écrase son poing sur la poitrine de son adversaire, son partenaire. Grimace sous la douleur, continue quand même.

De la sueur et du sang. De la douleur et de la stratégie.

Compter les coups, oublier le compte, recommencer. Soigner, taper, soigner, taper, se reposer, recommencer.

Elle se repose, compte ses blessures, déplie son poing douloureux. Ne pas réfléchir, éviter de sombrer. Il faut continuer, pour l'expérience, pour s'améliorer, progresser. Ne pas penser, non surtout pas. Un message ou deux pour oublier qu'elle est seule, face à lui, seule dans cette pièce, qu'elle étouffe.

Puis reprendre. Frapper, soigner, frapper, frapper, frapper. Se reposer, recommencer. Un cycle infini, sans début ni fin.

Le martial c'est en fait savoir dompter son impatience...